Penelope Antena libère l’Antelope, retour à la vie sauvage
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Auteur·ice : Clémence Maillochon
14/07/2019

Penelope Antena libère l’Antelope, retour à la vie sauvage

Quelque part sous le regard protecteur des sous-bois, Penelope Antena synthétise les vibrations environnantes en une prouesse folktronica, Antelope. Dix excursions sonores dont nous apprécions à chaque écoute les subtilités, toutes initiées par la Bruxelloise elle-même. Une véritable bouffée d’air pur supportée par le jeune label parisien Kowtow Records, qui avoue avoir pris sens grâce à l’ouvrage. Une si belle louange, nous ne pouvions rester insensibles. Une perche tendue conviant les auditeurs curieux que nous sommes à capturer LA découverte de ce début d’été.

Si certains exposent tout d’abord l’ADN de Penelope Antena, nous relevons sa fibre singulière plus que ses filiations intergénérationnelles avec l’auteure-compositrice-interprète Isabelle Antena ainsi qu’avec le bien connu Marc Moulin. Non pas qu’elles soient sans impact sur son inclination pour le quatrième art, au contraire. Cependant, c’est en empruntant les sentiers solitaires des forêts du sud de la France que la jeune femme s’est peu à peu apprivoisée. Son lo-fi d’antan drapant les quelques titres du précédent Down The Habit Hole, s’accordant aux rythmes hip-hop de son side project Honey Drips, porte désormais la fragrance de l’épicéa cousu de perles de rosée.

Tel Chuck Noland, l’incident en moins, Penelope Antena se retire délibérément des cacophonies urbaines. Pour seules compagnies les mécaniques de son grand-père et son être en affront, elle engage une quête existentielle : se trouver. Désir complexe qui se lit entre la délicieuse nostalgie de June’87 et les obsessionnelles redites de 33-1 Oak. Désir salutaire, retraite fructueuse dont la misanthrope souffle les mérites dans le très dépouillé Eau Claire ; une berceuse tintant aussi délicatement que la brise après le typhon.


© Alice Coulet

Au petit matin, Above All Things éclot à mesure que les rayons solaires dorent les fourrés, guidés par le cliquetis des cordes métalliques, accrus dès lors que le rythme se confirme. Électrique, magnétique, Ride in the Name of Love dépeint davantage les nuits obscures et brûlantes, affectées par le souvenir des duos passés. Une douce fièvre se mêlant également à la sève de Nothing Back Home. Minimalisme à la James Blake, échos fantômes à la Radiohead.

Ratures sur les pages blanches brouillons en guise de rétrospective, nous avions écrit ces mots : « Antelope oscille entre l’atmosphère apaisante, souvent intrigante, des futaies, la fraîcheur revigorante des cours d’eau et le silence du trou béant de l’univers dans lequel perdre raison est chose facile. Un road trip spirituel et mystique donc. Loin du discours pop. Vers, prose et mélodies se nourrissent de la déstructure. L’équilibre préfère se dresser au gré des expérimentations, de la même manière que Bon Iver, Dieu tout puissant de notre animal. En effet, difficile de masquer sa fascination pour le maître alors même que le timbre sous auto-tune de Justin Vernon semble pénétrer les lignes vocales de 211 Home. Finalement, peut-on réellement souhaiter renier cette influence ? N’est-ce pas précieux de pouvoir se targuer d’être apte à enduire ses œuvres d’un sel quasi semblable ? »

Une réaction à chaud, résumé des traces laissées par la très talentueuse Penelope Antena et son premier effort Antelope. Les bras entourant les cèdres de The Cedars, l’oreille contre l’écorce, nous l’écoutons en boucle et ne quitterons ce lieu que pour rejoindre la scène que l’artiste investira prochainement.

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