Le goût des choses simples. Bien plus que le slogan Herta qui a bercé nos enfances, voilà un adage qui s’applique à merveille à la nouvelle concoction savoureuse et épiphanique de Pomme, qui revient rythmer nos quarantaines déprimantes. Si elle avait déjà adouci la fin du monde à l’aide de son autoharp – et ce à deux reprises -, elle a tout simplement décidé de l’avorter avec ce recueil de cinq poèmes mélodieux et d’une simplicité déroutante. Voilà venu le moment de ressortir nos franges douteuses de 2011 et le journal intime fétiche à l’imprimé Diddl, l’ère emo est officiellement relancée. Merci Pomme.
Réalisé entièrement à l’iPhone, quarantine phone sessions livre l’authenticité de l’instant présent sans détour ni artifices. L’occasion pour nous de découvrir les incantations anglicisées de cette nouvelle voix d’or tremblante et percutante, qui siège sur nos playlists de jours de pluie et de soleil. L’artiste “couteau-suisse”, comme on aime l’appeler. Pour ce nouveau projet minimaliste, c’est sur la corde sensible que Claire Pommet vient gratter ses états d’âmes confinés et sentimentaux. En faisant valser les accords et les riffs crève-cœurs, elle remet ici sa maestria cordée au service d’une musique berçante et chaude. Une œuvre à quatre mains sur laquelle s’invite Safia Nolin au mastering et à l’artwork, l’alliée éternelle de Claire Pommet à qui était dédiée la vibrante ballade On brûlera, quelques années plus tôt. En attendant de la retrouver en live prochainement pour faire pleurer nos cœurs, Pomme nous offre la motivation parfaite qu’il nous fallait pour rester à la maison après avoir fini toutes nos séries préférées.
Les quarantine phone sessions sont des mini chansons en anglais, que j’ai enregistrées à l’iPhone. Quand le confinement a commencé, une vague de lives et de propositions créatives a déferlé sur les réseaux sociaux et je me suis sentie un peu pressurisée. comme si cette quarantaine était forcément une période créative, pour les artistes et la culture. Moi, je n’arrivais pas du tout à créer, alors j’ai essayé d’écrire en anglais, pour changer, sur des thèmes simples : mon chien, la situation, des choses très directes, sans chercher la poésie, sans chercher le concept. et puis au fil des jours, j’avais 5 chansons. Les voici donc. Elles seront en ligne le temps du confinement seulement, parce qu’elles sont ancrées dans le présent et dans ce qu’on vit tous en ce moment. À la fin du confinement, elles disparaîtront pour laisser place à la suite : des jours plus doux.
that’s ok ouvre ainsi le bal et livre une multitude de messages de solidarité, de relativisation et de recul par rapport à l’état actuel des choses. “You’re never alone and things will get better” susurre-t-elle, annonçant la couleur de cet élan musical réconfortant. La crise sanitaire et les bizarreries qui l’accompagnent se retrouvent aussi sur le voluptueux weird. Une façon pour elle de rassurer nos cœurs, et très certainement le sien par la même occasion. Sur dangerous, voilà la face plus sombre et torturée de l’artiste qui revient nous faire chavirer dans la lignée des excellents anxiété ou encore vide, présents sur sa douce collection les failles cachées. Loin des fantasmes de maternité de son sublime morceau grandiose, le troisième titre de l’EP a le mérite d’être clair : no kids. Elle ne veut plus d’enfants et vous le répète une bonne trentaine de fois par une superposition éthérée de voix qui ne vous laisseront pas insensibles. Finalement, c’est le titre puppy qui nous achève une ultime fois. Une ode à son labrador Pizzaghetti au potentiel de cuteness susceptible d’éradiquer n’importe quelle forme de pandémie ou d’attaque extraterrestre. Si si, on vous l’assure.
Les cinq pépites ne seront disponibles que pendant cette période de confinement, histoire de cristalliser ces précieuses compositions marquées par les temps qui nous traversent. Ou bien serait-ce nous qui les traversons ?
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.
