Pourquoi le Micro Festival est le meilleur festival belge de musique alternative
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
10/08/2022

Pourquoi le Micro Festival est le meilleur festival belge de musique alternative

| Photo : Caroline Bertolini pour La Vague Parallèle

Ce week-end fut encore une fois mémorable grâce à un festival que nous affectionnons particulièrement : Le Micro Festival. Nous avons donc quitté les contrées bruxelloises pour retrouver la Cité Ardente, toujours plus belle et toujours plus difficile à naviguer. C’est après avoir foulé le bitume coriace du quartier Saint-Léonard que nous avons pu enfin admirer un des meilleurs festivals alternatifs qu’il nous a été donné de voir et d’entendre. Voici une argumentation élogieuse méritée :

1. Il est micro

Jusqu’ici, on ne vous apprend rien. La marque de fabrique du festival est de contrer les gros festivals aux programmations mainstream, dont on ne citera pas les noms. Excusez-nous du langage mais : bordel ça fait du bien. Chaque venue au Micro Festival est une bouffée d’air frais dans le brouhaha constant des énormes festivals machines à thunes. Attention, on les aime aussi, mais s’il y a bien un truc que le virus de l’enfer nous a bien appris, c’est à apprécier les événements plus petits et locaux.

Au Micro, on vous le rappelle, il y a deux scènes auxquelles s’est ajouté un troisième enfant de l’électro, un “booth” réservé au mix. Programmation faite en quinconce, il est donc possible de ne pas devoir sacrifier la moitié des groupes sur nos listes. La distance entre l’Oasis 3000 et la Circus Stage est de l’ordre d’un maximum de 2 minutes à pied, n’en déplaise aux sites de festivals toujours en quête de la condition physique des festivalier·ères. Pas d’énorme mouvement de foule, pas d’énergumène prête à pousser ou marcher sur nos petits pieds pointure 38 (à part au concert de Taqbir, où nos petons sont décédés sous les pogos).

La bière ? Locale. La nourriture ? Locale. Les gens ? Locaux, + quelques parvenu·es issu·es de la capitale, dont nous faisons assurément partie. Bref, on ne veut jamais que ce festival grandisse. Le Micro Festival est micro, et c’est très bien comme ça.

| Photos : Caroline Bertolini pour La Vague Parallèle

2. Il est alternatif

CQFD. La programmation nous avait déjà bien arrosé·es l’an passé avec des noms comme : Yin Yin, L’Eclair, The Brums, Bolis Pupul, Lander & Adriaan sous le signe du psyché, electro et nu-jazz. Cette année, le rock psyché se résumait à Gros Coeur, qui n’a pas manqué de faire son effet a casa. Cette année également, une nouvelle place à été accordée à la new wave/cold wave en s’offrant des noms tels que De Ambassade, Global Charming, etc. De Ambassade qui nous a autant plu à l’écoute que sur scène, un peu façon Molchat Doma, mais avec moins de décibels. On a aussi été conquis·es par Scalping, qui nous avaient déjà foutu une sacrée claque au Fifty Lab 2019, acid beats et rock bien houleux à l’appel. Mais aussi Dame Area qui a inventé son propre style : la tribal wave, un des meilleurs concerts de ce festival.

On retrouvait bien sûr du punk, du post-punk, mais moins vénère : Tramhaus, Baby’s Berserk, Gut Model, Italia 90, Taqbir et Pink Siifu pour le coté punk/hip-hop, notamment. Mention spéciale pour ledit concert de Taqbir qui nous a broyé les pieds, ambiance bleue profonde et atmosphère floue pour plonger Liège dans une transe sans nom. Le groupe de punk hardcore marocain, dont on ne voit jamais les visages, provoque un séisme musical de 35 minutes (10 minutes de moins que ce qu’iels étaient censé·es jouer). A commencer par une longue intro menée par la chanteuse qui parcourt la scène telle un félin prêt à bondir sur sa proie, sous une musique de fond bien vénère. Pas le temps de niaiser, les musiciens viennent s’y ajouter un à un. On avouera n’être resté·e que 10 minutes à notre place de choix de 3ème rang, faute de trop de mouvement pour notre mètre soixante.

Taqbir | Photo : Quentin Perot pour le Micro Festival

Quant au nu-jazz, il était toujours bien présent, mais discret et très local, pour montrer ce qui se fait de mieux au sein de nos frontières. Des noms qu’on connaît bien comme Neptunian Maximalism, Kau Trio, Commander Spoon, Under The  Reefs Orchestra, etc. Petit tour par du krautrock, de l’électro atmosphérique (énorme big up à Sophie du Palais qui a tout retourné sur son passage), et même de la dream pop/shoegaze avec un groupe tout droit sorti de notre cru, Eosine, qui a ouvert le samedi tel le vent de fraîcheur qu’il nous fallait sur la scène belge. Côté DJ set, on a pu apprécier quelques perles qu’on connaissait déjà bien, DTM Funk, Bon Public, Coline Cornélis et bien d’autres.

3. Il est belge

Encore un festival qui montre ce que notre beau pays a à offrir en tout point. On y retrouve notre humour bien à nous, teinté de sarcasme et de surréalisme. Le zéro prise de tête comme ligne directrice, ou comment faire de la simplicité la meilleure des armes. Côté déco, la main se fait légère, on retrouve néanmoins la structure iconique de la scène Oasis3000 ainsi qu’une mini discothèque (très mini même) cachée, non loin de cette dernière. Nous garderons le secret quant à sa position sur le site, motus et bouche cousue.

| Photo : Caroline Bertolini pour La Vague Parallèle

Mais surtout, SURTOUT, nous pouvons déguster de la bière bien liégeoise servie en moins de temps qu’il n’en faut pour le demander. Si nous étions médisant·es, nous proposerions bien à d’autres festivals internationaux d’en prendre de la graine (poke Primavera Sounds). On militera prochainement pour une formation belge dans les festivals à l’étranger, parce qu’on rigole pas avec l’efficacité organisationnelle ici.

| Photo : Caroline Bertolini pour La Vague Parallèle

4. Il se veut plus safe

Le festival collaborait avec le collectif A nous la nuit qui œuvre pour un secteur nightlife plus safe. En plus de la mise en place de veilles de 6h chaque jour sur le site du festival, le collectif avait installé une “safe zone” et un numéro en cas de besoin urgent. On pouvait aussi y trouver des panneaux qui renseignent “Laisse les gens tranquilles”, “Non c’est non”, “Pas touche” etc. Bien qu’il soit difficile d’en connaître l’impact exact, le bilan s’annonce positif. On salue cette création d’espace sécurisant pour les festivalier·ères, merci !

| Photo : Caroline Bertolini

C’est parti pour le sujet qui fâche : quid de la programmation d’artistes femmes et issu·es de minorités ? Ici aussi, amélioration notable. Il nous semble avoir vu bien plus de femmes sur scène qu’à l’édition 2021, fort heureusement. Femmes sur scène, oui, mais surtout dans le cadre de groupes mixtes. Il reste tout de même peu de projets entièrement féminins, mais on a bon espoir que le changement soit exponentiel et on note que dans les styles cités plus tôt, difficile de faire un 50/50 d’entrée de jeu. Pour rappel : le dernier rapport Scivias montrait la représentation des femmes au sein du line-up de 13 festivals belges. En ce qui concerne le Micro Festival, on arrivait à 30% de projets paritaires et féminins cette année. On salue l’amélioration !

Bref, le Micro, c’était bien sympa. On se revoit pour sûr l’année prochaine ! Voici de quoi vous titiller durant ces prochains 362 jours :


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