Quatre-quarts et champagne, on s’est régalé au Botanique avec Hubert Lenoir
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Auteur·ice : Philomène Raxhon
11/05/2022

Quatre-quarts et champagne, on s’est régalé au Botanique avec Hubert Lenoir

Photo | Giulia Simonetti

Trois ans après son dernier passage au Botanique, chapeau de cowboy et premier album dans ses valises, Hubert Lenoir retourne à Bruxelles avec un nouveau couvre-chef et, accessoirement, un nouvel album. Pictura de Ipse, ce dernier opus, se dévoile en live dans toute son extravagance et réaffirme la puissance de son auteur hors du commun.

Judith Kiddo 

L’artiste synth pop ouvre la soirée dans le Musée du Botanique. Cheveux gominés, elle répand son timbre à la Kate Bush dans une salle charmée et avide. Judith Kiddo joue Serpent Cheval, toujours aussi perché, et touche la corde sensible sur un morceau dédié à son petit frère, Agen. “Je pense à toi tous les jours“, chuchote-t-elle.

Hubert Lenoir surplombe le Botanique

Les musiciens d’Hubert Lenoir s’installent, le Grand Salon du Botanique vibre d’un grand frisson collectif quand s’avance, devant lui, le roi de la pop québécois. On te l’annonce cher·ère lecteur·rice, si t’étais pas au concert d’Hubert la semaine passée, c’est le moment de réévaluer ta vie.

Hubert Lenoir est un artiste à part. On l’a dit avant, on le dira encore. Il appartient à cette catégorie rare de musicien·nes qui savent transformer leurs titres dédiés aux murs de ta chambre et à tes sanglots, en tubes exaltants une fois joués sur scène. Les deux saxophonistes présents y sont aussi pour beaucoup. 

Photos | Giulia Simonetti

Le set s’ouvre avec GOLDEN DAYS et, ça y est, la foule scande un “c’est pas comme ça que je veux gagner le temps que je veux perdre” plein de conviction. Sartre peut rentrer se coucher. Jazzy et expérimental sur l’album, le titre se fait grunge et hymne quand l’artiste se hausse sur un amphi pour distiller sa sagesse. Hubert Lenoir est une bête de scène – si le terme n’est pas encore complètement has been. Il commande au public d’élargir le cercle au centre de la salle, DIMANCHE SOIR et sa rythmique planante arrivent pour tout casser.

Le dos plein de lacérations du public en délire sur la tournée française qui vient de s’achever, la côte fêlée, Hubert saute “même s’il peut pas“. Il enchaîne sur SECRET, morceau dédié à un amour pas réciproque aux secondaires. Que celleux qui s’identifient lèvent la main. Impertinent comme jamais, le chanteur zone sur la scène, mime la luxure et le secret. Il porte une tenue d’arlequin couleur pêche, offerte par Bonnie Banane, sa partenaire de chant sur le titre OCTEMBRE. Il agrémente le look d’un blazer de velours brun et d’une casquette de chasseur de caribou, no offense les canadien·nes qui connaîtront l’appellation exacte. 

Photos | Giulia Simonetti

D’ailleurs, c’est OCTEMBRE, ledit feat. avec Bonnie Banane qui suit. “Flashback à l’école on m’appelait Hubert Fifi Brindacier“. Plus fort ! Encore ! L’artiste donne ses consignes au public. Sur Ton hôtel, un des tubes de son premier album Darlène, les membres de la foule sautent, se jettent les un·es sur les autres. SUCRE + SEL débarque et sonne l’adieu à la tenue d’arlequin. En caleçon-chaussettes, Hubert Lenoir escalade le fer forgé des balcons du Musée du Bota, s’élance dans le public et crowd surf jusqu’à la scène, jusqu’à la chanson suivante. Là, c’est le moment d’une petite douche de champagne. Il asperge le premier rang sur une reprise de Party Rock qu’on a à peine reconnue, entonnée comme à une fin de karaoké un peu arrosé. 

La suite est un amalgame de sons connus mais irreconnaissables. Ne nous demandez pas de nommer les reprises, mais les solos étaient grandioses. À un moment, fallait être là aussi. “Hubert Lenoir, Le gars est un idiot“. L’enregistrement d’un présentateur québécois résonne dans la salle, plus improbable encore que sur l’album. Nous aussi, on serait bien ce genre d’idiot de génie. De celleux qui écrivent QUATRE-QUARTS, morceau suivant qui ferait hurler ta grand-mère adepte de clafoutis: “DEUX DOIGTS DANS LE QUATRE-QUART“. Sacrilège, Cyril Lignac en perd son accent. Toujours perché sur un ampli, Hubert Lenoir balance son micro comme une floche à la fête foraine. Il enchaîne sur un commentaire sur la vie, son caractère intrinsèquement éphémère. Pour celleux dont les parents leur disent “vous avez le temps“, “vous avez fucking pas le temps“. Allez Amen.

Photos | Giulia Simonetti

Pas le temps non plus d’attendre une seconde de plus pour un autre morceau du premier album. On aime Pictura De Ipse, le dernier opus, mais Darlène est un peu notre madeleine de proust. Aux premières notes de saxo, on la reconnaît. C’est Fille de Personne II. Près de 4 ans après, le titre fait toujours le même effet. Une explosion de liberté. “JE SUIS VENU TE DIRE QUE JE PEUX CHANGER” crie-t-il. Le titre et son refrain se répètent dans une boucle qu’on ne voudrait jamais voir s’arrêter. Recommencer passe sur la même longueur d’ondes jouissives. Hubert Lenoir enjambe la marée humaine, son guitariste envoie son instrument prendre l’air dans une foule surexcitée.

C’est l’instant redouté du dernier morceau. F.p.b., également dernier titre de Pictura De Ipse, clôture le set. Dans le public, Hubert Lenoir crowd surf à nouveau. Le guitariste à casquette de cuir et petites lunettes rondes massacre sa guitare au sol. Que tout le monde se rassure, le rock n’ roll n’est pas mort. La chanson qui faisait monter les larmes fait monter la sauce. L’artiste quitte la scène en plein climax. Dans le public, on entend un “meilleur concert de ma vie“. Cher·ère lecteur·rice, on espère que ta fomo [fear of missing out] est grande comme le talent d’Hubert Lenoir.

 


 

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