Au loin, un rouge intense, fragile. De plus près, un bleu intime, profond. Mercredi soir, Ancienne Belgique, Rebeka, le duo polonais, monte sur scène. Bartosz Szczesny, une chemise boutonnée au col, un regard plein de sons et de bruits. Iwona Skwarek, aérienne, la frange droite comme pour mieux dessiner son visage. Le rythme est évident, les regards se croisent, la voix douce et puissante nous emporte et nous apaise. Le son est beau, très beau, le charme de la mélancolie électronique opère. Il y a dans sa voix un peu d’Austra, un peu de Niki & The Dove, comme un son qui gronde, de la Pologne jusqu’à nous, par dessus les montagnes et les forêts. Elle s’abandonne à la musique avec nous, elle transcende le son et fait écho à Bonobo, à Surface of Atlantic. Elle cache au fond d’elle-même la sensibilité d’Au Revoir Simone, le rock poétique de Planingtorrock. Un tendre face à face, une maîtrise parfaite des instruments, les sons d’une ville moderne épousent ceux d’une nature calme et sauvage. On ressent les blessures, la tristesse, un laisser-aller strict avant de sombrer dans les secousses du désir. Le duo retentis, surprend et signe une performance parfaite avec Stars, dans un mauve mystérieux, mystique même.
On dit qu’une chanson commence toujours par un moment de solitude. Ensuite elle prend vie, face au public. Juste le temps que la nuit tombe, que les étoiles s’élèvent dans le ciel. Tout va bien monte sur scène, Jan Wouter van Gestel s’installe seul au piano pour une première mélodie tout en douceur. La voix du jeune Malinois pique au cœur, traverse les corps, comme le cri étouffé d’un oiseau fou. Les accords se font de plus en plus intenses, sans aucune tristesse, sans aucun regrets, sans aucune nostalgie. Il parcourt le très beau Kepler star (2015) et s’arrête sur une reprise en anglais de Ne me quitte pas de Brel. Une voix singulière et subtile, dans les pas d’Ozark Henry qui explose, la haut dans les astres, comme une jeune étoile qui vient de voir le jour.