| Photo : Louise Duquesne
Et oui, les Nuits Botanique, c’est déjà fini. On sait que nos supers reports hebdomadaires vous manquent, mais pas de panique ! Rien que pour vous, il nous reste encore un memorabilia de cette super édition 2024 : nos impressions de la fameuse journée All Access. Marquée par la découverte de sonorités allant de l’authentique à l’improbable, la programmation nous promettait une aventure musicale pleine de réjouissances. Ce 4 mai dernier, nous avons eu l’occasion de parcourir la Rotonde, l’Orangerie, le Chapiteau et le Musée pour assister à près de 25 concerts différents. Armé·es d’appareils photos et de carnets de notes, nos oreilles passionnées sont parties à la recherche des petites pépites de ce line-up.
Retrouvez ici nos coups de coeurs : Lucidvox, Lambrini Girls, David Numwami, Deena Abdelwahed, Bar Italia et bien d’autres !
LUCIDVOX – Rotonde
Le show de Lucidvox fut le premier d’une longue liste. Exilé hors de la Russie, le quatuor psych-rock nous a présenté un show aux influences très païennes. Des fleurs collées partout et une voix qui transcende, on avait un peu l’impression de se rendre à un sabbat de sorcières au milieu des bois et cela ne nous a pas déplu !
| Photo : Melissa Fauve
Dans la petite salle de la Rotonde, le son très ésotérique, marqué par une basse lourde et puissante, prend une ampleur impressionnante. À côté de nous, les spectateur·ices se laissent aller au rythme des cordes et semblent comme absorbé·es dans une légère transe. On a adoré cette alchimie entre les quatre musiciennes : le jeu de la bassiste qui a donné une cohérence au tout, les intrusions du clavier Korg très 80’s et le petit passage de flute traversière.
| Photo : Melissa Fauve
Le côté très organique de leur son a rendu le tout encore plus impressionnant, comme une grosse tempête qui emporterait tout sur son passage. Nous sommes ressorti·es comme rechargé·es d’une énergie puissante, revitalisé·es et prêt·es à affronter cette longue journée de découvertes musicales.
| Photo : Caroline Bertolini
| Dev & Scan : Mori Film Lab
RADIO HITO – Musée
Il est donc déjà temps de changer de salle comme un début de marathon. Mais en contraste avec la frénésie de notre journée, c’est dans un silence total que nous arrivons au Musée pour voir Radio Hito. Le public y est assis, écoutant les compositions pensives servies par l’artiste du bord de la scène, clavier sur les genoux, dans la plus grande intimité.
| Photo : Melissa Fauve
Les airs doux et enfantins nous ramènent l’esprit à des notes de xylophone. A peine avons nous le temps de nous assoir et d’apprécier trois chansons les yeux fermés, que Radio Hito se lève pour passer au piano-voix.
| Photo : Melissa Fauve
Ce moment spirituel et mystérieux nous permet d’apprécier à leur juste valeur les mots en langue italienne, écrits à la façon d’un poème, parfois plus parlés et parfois plus chantés. La voix est cristalline et nous permet, si pas de comprendre pour la majorité de la salle, de profiter de ce moment pour se ressourcer après le concert de Lucidvox, dont la spiritualité fait écho avec ce projet.
| Photo : Melissa Fauve
LAMBRINI GIRLS – Chapiteau
Trêve de douceur, il est temps de secouer la tête devant un groupe qui balaye les pseudo-attitudes punk d’un revers de la casquette anti-TERF (ndlr. trans-exclusionary radical feminism).
| Photo : Melissa Fauve
Si vous appréciez les gens qui vous sourient sans raison, vous n’êtes décidément pas au bon endroit car au concert des Lambrini Girls, être blasé·e n’a jamais été aussi cool. Plus que l’attitude, c’est une vraie masterclass de rock à laquelle nous avons affaire. Balancer son micro sans faire attention aux fils, sauter dans le public, s’indigner du manque de cris, tous les ingrédients sont là pour nous donner une expérience complète. Tout est génial de naturel et de spontanéité et c’est exactement ce qu’il nous fallait. Mais dans tout ce brouhaha de guitares très bienvenues à nos oreilles à 15h30 de l’après-midi, on peut trouver tout l’engagement et l’empathie du groupe.
| Photo : Melissa Fauve
Lors d’un concert des Lambrini Girls, le public a droit à des petits discours sensibilisants car les artistes ne parlent pas qu’à un public convaincu et proposent en même temps qu’une séance de pogos bienveillants, des leçons pour ton ami cisgenre hétéro problématique. Elles te proposent même de “call out your friends” en prime, de croire les victimes avant tout. Ça fait du bien d’avoir des artistes engagées devant soi qui font du rock pédagogique et énervé.
| Photo : Louise Duquesne
DAVID NUMWAMI – Orangerie
On se rappelle alors que David Numwami joue à l’Orangerie, plus que le bienvenu pour nous aider à nous remettre de nos émotions. Il ne lui faudra pas deux chansons pour nous apaiser, sous son chapeau blanc réfléchissant tous les rayons de lumière tels des vaisseaux d’amour pour un moment court mais intense.
| Photo : Louise Duquesne
Lorsqu’il joue de la musique devant un public, David contemple presqu’autant qu’on le contemple. On le sent fier d’être en notre présence, ce qui témoigne d’une grande générosité qui nous surprend et nous ravit en même temps. C’est en chantant “l’amour” et autres douceurs pour l’esprit qu’il nous prend doucement par la main virtuellement, du milieu du public et avec le sourire.
| Photo : Louise Duquesne
On ne se réveillera de ce rêve qu’avec des solos bien dosés et une guitare à terre, pour une fin magistrale mais beaucoup trop précoce. Nous rendant compte qu’en l’espace de 40 minutes, nous avons oublié qu’il y avait d’autres concerts en cours. Il nous sera alors possible de découvrir le merchandising de Youniss, qui nous à l’air bien cool et qui nous fait presque regretter d’avoir été aussi absorbé·es et de ne pas l’avoir vu sur scène. Mais que voulez-vous, le cœur a ses raisons ?
| Photo : Louise Duquesne
MAYSSA JALLAD – Musée
Nous pénétrons dans le Musée pour assister au spectacle de Mayssa Jallad avec des pas de souris, pour ne pas perturber ce qui est entrain de se passer.
| Photo : Melissa Fauve
Car l’artiste est occupée à nous raconter une histoire : celle de La Bataille des hôtels, qui retrace des évènements de la guerre civile libanaise. Sa musique, tantôt douce, tantôt grave, accompagne les rebondissements de son récit, dans lequel nous sommes plongé·es comme dans un conte.
| Photo : Melissa Fauve
Certaines personnes sont debout devant la scène pour admirer l’artiste performer guitare en main, d’autres préfèrent s’assoir adossé·es aux murs, parfois les yeux fermés, pour absorber l’histoire et les sons. Si ce moment nous a paru doux et hors du temps, on n’en oublie pas pour autant l’importance de ce qui nous a été transmit, un message difficile destiné à la génération de l’après-guerre.
| Photo : Melissa Fauve
HOTLINE TNT – Orangerie
Le plan initial était d’aller découvrir Big Brave à la Rotonde, mais faute de pouvoir rentrer dans la salle pleine à craquer, nous nous sommes rabattu·es sur une Orangerie bien plus accueillante. Le groupe Hotline TNT nous a offert un interlude très teenager / sk8ter boi, alors que la journée pluvieuse ne reflétait pas spécialement un soleil californien. Les quatre guitares présentes sur scènes ont performé un rock à la fois nonchalant et énergique : on retiendra un très shoegaze I Thought You’d Change qui nous aura permis de nous évader un peu le temps d’un son.
| Photo : Melissa Fauve
FLORENCE SINCLAIR – Musée
De façon complètement fortuite, nous nous retrouvons devant Florence Sinclair, qui n’était pas présent·e dans notre première liste préparatoire d’artistes à voir. Et quelle erreur ! Bien que son projet divise le public, de ce qu’on peut entendre dans les couloirs, notre scepticisme s’efface en quelques notes et nous sommes conquis·es.
| Photo : Caroline Bertolini
Quelques chansons seulement nous permettent d’apprécier l’univers mystérieux de Florence, qui nous plonge dans un dark hip-hop mystérieux au tempo lent. Iel aura d’ailleurs nos cœurs avec son morceau now & then qui arbore un sample de Love Me In Whatever Way de James Blake, parce qu’en plus d’avoir du style, Florence Sinclair a du gout.
| Photo : Caroline Bertolini
| Dev & Scan : Mori Film Lab
LOVERMAN – Chapiteau
Comment ne pas parler de Loverman ? Le tombeur belge qui s’approprie la scène avec lascivité. Une chose est sûre, Loverman est un vrai showman, parfois un petit peu trop d’ailleurs.
| Photo : Louise Duquesne
On le voit tout de même se rouler par terre, très Jim Morrison tout ça. Mais on lui pardonne ses excès théâtraux pour ses textes d’amoureux déchu. Et puis c’est toujours plus sympa de voir un artiste qui donne tout sur scène. Sur Call Me Your Loverman, la foule fond sous le groove de sa voix. Que ce soit au piano ou à la guitare, les ballades mélancoliques de Loverman nous ont réchauffé·es alors que la pluie tambourinait sur le Chapiteau.
| Photo : Louise Duquesne
Celleux qui ont déjà eu l’occasion de voir le chanteur se produire le savent, quand vient le riff de Differences Aside, c’est qu’il est temps de se joindre à la danse. L’artiste descend de la scène pour se mêler au public, à qui il fait réciter les paroles : Come along for the ride, sing a song tonight. Il va jusqu’à laisser son micro passer de main en main alors qu’il remonte sur le podium pour jouer du piano. Jusqu’à la fin du set, des voix résonnent et puis s’estompent, il est temps de dire au revoir au Loverman.
| Photo : Louise Duquesne
DEENA Abdelwahed – Orangerie
L’heure est alors à une Orangerie plongée dans une ambiance rosée très plaisante, pour des notes directement intenses et brutes.
| Photo : Melissa Fauve
Deena Abdelwahed mixe des sonorités issues de sa culture tunisienne avec des productions electro façon “claque dans ta gueule”. On est face à un bulldozer de sons donc et ce bulldozer a roulé sur la salle entière, la laissant complètement assujettie à ce qui se passe devant ses yeux et au fond de ses tympans.
| Photo : Melissa Fauve
Si nous pensions que ce concert pourrait contenter tout le monde au Botanique, nous nous rendons compte qu’il peut également diviser. Certaines personnes préfèrerons la douceur au labourage de terre et iront se calmer devant Voice Actor. Quant à nous, nous resterons paralysé·es quelques minutes de plus devant les lumières et les projections qui nous sont offertes.
| Photo : Melissa Fauve
VOICE ACTOR – Musée
Ce jour-là au Musée, la tendance est de s’assoir pour mieux écouter. Il faut dire qu’avec Voice Actor, on était plutôt tenté·es de carrément s’allonger sur le sol pour absorber les sons. Ce qui est certain, c’est que l’artiste n’a pas choisi son nom de scène par hasard. Devant nos yeux sont projetées des vidéos, des moments filmés dans la rue dont nous cherchons la signification et derrière lesquels se cache l’artiste qui nous murmure des petits bruitages.
| Photo : Louise Duquesne
Par moment, la musique calme devient plus groovy et nous pouvons observer des têtes se dandiner, avant de retourner dans une posture d’écoute attentive. Sa douce voix se fond tellement dans le reste des sonorités qu’on entend à peine quand elle nous annonce la dernière chanson. Cet interlude expérimental plutôt méditatif nous aura fait l’effet d’une séance de relaxation, de quoi se remettre en marche pour la suite !
| Photo : Louise Duquesne
BAR ITALIA – Orangerie
Alors que la soirée touche bientôt à sa fin, notre excitation ne s’amenuise pas pour autant, car celleux qu’on attendait le plus s’apprêtent à performer dans l’Orangerie, nous parlons bien sûr de Bar Italia. À notre grande surprise, le groupe énigmatique fait son entrée sur scène accompagné de Crazy Frog, un choix artistique pour le moins étrange mais qui s’accorde finalement assez bien avec leur aura absurde.
| Photo : Louise Duquesne
Le trio chantant, composé de Nina Cristante, Jezmi Taeij Fehmi et Sam Fenton, interprète calm down with me avant d’offrir une interaction plutôt froide au public. Il faut dire qu’iels sont un peu snob, mais nous aussi donc ça tombe bien. Armée de son tambourin, la chanteuse danse de manière nonchalante. Force est de constater que ce qui fait le succès de Bar Italia, ce n’est pas les performances vocales mais le groove général de la bande.
| Photo : Louise Duquesne
Bien qu’on aurait préféré un concert sous le Chapiteau qui pouvait accueillir plus de monde, on a tout de même apprécié la configuration intime de l’Orangerie qui se prête plus à ce genre de concert où tout passe par la proximité. On a chante avec elleux sur Nurse! et punkt, puis on se laisse prendre par la mélancolie de Polly Armour. Et c’est avec le super skylinny qu’iels nous disent au revoir, on n’en attendait pas moins !
| Photo : Louise Duquesne
ZULU – Musée
En cette fin de soirée, il ne nous manquait que la club life. Et bien, sachez que la club life nous attendait également, bien gentiment, au concert de Zulu. Nous n’étions d’ailleurs pas au courant que c’était Zulu qui se produisait sur la scène du Musée, nous pensions trouver Kabeaushé – encore bien au courant, comme il se doit.
| Photo : Melissa Fauve
Zulu reste mystérieux et ne montre presque jamais son visage. Beaucoup de gens se bousculent dans une salle comble pour voir bar italia, mais de notre côté, l’espace n’est pas un problème. Il y a tout pile assez de gens qui suivent les beats engendrés par l’artiste pour qu’on ait envie de succomber à notre tour. Cette musique nous donne une impression de club cinématographique dont la musique passe presque au ralenti dans nos têtes pour nous laisser apprécier ses synthés.
| Photo : Melissa Fauve
Nous avions sous estimé à quel point le All Access avait tout d’une journée complète de festival, nous avons donc la plante des pieds en feu, mais on use des dernières forces pour se balancer sur les rythmes frénétiques de la musique de Zulu. Pour utiliser des termes appropriés, c’était sensationnel comme fin de journée, de quoi rassembler les gens avec classe.
| Photo : Melissa Fauve
Bref, une première journée All Access plus que réussie avec un public éclectique comme on l’aime en recherche de pépites alternatives. Il n’aurait manqué que le soleil pour en faire une vraie journée des Nuits Botanique pour rassembler ce beau monde sur les marches devant la verrière. On manifeste donc le soleil pour l’an prochain et on a déjà hâte de découvrir la prochaine programmation du All Access et de rentrer avec des plantes de pieds sensibles et plein de musique en tête. Et donc, c’est quand qu’on recommence ?
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.