Reconnecting With People #2 : AnNie .Adaa et sa team, point chaud de la Goutte d’Or
"
Auteur·ice : Anne-Sophie Rasolo
17/03/2023

Reconnecting With People #2 : AnNie .Adaa et sa team, point chaud de la Goutte d’Or

| Photo : Cédric Aubry 

D’un vendredi pluvieux, AnNie .Adaa et ses invités ont réveillé un sentiment de chaleur, abrités sous le toit de FGO-Barbara. En conclusion d’une journée de conférence dans le cadre de la L2P Convention avait lieu le 10 Mars la deuxième édition de l’événement Reconnecting With People, organisée par le rappeur. Autour de lui, des artistes aux accents musicaux aux antipodes, de 47MEOW et son flow entre R&B et phases à la Tierra Whack aux deux frères de HIBA et leur house rappée, en passant par NUNCA et son VISAG3 énigmatique. Pourtant l’osmose s’est bien sentie au fil des heures, reliant les personnes entre elles. C’était le but d’AnNie .Adaa, semble-t-il, et d’amener sur scène une jolie surprise nommée Elisa Difallah.

La salle de FGO-Barbara, par sa taille intimiste, favorise le rapprochement. C’était donc l’endroit propice pour faire entendre le cri de ralliement d’AnNie .Adaa autour du hip hop et du rap, et révéler un peu plus quelques artistes qui ont su prendre place. À notre arrivée, 47MEOW était déjà lancée en duo avec Roulita, bob zébré sur la tête, le flow et l’énergie tranquille, pour jouer en live son dernier EP, Sous Scellé, EP qu’elle a produit elle-même. La jeune rappeuse de Saint-Ouen a aussi amené discrètement de l’inédit, avec le morceau Minimum notamment. Sa voix perchée, presque enfantine s’est déployée dans chaque recoin de FGO-Barbara, sur des morceaux comme Lamauny et le titre du même nom que son album. Trempée dans cette lumière bleue, la douceur de son ton n’a pour autant pas enlevé de sa présence scénique et vocale. S’il fallait retenir une chose de cette soirée, c’est la façon commune dont chaque artiste a été reçu par un public constitué en grande partie d’une fan base sûre, répondant par des refrains connus par cœur et une unité de mouvement.

© Cédric Aubry

Cette impression s’est confirmée avec HIBA, soleil rouge sang au milieu d’une soirée aux tons musicaux un peu plus mélancoliques pour certains. Le temps d’un changement de plateau et de l’installation de deux mini tours d’immeuble sur lesquelles viendront se percher Isma et Amor, le set up d’une Sédentarisée Musique était posé. Le duo strasbourgeois a déboulé en doudoune et gants sur scène. Ça commence par « OK, FGO c’est comment ? », et les deux frères demandent à ce que la foule se rapproche de la scène pour faire corps. Contents d’être ici, Isma et Amor écrivent en duo et l’harmonie s’en ressent. Oublié le froid qui s’étire dehors, on danse sur la guitare électrique d’Infernal et sur la house de Banlieue Rouge. Le tiéquar et le Coca Sans Bulle seront évoqués avec allégresse, autant sur scène que dans leur écriture imagée, faussement simple, voire plutôt affutée. À noter, le changement vestimentaire d’Amor pour une chemise aux manches courtes le temps de ce mini-show, comme pour dire qu’on le prend, le temps, et enfin l’agréable équilibre entre rap et chant teinté de miel tunisien. Un instant solaire donc, et un aller-retour express en vacances, merci AnNie .Adaa pour cet éclectisme.

© Cédric Aubry

Avant que n’arrive l’hôte de la soirée, NUNCA est sereinement passé par là pour déposer quelques perles de son dernier album VISAG3, que nous avons d’ailleurs récemment chroniqué. Le haut du visage dissimulé, enfoncé dans une capuche noire, le rappeur est venu calmer le cardio de la foule pour la porter sur des basses lourdes et un rap plus incisif, pour ce qui semblerait être son tout premier live pourtant. Les morceaux se sont enchaînés dans une ambiance bleu amer proche de celle dans laquelle plonge l’album, avec notamment IZOL, MILONGA, au centre de son passage des « AHOE » soutenus par le public, pour conclure avec son Soleil Bleu. Malgré ses timides entrée et sortie, le ton grave de ses textes n’a rien enlevé de la volonté de se donner en live, en témoigne le partage et la diction parfaite de l’homme, dans la veine de ce rassemblement.

© Cédric Aubry

Sonnée l’heure du dernier entracte, AnNie .Adaa est venu clore la soirée par son show, à coup de « ça va trop vite » dans un rap crié sur fond de stroboscope de lumières blanches et sons saturés joués par Jim Casanova d’abord, puis des musiques de plus en plus aériennes. De RazZia à Larmes de sang, en passant par Papillon, l’album Qu’aujourd’hui Ne Meure Jamais a pris sur scène des tournants UK, rock, house et techno, rappelant parfois étonnamment Burial et Four Tet. Le charisme de l’homme a frappé, bien à sa place, comme si le public était entièrement sien, AnNie .Adaa était ce vendredi le maillon rassembleur et descendant au centre de la fosse pendant QNMJ, il s’est fait noyau d’un pogo presque bienveillant, oui c’est le mot. La preuve que des textes dystopiques n’empêchent en rien les liens resserrés. Et la surprise ? Elisa Difallah, casquée de barrettes argentées, frêle et nerveuse en apparence et pourtant bien à l’aise dans ses phases sur son morceau Modèle, définitivement la touche lactée de cet événement. En somme, une soirée riche faite de poésies cachées et de rap défouloirs énervés, mais bien dans l’esprit hip hop originel, pour cette L2P Convention, et même des rappeuses et rappeurs dont les noms ne devraient que se déployer au fil du temps.

@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@