| Photos : Melissa Fauve
19H45, Le Botanique et ce long couloir de verre que l’on ne connaît maintenant que trop bien. C’est à l’Orangerie que se déroulera bientôt la cérémonie à laquelle nous sommes convié·es. La terrasse et le bar sont pris d’assaut par un public visiblement déjà acquis et soucieux d’être ponctuel histoire de ne pas en laisser une miette, même si ce n’est pas la première fois que le rappeur irlandais Rejjie Snow se produit ici.
Le temps de saluer quelques connaissances, dont la présence n’est que peu surprenante tant nos goûts musicaux semblent alignés et de nous installer, l’heure est déjà venue pour Master Peace de faire son apparition face au micro sur pied installé au centre de la scène pour assurer la première partie. Asics rouges, bermuda en jeans avec ceinture brillante ainsi que de multiples colliers tout aussi shiny accompagnent son visage souriant surplombé par un Durag noir. Peu dans le public peuvent alors deviner qu’après s’être présenté à nous, il puisse proposer une demi-heure de musique teintée de rock aux allures pop y2k, oscillant entre influences emo et electro. D’une énergie débordante, il alterne course d’un côté de la scène à l’autre, petites danses particulièrement mignonnes et sauts enthousiastes qui parviennent, combinés à sa proposition musicale, à convaincre une audience désormais tout sourire. Il se permet même à la fin de ce court show à descendre de scène pour performer son dernier morceau Eyes on you, entouré de ses nouvelles·eaux ami·es bruxellois·es dont nous faisons désormais partie.
Il est donc maintenant temps pour le principal intéressé de faire son apparition ! Rejjie Snow, c’est 7 projets sortis entre 2013 et 2024. Et le dernier en date est un album intitulé PEACE 2 DA WORLD sorti en octobre dernier et qu’on vous conseille d’aller écouter avec attention une fois cet article lu ! La première chose qui nous frappe, comparé à ce qu’on avait pu connaître de lui et sa configuration en concert ces dernières années, c’est qu’une belle augmentation (pour reprendre la légendaire expression d’Isha) a eu lieu. En effet, le rappeur est désormais accompagné d’un batteur ainsi que d’un claviériste/guitariste qui lui offrent donc accès à une toute nouvelle dimension acoustique. Rien à faire, les drumkits en concert, c’est mieux quand c’est organique et palpable comme c’est le cas ici. Les trois premiers morceaux sont issus des projets précédents, Rejjie préférant probablement nous garder en safe zone pendant l’échauffement avant de passer aux nouveautés. La première chanson du nouvel album qu’il nous propose est Karen et c’est une très bonne idée, car il s’agit d’un morceau à la fois simple et drôle, nous faisant doucement glisser dans son nouvel univers sans nous perdre pour autant. C’est avec Tokyo Drift qui arrive juste après que les choses sérieuses commencent réellement, car nous sentons bien qu’avec cet album et cette tournée, la volonté de l’Irish Man le plus américain est de nous faire voyager, comme nous l’avait laissé deviner le titre du projet qu’il vient défendre aujourd’hui.
Car c’est bien de cela dont il s’agit, tant le voyage et le dépaysement sont mis en avant au travers de ce dernier opus en date. Qu’il s’agisse d’influences américaines, africaines, asiatiques ou plus particulièrement de celles venues d’Amérique du Sud et surtout du Brésil, il est clair que le emcee originaire de Dublin a beaucoup voyagé durant toute la période de son processus créatif. Quoi de plus évocateur qu’un titre comme Rio de Janeiro pour nous faire comprendre la chose ? Peut-être les chorus rappelant les musiques traditionnelles brésiliennes présents à plusieurs endroits dans l’album, ou même le fait que Rejjie nous précise fièrement sur scène que « now my Portuguese is fluent ». Il prend d’ailleurs le temps, durant les sections instrumentales de ses morceaux où il n’a pas besoin de rapper, de se rapprocher du bord de scène et du public afin de converser avec l’une ou l’autre des personnes présentes au premier rang, un luxe que la foule semble apprécier puisqu’il répétera l’opération plusieurs fois durant son set. C’est smooth, le temps passe beaucoup trop vite et les musiciens qui l’accompagnent nous offre définitivement une expérience au niveau de ce que l’on peut attendre d’un rappeur du calibre de Rejjie.
Malgré la défense importante de PEACE 2 DA WORLD il n’oublie pas ses classiques à l’approche de la fin du concert ! C’est ainsi qu’après avoir feinté de terminer le set sur son dernier banger Mask on/off, nous pouvons profiter d’un rappel vivement demandé par le public afin de profiter de deux morceaux incontournables, à savoir Acid Trip et Sunny California, tous deux issus de son album le plus célèbre The Moon & you sorti en 2017 et ayant vieilli comme du bon vin. Les refrains des deux morceaux en question sont d’ailleurs repris en chœur par de nombreuses personnes autour de nous, accompagnées par une marée de « cœur en doigts » car tout le monde sent que l’on s’approche malheureusement de la clôture du set. Ultime avantage de sa nouvelle configuration en band : son guitariste nous gratifie, lors du dernier morceau, d’un solo digne d’une célèbre ballade de Metallica, faisant crescendo monter la pression afin que l’apothéose de ce concert puisse également en être son point final. Remerciant le public bruxellois de l’Orangerie auquel il semble désormais habitué, Rejjie sort de scène et nous laisse avec un goût doux/amer de satisfaction et de trop peu à la fois. De quoi nous donner envie de revenir en courant dès sa prochaine venue dans notre capitale. Rendez-vous pris, à bientôt Mr. Snow.