Rencontre avec Breton : des mecs touche à tout
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Auteur·ice : Arthur Deplechin
02/03/2014

Rencontre avec Breton : des mecs touche à tout

On est parti à la rencontre du collectif Breton, de passage à Bruxelles pour leur tournée. On a pu échanger quelques mots avec Roman Rappak, chanteur du groupe, qui a tenu à nous parler de son projet. On y a vu un gars super cool et ouvert à tout ce qui bouge et ce qui est artistique.

LVP : Salut ! Alors vous vous décrivez souvent comme un collectif et non comme un groupe, tu peux nous décrire un peu ce que tu veux dire par là ?

Roman Rappak : C’est un peu ce que tu as vu aujourd’hui en live, tu as du cinéma, du graphisme, des T-shirts, des illustrations ou encore les paroles et les chansons, c’est tout ça, cet ensemble. C’est être obsédé par les technologies et tout ce qu’on peut trouver avec ces instruments.

LVP : Vous avez enregistré le premier album dans une ancienne banque à Londres, pour le second c’était dans un ancien bâtiment communiste à Berlin, vous recherchez toujours des lieux avec une histoire ?

Roman Rappak : C’est juste parce que dés que tu essaies d’enregistrer quelque chose, tu peux attraper l’atmosphère d’une “chambre”, d’un jour, du temps, de toi-même et les bruits qui t’entourent. C’est le plus important de capter tout ce qu’il y a autour de toi et d’avoir beaucoup d’influences juste pour pouvoir lâcher tout contrôle que tu as sur juste un morceau.

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LVP : Berlin, c’est un choix ? Vous vouliez avoir un son particulier en allant là bas ?

Roman Rappak : Non, c’est vraiment juste parce que ce bâtiment était là, on a recherché des endroits comme celui-ci dans 5 pays différents et c’est celui là qui nous a le plus plu.

LVP : Le Lab à Londres où vous avez enregistré a été détruit récemment, ça vous touche ?

Roman Rappak : Oui, ça nous a vraiment marqué, on a tout perdu. C’était le début du projet, tout ce qu’on a pu créer, on l’avait fait là bas. On a eu un peu plus de moyens sur le dernier album, du coup on s’est mis à rechercher un nouvel endroit, mais bon on est toujours pauvres et indépendants ! (rires)

LVP : Comment s’est passé l’enregistrement du dernier album, “War Room Stories” ?

Roman Rappak : On a énormément enregistré car on se sentait très productifs. On a enregistré une soixantaine de titres et puis on a fait 5 concerts secrets à Berlin devant 15 personnes où on a fait le tri pour voir ce qui serai sur l’album. On a fait ça parce qu’on ne voulait pas que ça soit seulement un morceau enregistré parce que la musique électronique enregistrée électroniquement ça peut devenir stérile. Premièrement, tu ne peux pas la répéter et deuxièmement, tout ce qui la rend intéressante sont des techniques dans la production. Tu n’as pas les trucs de “vibes” ou d’atmosphère et ce qu’on a trouvé maintenant, enfin j’espère, c’est des titres qui sont capables d’être encore meilleurs en live que sur l’album. Je préfère ça, ce qui est sur l’album ne doit pas être le produit défini de la chanson, c’est seulement le plan, le guide.

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LVP : Pourquoi “War Room Stories” ?

Roman Rappak : C’est une référence à Winston Churchill, pendant la deuxième guerre mondiale, il a vécu dans un bunker. Il obtenait toutes ses informations et il gouvernait tout le pays depuis ce bunker. C’est un peu une sorte de téléphone arabe et pour nous c’est un peu comme ça, on apprend quelque chose, on a l’influence, on l’apporte chez nous, on ferme les portes, on parle ensemble et on projecte quelque chose de différent. Du coup, une première inspiration devient 5 idées, une par membre du groupe, et ça forme le produit final.

LVP : Breton, ça vient d’où ?

Roman Rappak : Ça vient du peintre surréaliste André Breton et de son collectif qui parle de la communication des idées, de la réappropriation des choses, de mettre les choses hors contexte comme mettre un miroir dans une galerie, faire un titre hip hop dans un groupe indie. C’est se réapproprier les choses, pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas être des cinéastes qui font des concerts ? Pour nous c’est plus intéressant quand les gens nous disent que c’est impossible, on essaye de leur prouver le contraire.

LVP : En dehors de la musique, quelles sont vos influences ?

Roman Rappak : Gregory Crewdson, un photographe américain qu’on adore, le réalisateur David Glazer et David Bond.

LVP : Qu’est ce que tu as en ce moment sur ton iPod ?

Roman Rappak : Mokadem ! C’est un producteur anglais, c’est excellent. Et aussi les derniers morceaux de Four Tet.

“War Room Stories” s’écoute ici :

Et vous pouvez revoir le live à La Route du Rock ici :