Rencontre avec la fine fleur de la nuit: Yuksek présente Partyfine
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Auteur·ice : Margot Desautez
28/03/2014

Rencontre avec la fine fleur de la nuit: Yuksek présente Partyfine

En pleine préparation de la soirée Partyfine qui se déroulera samedi soir à Reims, le DJ, compositeur, remixer et désormais producteur Yuksek nous a accordé quelques minutes pour nous parler de son label, Partyfine, de sa vie et de ses futurs projets. Récit:

Hello, comment ça va ? Qu’est ce qui se passe dans la vie de Yuksek en ce moment ?

Ca va pas mal !  En ce moment je travaille principalement pour le label, j’ai arrêté de bosser sur mon disque perso pendant quelques mois, en plus ça prend un peu plus de temps que prévu donc je n’ai pas fini. Je recommence à tourner avec Alex Metric dans le cadre de The Alexanders, on a quelques dates de prévues. Sinon, en plus de ça, on sort une compilation de Partyfine en juin. Je produis les trois quart des morceaux de la compil’  donc j’ai beaucoup de boulot en studio avec les groupes et j’ai fini ça aujourd’hui d’ailleurs. En ce moment je travaille surtout autour du projet de label que ce soit pour la musique comme pour son image avec justement ce projet de compil’.

Donc la vie de Yuksek en ce moment c’est plutôt celle d’un manager que celle d’un musicien ?

Ouais ouais et c’est plus simple, plus facile que de jouer ou de faire de la musique.

Tu as lancé Partyfine en mai 2013, vous en êtes à votre 7ème E.P il me semble. Est-ce-que tu peux nous expliquer un peu comment vous fonctionnez : il y a un ou deux ou trois  titres différents sur chaque E.P et des remix d’un titre en particulier, c’est bien ça ?

Ça dépend, je n’ai pas de règles véritablement. On a fait le premier qui était assez généreux où il y avait un morceau à moi avec Oh Land, un autre avec Juvéniles et trois ou quatre remix. Celui qu’on a sorti avec Black Yaya c’était que des originaux et après on a fait un E.P de remix : honnêtement il n’y a pas de règles. J’attends de voir la compilation parce qu’avec les E.P on a surtout bossé sur l’image, on a travaillé avec des graphistes, on travaille avec une fille qui fait notre promo en Angleterre et aux Etats-Unis. On ne veut pas être trop mainstream et faire parler de nous dans les magazines généralistes, non pas que je veuille faire un truc élitiste mais j’avais un peu peur du truc « le label de Yuksek, attention ça va défoncer, sortez les lance-flammes » ! L’idée de la compilation c’est justement de dire qu’on a fait des choses et non qu’on va faire des choses.

Et elle vient de là aussi ta collaboration avec Alex Metric : cette volonté de retourner à une forme d’anonymat ?

Alex Metric n’est pas trop connu en France mais à l’étranger il marche bien, en particulier en Angleterre et aux Etats-Unis et moi ça m’amuse toujours de repartir de zéro tous les six mois, je trouve ça rigolo.

Tu t’ennuyais un peu avec Yuksek ?

Oui, un peu. J’ai fait deux albums, ça fait sept ans que je suis Yuksek maintenant, c’est cool, je suis content que ça marche, mais c’est aussi une grosse pression ! Si je fais un troisième album ce sera nécessairement cet espèce de gros truc avec Universal, avec des agents etc… Dès que je vais dire que j’ai fini le troisième disque et qu’on peut le sortir, ça déclenchera tout de suite un engrenage vachement moins cool et vachement moins sympa que de faire de la musique. En plus c’est pas trop en rapport avec ce que j’ai envie de faire en ce moment. Je n’ai pas très envie de jouer, j’essaye de prendre le moins de dates possible, c’est peut être une question d’âge aussi. Quand j’ai commencé Yuksek, je voulais qu’il y ait des dates, à 25 ans s’il n’y a pas cinq dates par semaine sur ton Facebook tu te dis que tu es un looser ! Je n’ai plus d’ego par rapport à mon calendrier et la question qui se pose maintenant est celle de jouer dans des endroits et avec des gens qui me font plaisir tout en gagnant de l’argent, parce qu’évidemment on ne fait pas ça que pour la beauté du geste ! Je me suis remis à tourner parce qu’on a sorti ce truc avec Alex Metric et qu’apparemment ça a plu, c’est son agent qui a eu plein de demandes donc on fait des dates sous ce nom là. Après on fera des soirées pour la promo de la compil’ Partyfine mais sinon j’évite un maximum de faire des dates.

Tu étais à Nantes la semaine dernière, tu es à Reims ce weekend, après tu pars à Brooklyn puis à Montréal si je ne me trompe pas, et tu enchaines avec l’Angleterre : est ce qu’il y a des lieux où tu préfères jouer ?

Brooklyn c’est parce que je vais travailler dix jours à New York sur mon disque, j’ai fait des collaborations et j’ai des trucs à finir là bas. Il n’y a pas vraiment d’endroits que je préfère. Il y a bien évidemment ce cliché de jouer aux Etats Unis comme ce truc super cool parce que tu vas traîner deux semaines là bas, j’y joue de temps en temps mais ce serait mentir que de dire que je suis une super star aux Etats-Unis. L’album est sorti là-bas sur des labels cools et même si ma tournée live était très sympa elle s’est faite dans petits lieux. Les Etats Unis c’est un peu compliqué parce que ce n’est pas hyper bien payé donc y aller en DJ de temps en temps c’est sympa mais pour monter une tournée live un peu généreuse c’est plus compliqué, à moins d’être à un moment de sortie d’album et que des gens investissent là-dedans.

L’électro s’est vachement développée là bas et s’est surtout diversifiée donc peut-être que ça va changer : tu as d’un côté du Skrillex, des trucs dubstep etc… avec de l’autre de l’electro disco-house où là il y a une grosse scène. En plus de cela il a toute la clique DFA avec James Murphy, Les Shit Robot, Poolside, Oliver, enfin tous ces trucs que moi personnellement j’adore !

J’allais justement te demander si l’objectif de Partyfine n’était pas d’être un peu un DFA à la française ?

Je n’ai pas envie de faire du DFA mais s’il y a un seul mec dans tous ceux qui font de la musique depuis 20ans dont je suis fan c’est James Murphy ! Tout ce qu’il a touché c’était un tuerie, que ce soit ses disques, ce qu’il a produit pour les autres, ses remixes … le remix de Bowie par exemple ! Oui, l’idée c’est de générer une famille autour de la musique. Et ce que j’adore chez lui c’est que ce n’est pas un entertainer, ce n’est pas un mec qui vend du rêve, il fait juste de la musique le mieux possible, ils ne sont pas très bons en com’ par exemple, c’est juste un label qui veut faire de la bonne musique pour des gens qui aiment la bonne musique, moi si j’arrivais à faire ça ce serait cool ! Je ne me compare pas du tout à ce mec là … en plus moi je suis beau et grand et lui est petit et gros… (rires), plus sérieusement, sans me comparer à lui, on a peut-être ce point commun qu’on est pas des entertainers. Moi je ne me vends pas très bien, je ne suis pas un grand communiquant, je ne sors pas énormément et c’est peut être aussi ça qui m’a permis de créer le personnage de Yuksek…

Donc, comme DFA, Partyfine aura un son particulier ?

Dans le son oui parce que c’est moi qui mixe donc ça va nécessairement s’entendre dans le grain du son, après dans le style ce sera de la musique positive parce que c’est ce que j’aime, ou un peu mélancolique, mais pas de la musique dark. Je me rends compte que toutes les personnes avec qui je copine sont dans cet esprit là, je pense à Get A Room, Crayon, Darius … là Clarens qu’on produit, qui est le side-project de Juveniles c’est assez Blood Orange, le beat est assez trap mais avec des nappes plus planantes et des vraies voix pop, c’est du rap pop et ça j’adore ! Pour le coup c’est surement plus moderne que ce qu’on a pu sortir pour l’instant.

J’ai eu l’occasion de te voir plusieurs fois en live et je me suis toujours demandée pourquoi tu étais toujours si droit : tu es pétrifié ou complétement concentré dans ce que tu fais ?

Sur les DJ sets je me suis un peu détendu mais pour les lives sur scène je ne me sens pas trop à ma place en fait. Et sur la dernière tournée live qui a duré peu de temps, deux ans je crois, j’étais plus tout seul et je chantais les morceaux, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Enfin à part en studio où j’enregistre n’importe quoi et après je sélectionne. En plus j’aurais été super mauvais au sein d’un groupe parce que s’il y a bien un truc que je déteste c’est répéter alors on a progressé au fur et à mesure du live mais c’est sur que ce n’est pas ma place favorite, même si la tournée live était très sympa !

Pour le prochain disque j’aimerais bien faire un gros groupe, un truc un peu mégalo, tu vois !

C’est à dire ?

Genre quinze sur scène avec que des mecs qui jouent des trucs, qu’il n’y ait rien d’enregistré, un live électronique à la main, sans bandes, sans séquences, que chaque son soit joué par un gars. Mais ça va aussi avec le fait que j’ai pas très envie de jouer je crois …

Qu’aurait fait Pierre Alexandre s’il n’était pas devenu Yuksek ?9355-credit-Maris-Mezulis1

Pas grand chose, j’ai commencé à faire de la musique parce que je ne savais rien faire d’autre ! J’ai fait le conservatoire, je suis musicien, j’ai arrêté après le bac et tout ce que je savais faire c’était un peu de musique. J’ai rencontré un mec qui avait un studio à Paris donc j’ai commencé à faire de la musique pour des pubs et après j’ai rencontré d’autres gens. J’ai eu plusieurs groupes entre temps mais bon voilà. Le seul truc qui m’aurait fait kiffer c’est pilote d’avion je crois !

Tu sais piloter ?

J’avais commencé il y a deux ans, j’ai dû arrêter, je pourrais reprendre mais c’est assez cher.

Si tu lances ta tournée avec quinze personnes sur scène tu vas devoir lancer la Yuksek Airlines …

Haha ouais !

Qu’est-ce-que tu écoutes en ce moment ?

Pas grand chose parce que je produis beaucoup, j’essaye de faire de la musique pour moi donc j’essaye de ne pas être trop influencé. Mais je suis resté bloqué pendant une semaine sur ce mix de Murphy justement, il est dingue, il dure douze minutes et dès que ça s’arrête t’as envie de le recommencer. ! Après il y a les nouveaux trucs de The Horrors, je suis hyper fan et je trouve que le parti pris de faire un album plus pop est super cool !

 

 

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