Après NINA, Romane Santarelli, Lou-Adriane Cassidy et Choses Sauvages, il est désormais temps de refermer la page du MaMA Festival. Avant ça, on vous partage l’interview d’Hoorsees, un quatuor parisien qui promet encore quelques belles heures à l’indie. Avec une sincérité quelque peu déconcertante, le groupe se prête à la discussion. Des rires, des anecdotes et des confidences, voilà qui présage une belle rencontre et un avenir qu’on leur souhaite tout aussi radieux.
La Vague Parallèle : Salut à vous trois ! On se rencontre le jour de votre concert au MaMA Festival. Pour commencer, comment ça va ?
Zoé : Ça va, je suis contente de jouer.
Alexin : Ça va très bien aussi. J’ai mangé un excellent sandwich au curry juste avant. Je ne m’y attendais pas du tout. Donc ça va très bien.
Nicolas : Ça va, mais je suis un peu fatigué puisque des bétonneuses ont refait la chaussée en bas de chez moi jusqu’à 5 h du matin. Je n’ai donc pas très bien dormi, mais ça va.
Zoé : Alors que moi, je me suis levée à 11H donc ça va très bien.
LVP : C’est la première fois qu’on se rencontre avec La Vague Parallèle. Pourriez-vous vous présenter pour celles et ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Alexin : Le groupe s’appelle Hoorsees. On fait de la musique ensemble depuis 3, 4 ans. On fait des concerts en France, on en a aussi fait aux États-Unis. Et on a sorti deux disques sur Howlin’ Banana en France et Kanine Records aux États-Unis.
Nicolas : On pourrait qualifier notre musique d’indie pop ou d’indie rock.
Zoé : Ou de boomer rock (rires).
Alexin : Voilà ! De la musique avec des guitares électriques.
LVP : Vous avez sorti votre deuxième album A Superior Athlete. Quel a été le point de départ de ce disque ? Est-ce que vous aviez des idées précises de lignes esthétiques, des envies d’instrumentation ou ça s’est fait au fil des compositions ?
Alexin : En réalité, j’ai fait un disque avant celui-là, pendant le confinement. Je l’ai écouté une fois, l’ai trouvé mauvais alors je l’ai jeté et j’en ai refait un : celui-ci. Il y avait une idée d’esthétique très dépouillée pour ma part, avec des sons très nus, limite pas du tout produits. Je savais aussi de quoi je voulais parler, c’est-à-dire parler de rien en essayant d’en faire quelque chose, de dire beaucoup avec rien finalement.
LVP : Alexin, c’est principalement toi qui compose et écrit les morceaux, toutefois vous formez un groupe. Quelle est votre dynamique ? Comment travaillez-vous le projet tous ensemble ?
Nicolas : On va rajouter des choses, mais finalement ça va plutôt être à la marge. Alexin écrit et compose tout. Nous, on ajoute notre patte : les parties de batterie ne sont pas exactement les mêmes, Thomas et Zoé vont avoir leurs idées de chœurs. On essaie par la suite de réarranger les morceaux en répétitions, mais sous le contrôle d’Alexin qui reste le compositeur principal.
Alexin : Mais je ne crois pas avoir imposé un morceau qui ne plaisait pas aux autres. Il faut que ce soit des titres que tout le monde a envie de jouer.
Dans un élan enjoué, Thomas rejoint la joyeuse troupe.
LVP : Tu crées les morceaux que tu soumets ensuite au reste du groupe et une fois qu’ils ont été validés vous partez les enregistrer. C’est ça ? Comment s’est passé le processus de création ?
Zoé : Globalement, c’est ça. Pour cet album, on avait une dizaine de morceaux avant de partir enregistrer dans la maison d’Alexin en Ardèche. Il y en a qu’on n’a pas gardés et d’autres qu’Alexin a écrits après. C’est ce qui a donné cet album.
LVP : Vous avez enregistré l’album en 2020, il est finalement sorti en 2022. Il y a donc un décalage temporel assez important entre maintenant et la création des morceaux. Comment le vivez-vous ? C’est compliqué de défendre des morceaux qui ne sont pas récents ? D’autant que vous êtes sur la préparation d’un nouvel album me semble-t-il.
Alexin : Oui c’est compliqué. Chacun a sa technique. Pour ma part, je n’ai jamais réécouté les disques qu’on a faits. Je n’aime pas ça et je n’ai pas envie de m’en lasser encore plus. Pour moi, les chansons existent seulement maintenant parce qu’on les joue en live, et encore, pas du tout de la même manière, elles sont assez modifiées. C’est là où la notion de groupe intervient beaucoup plus, dans la manière dont on construit le set. On ne s’intéresse pas seulement à une chanson mais on essaie d’avoir une vision globale des choses.
Zoé : Je crois qu’on a aussi fait attention à ne pas jouer les morceaux longtemps avant la sortie, parce qu’on l’avait beaucoup fait pour le premier album. Et finalement, le disque est sorti et on avait l’impression de ne pas avoir changé notre set. Donc pour le deuxième album, on les a gardé de côté. C’est aussi ce qu’on fait pour le troisième.
LVP : On se retrouve aujourd’hui dans le cadre du MaMA Festival, qui est un événement un peu particulier et important pour les talents émergents. Ça vous fait quoi d’y être programmés ?
Zoé : C’est particulier. Je stresse un peu parce qu’on se foire souvent quand on a des dates importantes donc… On va faire en sorte que ce ne soit pas le cas (rires).
Nicolas : Ça promet !
Alexin : Je ne savais pas que c’était important, on l’a appris hier (rires). En vrai, même si je viens de Paris, je n’y avais jamais fait attention, je ne savais pas que c’était aussi important. J’ai cru comprendre que le public était surtout des professionnel.le.s, et comme on a jamais été professionnels, on ne savait pas.
Zoé : En tout cas, c’est cool de rejouer à Paris parce qu’on y joue de moins en moins maintenant.
LVP : Comment l’expliquez-vous ?
Zoé : Je pense qu’on a écumé beaucoup de scènes parisiennes avant de travailler avec notre tourneur Azimut. Désormais, on essaie de faire quelque chose de plus gros, de faire de ça un événement.
Thomas : Donc, il faut se faire attendre.
- © Alice Sevilla
- © Alice Sevilla
- © Alice Sevilla
LVP : En parlant de perspectives, votre album est sorti chez Howlin’ Banana mais aussi aux États-Unis via le label Kanine Records. Est-ce que vous envisagez une tournée américaine ou des collaborations avec les autres artistes du label ?
Zoé : Normalement, on retourne aux États-Unis pour un festival organisé par le label en mars prochain. On essaie aussi de trouver des dates, mais c’est un petit peu compliqué. D’autant plus qu’on fait ça par nos propres moyens.
Alexin : Pour ce qui est des collaborations avec les autres artistes du label, ça n’a pas été envisagé pour le moment. Peut-être que sur place, on va découvrir un.e artiste qu’on adore et qu’on fera un feat (rires).
Thomas : Ce serait énorme !
Zoé : Ou une battle. En tout cas, on a hâte d’y retourner. Pour expliquer : le patron de Kanine Records fait partie d’un festival qui s’appelle le New Colossus, qui est un peu comme le MaMA, mais à New York. C’est avant le South by Southwest d’Austin.
LVP : Pour revenir un peu sur votre album, il ouvre sur un morceau assez addictif nommé Week-end at Bernie’s comme le film de Ted Kotcheff datant de 1989. Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de ce morceau ?
Alexin : Son histoire est assez simple. J’étais dans mon appartement avec ma compagne dans mon appartement. On regardait des films dont Week-end at Bernie’s, que j’avais déjà vu quand j’étais petit. Je l’ai trouvé excellent et à cette époque-là, je me couchais vers 21H10 et je me réveillais vers 5H30. Je me suis levé, j’ai commencé à travailler sur la box et c’est ce sur quoi j’avais envie de chanter. Les paroles sont venues toutes seules, en tout cas le refrain, qui n’est d’ailleurs pas de la grande poésie. Mais je n’ai pas essayé de parler d’autre chose que les premiers mots qui me venaient à l’idée donc j’ai développé un parallèle entre ma vie et ce film.
LVP : En écoutant votre musique, en s’intéressant plus généralement à l’univers que vous avez construit autour, on pense très vite aux nineties. C’est d’ailleurs une influence dont on vous parle beaucoup. Vous la revendiquez ou elle vous pèse ?
Nicolas : Deuxième option (rires). J’ai été influencé, mais peut-être plus par les années 2000. Les nineties c’est sans doute plus Alexin et Zoé. C’est vrai qu’on nous fait souvent la réflexion. Après, ce n’est pas quelque chose qu’on revendique. Ce sont des influences et ça fait partie du groupe, mais c’est vrai qu’après deux albums référencés nineties, on a un peu envie de s’en détacher.
Alexin : Ça fait un peu comme si on faisait toujours la même chanson alors qu’on essaie de ne pas faire la même chose. Après, je peux parfaitement comprendre pourquoi on dit ça. Mais en tout cas, ce n’est pas quelque chose qu’on revendique. Je ne pense même pas qu’on écoute tant que ça des groupes nineties, mis à part certains.
Zoé : Je pense que c’est comme pour TH DA Freak. Ça fait des années qu’on lui parle du revival nineties alors que ça fait 4 ou 5 albums qu’il fait. Je pense que le revival, il n’y en a plus vraiment. C’est juste une esthétique qu’il a, mais qui n’est pas forcément attachée aux nineties.
Nicolas : C’est le revival du revival.
Alexin : Malheureusement. Je pense que c’est une erreur qu’on a pu faire aussi et que pas mal de gens font : quand on se place d’une certaine manière au début d’une carrière, ça nous colle tout le temps. Même si on n’a pas vraiment essayé de se placer parce que je n’aurais jamais cru qu’on en ferait un métier. Il aura suffit de faire deux morceaux comme ça pour qu’on décide que le groupe serait toujours comme ça, alors que non, ce n’est pas du tout ce qui est prévu. Donc, on verra. Sinon, on changera peut-être de nom, on enlèvera un “e” et ce sera le revival 2000.
LVP : Pour la conception de ce second album, vous avez échangé avec TH DA Freak et Siz. Quels liens entretenez-vous avec cette scène pop-rock-indé dont vous faites également partie ?
Alexin : Naturellement on s’est rencontrés parce qu’on est tous amenés à jouer ensemble un jour ou l’autre. Il y a des groupes avec qui ça marche et d’autres moins. Là, en l’occurrence, on est devenus amis assez rapidement. On s’est retrouvés à un moment où on avait envie de jouer et eux en avaient besoin. Ils avaient plus de notoriété que nous. On s’est dit que ce ne serait pas une mauvaise idée de mettre nos efforts en commun pour faire une tournée en Europe ensemble. Ce qu’on a fait. De fil en aiguille, on s’est retrouvé à jouer souvent ensemble. On aime bien ce qu’ils font, et inversement je crois. Aussi quand on écrit des morceaux, on est souvent amenés à échanger dessus parce que finalement on est souvent seul.e dans sa chambre quand on compose. Pour ma part, à part les faire écouter à ma compagne ou aux membres du groupe, je n’ai pas vraiment de raison de les faire écouter. C’est bien parfois d’avoir un avis extérieur et c’est assez courant, pour moi comme pour d’autres, qu’on s’envoie des morceaux entre membres de groupes pour avoir des avis. Et là, TH DA Freak m’avait donné deux, trois conseils.
LVP : Pour finir, pourriez-vous nous citer un de vos coups de cœur parmi la programmation du MaMA Festival cette année ?
Zoé : J’adore Johnnie Carwash donc je suis très contente de les revoir. Je les avais vus à leur release party à l’International, c’était super ! J’aime bien Bagarre aussi, mais ils jouent demain et on n’a pas de place. Puis ce n’est pas trop une nouveauté.
Nicolas : Moi j’aimerais bien aller voir Serpent.
Thomas : Rien à voir mais je crois qu’il y a un groupe de métal qui s’appelle Ten56. J’ai un ami qui joue dedans. C’est aujourd’hui aussi. Ca n’a rien à voir avec ce dont on parlait avant, c’est du métal très bourrin et très propre à la fois. Je me dis que j’irai peut-être y faire un tour si les horaires se coordonnent.
Alexin : Quand j’étais petit j’aimais bien le rappeur Doums et j’ai vu qu’il y était donc pour moi ce serait ça.
Le cœur grenadine et la déclaration facile, je passe mes journées les yeux rivés sur ma platine.