(Rencontre) You Man After All
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Auteur·ice : Charles Gallet
20/02/2017

(Rencontre) You Man After All

C’est à l’occasion de leur passage à Béthune pour les Inouïs du Printemps de Bourges qu’on a eu l’occasion de rencontrer Giac et Tepat, les deux membres de You Man. On s’était fougueusement épris leur premier album Spectrum Of Love, on était donc ravis de rencontrer deux personnages qui se sont révélés à l’image de leur musique : généreux et passionnants.

LVP :  On va commencer par la “question con” : vous n’avez pas eu les boules quand Justice a sorti son nouvel album en même temps que vous ?  (Rire général)
Giac : Ce n’est pas une question con, surtout quand on a su qu’ils l’avaient appelé  Woman. On n’a pas eu les boules, on a surtout trouvé ça très marrant.
Tepat : On nous a dit qu’ils allaient prendre beaucoup de place dans les médias, mais on sait qu’on ne joue pas dans la même cour surtout !

LVP : Vous avez quand même eu des supers retours presse.
G : Oui ça fait plaisir, nous avons eu beaucoup de soutien et de retours positifs.

LVP : Dans une autre interview vous disiez qu’on vous demandait souvent du justice en DJ Set…
G : C’est pour ça que c’était drôle ! C’est super de pouvoir raconter que Justice sort Woman le même jour que le premier album d’un petit groupe comme nous qui s’appelle You Man.
T : Oui mais c’est fini ! Maintenant quand on joue, on nous demande de passer Birdcage !

LVP : Vous avez mis trois ans entre votre EP et l’album. Vous avez voulu prendre le temps ou vous faisiez des trucs à côté ?
G : On a discuté pendant deux ans et on a fait de la musique pendant un an (Rires).
T : Les choses se sont faites progressivement, on a mis du temps à se dire qu’on allait faire un album et entre les deux on a sorti un EP avec Indian Summer et des remix. On a eu l’occasion de faire de belles dates en DJ set et de rencontrer beaucoup de gens.
G : En fait on pensait sortir un autre EP de quatre titres et on a vachement composé. Une trentaine de tracks. On s’est dit “C’est cool, on aura du choix pour choisir quatre titres”. Puis on a fait écouter nos morceaux à nos managers et à notre label, qui nous ont encouragés à plutôt en choisir 15 pour faire un premier album.

LVP : Vous faites une musique électronique dans laquelle on retrouve plein de couleurs musicales différentes. Je ne vais pas dire que ça part dans tous les sens mais…
G : tu peux le dire, ça part dans tous les sens (rires)


LVP : Je voulais savoir qu’elles étaient vos influences, moi j’ai un peu pensé à Prodigy et Chemical Brothers…
G : T’avais bien vu, parce que c’est vraiment nos premiers émois électro. Prodigy, Chemical Brothers, Daft Punk le premier album.. et même les autres d’ailleurs. Toute cette période-là, y’a eu des perles qui sont sorties.
T : Tous les gamins de 20 ans à cette époque se sont pris ça dans la gueule, et nous aussi.
G : Juste avant on faisait du rock , et là on a commencé à se dire et si on rajoutait un peu des synthés, des beats électroniques sur nos morceaux…

LVP : C’est vrai qu’à l’époque, les styles était super cloisonnés, moins maintenant…
T : C’est vrai qu’on écoute un peu de tout, tu vas pas dire quel style t’écoutes, mais plutôt quels styles tu n’écoutes pas, par exemple tu vas dire « j’écoute pas de métal ».
G : Et encore, moi quand on me demande quelle musique j’écoute, j’ai envie de dire « la bonne ». ‘Fin, celle que j’aime bien, ça peut être n’importe quoi. Franchement y’a même des morceaux de métal que j’écoute encore, des morceaux de ma période Paradise Lost, y’a encore des tracks qui sont dans ma playlist et que j’écoute toujours… Y’a pas une obligation à se cantonner à un style particulier.

LVP : Même si sur le projet You Man, vous êtes clairement sur un projet électronique.
G : Ce qu’on aime c’est l’idée de pouvoir bouger facilement, de jouer n’importe où sans avoir un container avec du matos dedans. C’est bien de pouvoir être mobile rapidement et facilement. On a deux sacs et tout est dedans.
T : Même la scéno, le cube,.. se transportent dans un petit sac, on a réfléchi vraiment mobilité.

LVP : Justement, ça me permet de rebondir : ça ressemble à quoi un live de YouMan par rapport à un DJ set ?
: Ben tu vas voir (rires) …
T : En live on ne joue que nos morceaux, alors qu’en DJ set on sélectionne des tracks d’autres artistes qu’on aime et qu’on a envie de partager. En concert, on se permet plus de libertés sur nos morceaux, on allonge des parties, on rajoute des rythmiques dessus…
G : On les recompose, et on les réarrange en direct. Mais dans l’un comme dans l’autre c’est bon de ne pas être enfermé dans ton truc, tout le plaisir c’est de sentir la température monter sur le dancefloor, et de la faire monter… encore.

LVP : Là ça va être compliqué en une demi-heure.
: Une demi-heure c’est court, mais on joue à un bon horaire. Des fois on joue tôt ou tard, là on joue à vingt deux heures trente/ vingt trois heures les gens vont être chauds.
G : Le meilleur horaire de DJ set pour nous c’est entre une heure et trois heures. Pour un live c’est un peu plus tôt, entre dix heures et minuit. Mais après, il n’y a pas de règle au fond. Comme dans la vie en général.

LVP :  Birdcage c’est la seule chanson qui réapparait sur l’album. Je voulais savoir si vous vous êtes sentis un peu obligé à cause du buzz autour ?
G : Pour le coup, on s’est dit que plein de gens ne la connaissaient pas et comme les retours sont bons, on a pensé que ça vaudrait la peine de lui donner une seconde vie.
T : Y’avait aussi pas mal de gens qui nous réclamaient le vinyle du premier EP avec Birdcage, et comme on en avait plus, on s’est dit qu’en la remettant les gens seraient contents.
G : Ça nous a permis de rebosser le mastering aussi.
T : On a rebossé le track, on l’a raccourci, c’est un peu une version édit.
G : C’est pas la même version, d’ailleurs y’a aucune version qui est la même entre le morceau sur YouTube, celle de l’EP – qui n’est pas au même BPM – et celle de l’album. Y’a plein de versions différentes qui se baladent et même nous aussi on sait plus trop quelle version est laquelle. (Rires)

LVP : Pour l’album vous avez créé des jeux vidéo et fait une chasse aux vinyles (comme avec l’EP), c’est un truc que vous aimez bien de garder un côté ludique dans la promo ?
T : On ne réfléchit pas forcément en termes de promo, c’est surtout un jeu en fait. Moi je fais des minis-jeux et avoir des retours sur ce qu’on fait c’est toujours agréable. Et la chasse aux vinyles, moi je me dis que si jamais je n’étais pas dans You Man, j’aimerais trop aller à la chasse aux vinyles, je trouverais ça cool.
G : Déjà dans le passé avec nos potes on s’amusait à ça. A l’époque on avait un ami qui s’était fait larguer, et on lui avait organisé un jeu de piste dans son appart avec plein de post-it. C’était un vrai jeu et à l’arrivée y’avait un spliff qui était planqué chez lui. On a toujours aimé les jeux de pistes, et c’est une façon de faire ce qu’on aime, de le démocratiser dans notre projet.

LVP : Je me souviens qu’à l’époque du EP y’en avait au Japon…
T : En fait on avait profité du voyage d’amis, pour leur donner un vinyle à cacher. On trouvait que c’était drôle que ça soit si loin, et que même si le vinyle n’était pas trouvé, c’était marrant de l’amener là. Et puis ça créée des histoires avec des gens. Le mec qui l’a trouvé à Tokyo était un français en voyage, et il a dit que le bar dans lequel il était caché était canon et que ça avait participé à la plénitude de son voyage.
G : Et nous, ça nous amuse toujours de trouver des endroits où les cacher…

LVP : Vous travaillez tous les deux en dehors du groupe: est-ce que ça vous influence dans votre vision la musique et est-ce que c’est important d’avoir une structure ?
G : Je pense que c’est une chance car on n’a pas de pression financière. La question financière ne vient pas se mélanger à la musique, c’est très chouette.
T : Y’a de plus en plus de musiciens qui ont des « Daily-jobs » pour gagner leur vie. Faut vraiment être à un stade très avancé musicalement pour en vivre. En même temps, on aime aussi nos jobs donc ce n’est pas un problème.
: Comme tu disais, en ce qui me concerne, mon job m’influence (Giac est psychologue et hypnothérapeute). Je l’adore, mais c’est parfois très intense émotionnellement, et la musique me permet vraiment de me lâcher, c’est très important pour moi. Et parfois au boulot, on me demande si j’ai un truc sur le côté et je dis ouais, la musique.
T : Moi le développement, le fait de pouvoir développer des jeux pour You Man ça rejoint mon métier, et ça me permet de mélanger les deux.
G : Y’a une notion d’interactivité qui revient en force.
T : En plus on fait de la musique sur ordinateur, donc ça reste la même chose, les logiciels utilisés c’est toujours la même logique.
G : Aujourd’hui on joue encore plus qu’il y a 20ans à des jeux vidéos, c’est plus les mêmes expériences. C’est une façon d’avoir un contact avec l’univers d’un artiste que tu aimes écouter par le jeux vidéo. Finalement, le contact qu’il y avait entre le cinéma et la musique c’était le clip à une certaine époque, maintenant les jeux vidéo s’en mêlent aussi tellement c’est devenu courant sur nos smartphones ou nos télés…

LVP : Pour revenir sur vos boulots, je vais vous comparer avec Fuzati du Klub des Loosers, qui refuse de quitter son boulot, pour garder une connexion au réel. Et je me demandais si c’est une question que vous vous posiez ?
G : On se la pose. C’est bien ce qu’il dit Fuzati, car ça donne un contact avec la réalité aussi qui n’est pas anodin du tout, au-delà de l’aspect juste financier du boulot…
T : Si on quittait nos jobs, ça serait parce que la musique nous prendrait beaucoup de temps. Par exemple la semaine prochaine (interview le 12/01) on a trois dates, on va bosser toute la semaine et on va faire les trois dates, c’est fatigant mais c’est génial de tourner. Et même si on arrêtait de travailler pour faire de la musique, on réfléchirait quand même au fait qu’un jour on pourrait récupérer nos jobs parce qu’on les aime.
G : On ne peut pas savoir ce que sera l’avenir, en général et ici avec You Man. C’est vrai qu’en ce moment on fait beaucoup de dates en janvier, faut vraiment bien s’organiser. Si on fait des mois qui se succèdent comme ça, la question se posera, elle est en suspens, on la regarde de loin…

LVP : L’idée du travail est moins éphémère que la musique…
G : Comme tu disais tout à l’heure, on aime ce qu’on fait, ce n’est pas comme si on faisait un truc alimentaire qu’on déteste.
T : Si jamais ça allait dans un sens ou dans l’autre, je pense qu’on serait très heureux quoi qu’il arrive.
: On prend ce qui vient quand ça vient. Je me suis quand même renseigné au boulot pour savoir comment ça se passerait si je me mettais en disponibilité…

LVP : Dernière question : c’est quoi vos coups de cœurs en ce moment ?
G : Moi j’ai une série sur Netflix que j’ai adoré qui s’appelle The O.A. Je travaille beaucoup sur la quatrième dimension, dimension de l’esprit et ça traite parfaitement de ça. Strangers Things j’ai adoré aussi.
T : Moi c’est This Is Us, c’est une série assez émouvante qui fait tirer les larmes. Ça me fait penser un peu penser à Six Feet Under, en un peu plus humoristique quand même. Ça fait pas mal de temps que je n’étais pas tombé sur une série que j’aime bien regarder.
G : Musicalement, y’a un truc sur lequel on a flashé tous les deux c’est les podcasts de Club Bizarre.
T : Ce sont des mecs de Metz qui font des podcats de 2h, c’est une espèce de disco. C’est un peu plus doux que ce qu’on fait, mais y’a des pépites dedans et c’est vraiment cool. Après y’a aussi nos calaisiens chéris, Blaise Bandini et Numérobé.
G : Au-delà du fait qu’ils viennent de Calais, ils ont vraiment leur univers et on aime bien ce qu’ils font, même ce que fait Loup Blaster
T : On a toujours été fiers d’être de Calais, et eux nous rendent encore plus fier de l’être !

LVP : C’est vraiment qu’en ce moment c’est pas facile Calais …
T : Ça l’a jamais été (rires)

LVP : Je dis ça je viens d’Hénin Beaumont… (rires)
T : C’est vrai que c’est pire d’être d’Hénin Beaumont, nous au moins on a la plage et la mer !  (Rires)

Après le concert, on a demandé aux You Man de se prêter au petit jeu du selfie :

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