En cette rentrée musicale 2016, quand les cartables des enfants côtoient les vinyles tout chauds et tout frais, une évidence nous marque assez fort: la belle pop française est de retour sur nos platines. Et cette rentrée nous offre beaucoup de nouveautés. Entre le superbe album des Pirouettes et celui, délicieusement rétro, de Lafayette, on trouve la belle Cléa Vincent. Ces trois artistes sont comparables, non seulement parce qu’ils font de la pop, mais aussi par le fait qu’ils sont de véritables artisans de la musique: chacun à leur manière, auteurs compositeurs, sur des labels indépendants, ont pris le temps, pendant plusieurs années, de travailler leurs chansons pour offrir un projet fini, qui leur ressemble et qui les rend fiers.
Le cas de Cléa Vincent est un peu différent puisque celle-ci avait déjà créé un album mort-né, appelé de manière peut être prémonitoire Happée Coulée, tué dans l’œuf par un gros label. Cela aurait pu tuer la jeune parisienne, mais non, son synthé sous le bras, elle prend le chemin de l’indépendant, et après deux ep, certainement appelé en réaction Non Mais Oui 1 et 2/2, elle vient en ce début d’automne nous présenter son véritable premier album: Retiens mon désir. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on a eu du mal à retenir notre plaisir à l’écoute de cet album prodigieux qui redonne à la pop-yéyé française et féminine ses lettres de noblesses.
Autant être clair : rien ne ressemble plus à une chanson de Cléa Vincent qu’une chanson de Cléa Vincent. La Parisienne développe tout au long de ses onze titres une pop dansante, faussement naive, teintée de disco, aux synthés puissants et dansants. La jeune femme crée un son qui nous entraine dès les premières secondes dans son univers rose bonbon, bien aidée dans ses compositions et ses arrangements par Raphaël Léger, batteur des Tahiti 80.
Et on est conquis dès le morceau d’ouverture, Jmy attendais pas, chanson d’amour douce-amère qui pourrait parler autant d’une histoire d’amour absolument folle et intense, que de la place qu’a fini par trouver Cléa Vincent dans le monde musical. On enchaine avec la déjà connue Retiens mon désir, qui donne son titre à l’album et était déjà présente sur son premier EP. L’efficacité, tout comme le plaisir, est immédiat.
Tout au long de l’album, elle enchaine des comptines-pops absolument ravissantes – on a d’ailleurs du mal à en faire ressortir du lot – et prône un style Do It Yourself rafraichissant.
Si on ne devait en retenir qu’une ou deux, on parierait sur Electricité au groove imparable et futur clip de l’artiste, ou encore la déjà connue Château Perdu, aux paroles qui foutent les poils et à la montée en puissance absolument grandiose.
On pourrait peut être reprocher à Cléa Vincent sa naiveté ou son côté tout sourire, mais ça serait occulter le double sens évident des paroles de la jeune femme et surtout la profondeur et la joie de vivre qui se dégagent de cet album absolument imparable.
La musique de Cléa Vincent est une pop dans ce que le mot à de plus sacré : sucrée, légère, dansante, parfois un peu vaine mais toujours rafraichissante.
Il est impossible de ne pas tomber amoureux à l’écoute de cet album, qui permettra à vos pieds de danser tout au long d’un automne qu’on aurait pu croire morose, mais qui s’annonce musicalement parfait. Cléa Vincent a réussi à nous conquérir, de manière assez facile et évidente, et on est certains que son univers réussira lui aussi à vous faire vibrer et à vous donner un sourire qui ne vous quittera pas de la première à la dernière seconde de cet excellent album.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.