Rock en Seine 2019 : notre palmarès des meilleurs concerts
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Auteur·ice : Charles Gallet
06/09/2019

Rock en Seine 2019 : notre palmarès des meilleurs concerts

Rendez-vous incontournable de la fin de l’été, Rock en Seine se déroulait cette année sous un grand soleil et une chaleur qui rappelaient plus le début de l’été que l’arrivée de septembre. C’est donc sous un soleil de plomb que nous avons passé nos trois jours musicaux. Retour sur les événements marquants qui ont ponctué notre aventure au parc de Saint-Cloud.

Vendredi trois étoiles pour la scène des 4 vents

En ce premier jour de festival, notre parcours nous aura amenés à fréquenter avec assiduité la toute nouvelle scène de Rock en Seine, la Scène des 4 vents. On l’aura beaucoup cherché le vent, d’ailleurs, et les artistes aussi, tant le soleil frappait déjà fort. Il nous en aura pourtant fallu plus pour faire vaciller notre optimisme puisque nous avons vécu trois moments superbes, qui auront donc ponctué notre première journée.

Il y aura tout d’abord eu Silly Boy Blue. Si vous nous connaissez, la surprise n’est pas très grande, mais il faut bien le dire : à chaque concert (on est proche de la dizaine en 2019, c’est dire…), elle ne cesse de nous impressionner. Toujours plus forte, toujours plus à l’aise, que ce soit dans son interprétation ou dans sa communication avec le public, la jeune femme n’a besoin que d’une note pour nous charmer et nous emporter avec elle. C’est sur le fil précieux de l’énergie qu’elle joue, que ses chansons se fassent puissantes (The Fight), douces (You’re Cool ou l’inédite Lanterns) ou qu’elle reprenne avec bonheur The Knife, Ana vise toujours juste car elle vise au cœur. Un moment qui joue autant dans l’intensité que dans la subtilité, pour une artiste qu’on n’a pas fini d’aimer.

De l’émotion, il y en aura aussi eu avec We Hate You Please Die, mais cette fois accompagnée d’une énergie à toute épreuve. Il faut dire que les Rouennais ne font pas vraiment dans la dentelle : puissante, directe, chaque chanson du combo est un crochet sonore qu’on se prend en pleine tronche. Leur réputation grandissante (preuve en est, nous étions TRÈS nombreux à être venus les admirer) d’excellent groupe live n’est pas volée, chaque membre apportant sa pierre à un édifice rock qui ne demande qu’à exploser. Volontairement provocateurs (les petites piques sur les sponsors en plein milieu des remerciements), ces doux agneaux à la ville se transforment définitivement en loups sur scène, et on les laisse nous dévorer avec bonheur. Entre deux pogos, Raphaël, le chanteur du groupe, s’autorisera un petit slam sur la foule. Une chose est sûre, leur musique est la pilule idéale pour avaler ses peurs et réaliser que même si ce monde est merdique, on n’est jamais vraiment seul.

Dernier côté de ce triangle diabolique, et là encore ce ne sera une surprise pour personne : Bagarre. Alors que le monde se (com)pressait devant The Cure dans une masse bien trop volumineuse pour être agréable, notre chemin nous aura guidés vers nos champions. Que dire de plus qu’on n’aurait déjà dit sur l’hydre à cinq têtes de la nouvelle scène française ? Pas grand-chose, alors on va se répéter un peu. Bagarre reste sans aucun doute possible l’un des meilleurs groupe live français, ni plus ni moins. Car il faut être incroyablement bon pour tenir le chaos avec autant de classe et de grâce. Il faut une bonne dose de talent pour associer avec autant de facilité sérieux et relâchement, pour maîtriser les rênes de sa folie afin d’en contaminer les autres. Les Parisiens parviennent toujours à nous surprendre et à nous donner toujours plus envie de retourner les voir. Normal avec des titres aussi forts que Diamant, Écoutez Moi ou encore Le Gouffre. Et que dire de cette monstrueuse version de Kabylifornie, qui se transforme en live pour devenir un hymne rock monumental ? On ne boudera jamais notre plaisir à voir Bagarre en live et à finir en sueur, le rendez-vous est déjà pris en novembre pour leur Olympia.

Samedi : du groove, de la jeunesse et de la folie

Du samedi, on retiendra 4 moments et un élément important : le soleil était toujours là. Détail d’importance car un festival sous le soleil est toujours plus agréable (même si une bonne pluie ne fait jamais de mal). C’est donc casquette sur la tête, bouteille d’eau à la main et lunettes de soleil sur le bout du nez que nous commencions cette journée. Et quel début ! Il existe des concerts qu’on aimerait voir durer toujours, des moments qui devraient se figer dans l’éternité pour exister dans une boucle infinie de bonheur et de tendresse.

Ce jour-là, cet instant portait un nom : Catastrophe. Car oui, ils nous ont offert sans doute l’un des plus beaux concerts du week-end, un moment tendre et privilégié, un moment qui se vit comme une expérience collective autant que comme un intense moment face à son propre “moi”. Catastrophe a ce talent de faire vibrer les couleurs, que ce soit celles de sa musique, celles de ses costumes ou celles qui apparaissent sur nos yeux. Avec les Parisiens, rien n’est gris, rien n’est terne, tout est explosion. Plus qu’un concert, c’est une expérience cosmique qu’ils nous offrent, un moment où l’on tangue, où l’on rit, où l’on boxe et où l’on finit par avaler les peurs, les siennes et celles des autres aussi. Là encore, le fil de l’émotion est aussi ténu qu’il est tenu de Nuggets à Beebop Records en passant par Maintenant Ou Jamais, notre tube de l’été, on vibre à l’unisson avec cette drôle de bande qui n’en finira jamais de nous émerveiller. En un battement de cil, en un clignement d’yeux, le concert se termine aussi rapidement qu’il a commencé et une seule idée nous monte à la tête : encore et vite !

À peine le temps de nous remettre de nos émotions que déboule sur la Scène de la Cascade une tornade norvégienne : Girl In Red. Elle a à peine 20 ans et elle met déjà le monde à ses pieds. Rien de plus logique quand on se plonge dans sa discographie déjà pleine de petites pépites pop qui prennent tout leur sens en live. Une énergie folle comme un vent de fraîcheur, Marie Ulven Ringheim de son nom au civil, court partout, parle beaucoup, sourit, rit… Elle vit son concert autant que nous et cette candeur, cette douceur, nous atteint et nous remplit de joie. Mais le plus important dans tout ça, c’est qu’elle maîtrise, avec ses excellents musiciens, ses chansons. Impossible de ne pas reprendre en chœur le refrain de Dead girl in a pool, qui nous accompagne désormais tous les jours, impossible de ne pas danser sur les chansons à double tranchant que peuvent être Girls ou I Wanna Be Your Girlfriend. En un mot comme en cent, on est tombé amoureux cette après-midi-là, et ça n’était pas du à une insolation. La preuve, on a déjà pris rendez-vous pour sa Gaîté Lyrique le 30 octobre prochain.

Enfin, comment ne pas conclure ce samedi en beauté ? Toujours sur la Scène de la Cascade alors que la nuit est tombée, Jungle débarque sur scène. Eux aussi habités de nos pages, la bande londonienne a tenu son statut de tête d’affiche et bien plus encore. Jungle, c’est un groove contagieux qui ne nous lâchera pas pendant une heure. Impossible de ne pas danser, même si on frôle la catastrophe en boîte de nuit habituellement, quand résonnent les premières notes d’un de leurs titres, on oublie tout et on y va. Tout simplement. Bien malin, le groupe a taillé un set resserré, parfait pour les festivals, ne faisant que rarement tomber la tension. De Heavy California à l’incomparable Time en passant par Casio, The Heat ou Happy Man, le domaine de Saint-Cloud s’est transformé pendant une heure en boîte de nuit à ciel ouvert. On n’en demandait pas tant.

Dimanche, deux groupes de rock sur le toit du monde

Vient enfin le dimanche, la fatigue se fait sentir, les pieds sont un peu lourds et la chaleur de plus en plus pesante. Tellement pesante qu’elle en arrive à faire fondre les instruments. Tout du moins c’est la rumeur qui parvint à nos oreilles après l’excellent concert de Mini Mansions.

Le trio de Los Angeles, encore peu connu en France, nous aura fait forte impression avec un show tout en puissance, qui aura participé, bien aidé par le soleil donc, à nous offrir un nouveau K.O en ce début d’après-midi. Dire que ces mecs transpirent le charisme pendant que nous on transpire tout court serait un peu facile, mais pourtant totalement vrai. La bande de Michael Shuman a ce truc absolument magnétique qui nous force à les regarder, à les écouter et à explorer leur musique absolument dingue, qui prend une base pop pour la saupoudrer d’électronique, de psychédélisme ou encore de grosses guitares qui font du bruit et qui le font bien. Impossible de résister à des titres comme Vertigo, L.OV.E., Freakout! ou Midnight in Tokyo. Ça tombe bien, on n’en avait pas vraiment envie et on s’est laissé emporter par la classe et la grâce d’un groupe qui devrait voir son statut changer assez rapidement, surtout avec des prestations de cette qualité.

Cela aurait sans doute été notre grand moment rock du jour, voire du week-end (surtout en comparaison de la fadeur FM de Royal Blood), si les rois n’étaient pas venus récupérer leur couronne en fin de soirée. On pourra regretter de les avoir vus sur la Scène de la Cascade, mais une chose est sûre, on s’est pris une bonne tarte face à la bande de Yannis Philippakis. Il en faut peu pour être heureux sans doute, mais voir un groupe qui a bercé notre adolescence continuer de grandir, d’avancer et d’imposer toujours un peu plus son statut nous fait énormément plaisir. Bientôt 15 ans qu’ils font partie de notre vie et Foals ne cesse jamais de nous surprendre, de se mettre en danger et d’offrir des prestations live absolument dantesques.

Ce fut une nouvelle fois le cas en ce dimanche soir, le groupe évoluant clairement sur une autre planète et nous offrant des versions démentielles de Spanish Sahara, My Number, What Went Down ou de la jouissive Two Steps Twice. On attendait beaucoup du groupe d’Oxford, ils nous ont une nouvelle fois offert beaucoup plus. De quoi clôturer en beauté un festival riche de nombreux grands concerts et surtout de baver d’impatience avec l’arrivée de leur nouvel album en octobre.

L’été se termine donc en beauté.