San Carol ou la magie Houdini
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Auteur·ice : Charles Gallet
22/10/2018

San Carol ou la magie Houdini

En 2018, on consomme la culture comme on drague sur Tinder. La comparaison peut paraître hasardeuse mais pourtant, à l’heure de Netflix et Spotify, on zappe plus vite qu’on ne laisse sa chance à un album ou à un film. À cause du trop plein et de cette sensation du tout disponible, on ne prend plus le temps. Il reste cependant des albums qui nous happent dès la première note et nous donnent envie de tomber amoureux d’eux. Houdini, le troisème album de San Carol est de ceux-là.

On voudrait vous prévenir tout de suite : Houdini de San Carol n’est pas un album facile à apprivoiser. C’est un album qui demande du temps, qui se dompte, un album sauvage loin des contraintes et des diktats qu’on tente d’imposer à la musique du 21ème siècle. L’idée étant inscrite dans votre tête, on va aussi vous rassurer tout de suite : le jeu en vaut clairement la chandelle. Car laisser sa chance à la musique de Maxime Dobosz, c’est s’ouvrir les portes d’un album à la beauté effarante, une œuvre d’amoureux de la musique pour les amoureux de la musique comme on en entend de moins en moins actuellement.

Dès Meaning Of Life, San Carol interpelle et fascine. Cette manière de maîtriser le vide laissé par la voix, cette batterie répétitive et obsédante, cette phrase, répétée à l’infinie comme un rythme ou un mantra, sous différente tessitures et dans différentes intentions… Bienvenue dans le monde, pas si joyeux, de Houdini. Sur les neufs titres de l’album, cette introduction est la seule qui fera moins de trois minutes. Pour le reste, on peut tout à la fois parler de pièces, de chapitres qui s’imbriquent les uns aux autres pour former une œuvre compacte, dense et sublime.

La batterie revient nous hanter, comme un manifeste, dans Where My Parents Live, chanson obsessionnelle et d’une mélancolie mordante, où les couches musicales se mélangent pour coller avec bonheur aux intentions de la chanson. Cette intention, cette émotion, passe aussi et surtout par la voix de Maxime. Ici intense, parfois posée, toujours claire et puissante, elle est le fil conducteur de l’album, le guide bienveillant dans un dédale où l’on peut se perdre. C’est elle qui nous raccroche à Marvelous Engines et ses chœurs complètement fous.

Si Society sort les pianos et se fait plus douce dans ses arrangements, c’est pour mettre plus facilement en avant la violence des propos qu’elle porte, manifeste contre une société de plus en plus déshumanisée qui brise les gens plutôt que de les aider. Turn To Dust est une charge émotionnelle dont l’épure et l’apparente simplicité ne font qu’amplifier les sentiments qui en découlent. On en est à la moitié de l’album et les larmes coulent sur nos joues. Elles ne nous quitteront plus.

Vient ensuite, Cancer, premier single de l’album. Son chant désenchanté nous emporte, on est pendu aux lèvres, on est martelé par cette batterie qui nous assomme, on est entouré par ces textures entre rock et electronica qui nous cajolent et nous collent à la peau. Parachutes se fait plus intense, on en vient même à se demander si on est toujours avec le même chanteur, tant la voix se fait mouvante, changeante, mais les textures musicales restent les mêmes, offrant à cette album une sensation sublime de cohésion, d’unicité entre les morceaux. Suit alors Lone Star, monstre de 9 minutes dont les guitares lumineuses nous apaiseraient presque autant que la poésie des paroles nous frappe. La chanson bascule alors en son milieu, se transformant en pièce ambiant et instrumentale qui nous fait perdre pied. C’est aussi ça, Houdini : un voyage, une exploration musicale qui nous fait finalement nous interroger sur nous-même.

L’album se termine avec Does’nt Matter, qui nous cajole une dernière fois alors que l’album nous quitte. C’est nous qui avons du mal à le quitter, tant son écoute nous aura marqués. Pour conclure, on ne pourrait vous dire qu’une chose : vous ne pouvez pas passer à côté d’Houdini. Album libre, puissant, à la croisée des genres mais toujours juste sur le fil de l’émotion, l’album de San Carol est de ceux qui vous marquent. Et à l’heure actuelle c’est assez rare pour le signaler.

 

San Carol est en tournée :

26.10 – Paris – Le Petit Bain ( première partie de Teleman)
30.10- Lyon- Le Sonic
31.10- Clermont Ferrand – Fotomat (Freemount Party)
02.11- Tours- Canadian Café
01-12 – Paris – Olympic Café (Carte Blanche Freemount)

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