| Photos : Melissa Fauve
Un mercredi soir au Botanique : à l’abri de la pluie automnale et des mauvaises ondes car ce soir c’est Sans Soucis et Empress Of qui régalent le public de l’Orangerie. Un show de haute envergure, pour une soirée sous le signe de la pop dansante tout en sensualité.
Empress Of, alias Lorely Rodriguez, a fait un véritable raz-de-marrée avec son dernier album For Your Consideration. Les fans et les critiques étaient unanimes : cet album est un incontournable pour les fans de pop alternative. Avec ses grooves dansants, elle y explore avec finesse et puissance les thèmes de l’amour, du désir et de la perte. Empress Of avait fait impression l’an passé à l’Ancienne Belgique en tant que première partie de Rina Sawayama. Depuis, elle a lancé son propre label, Major Arcana et est de retour en Belgique pour performer les titres de son dernier album déjà iconique.
Sans Soucis
Avant le main act’, c’est Sans Soucis qui ouvre le bal. L’artiste entre en scène vêtu·e d’une jupe blanche et chaussé·e d’énormes combat boots, comme un ange déchu, une télécaster pendue au coup. Iel entame une chanson acoustique, accompagnant une bande pré-enregistrée de très jolies arpèges avant de se libérer sur Sexed and Sexual, troquant sa guitare pour des pas de danses.
La foule se rameute rapidement dans la plus grande salle du Botanique. Le public suit de la tête un·e Sans Soucis qui se lâche : va et vient sur la scène, va et vient de la tête, si bien qu’iel en perd son oreillette à plusieurs reprises. Après quelques chansons enivrantes, et nous avoir montré l’étendue de son range vocal et de son talent musical, iel nous partage son engagement politique en samplant un discours sur les inégalités raciales et de genre. Sans Soucis finit son set en distribuant des QR Code menant à son album Circumnavigating Georgia sous les applaudissements d’un public qui ne lae connaissait pas, mais qui montre son enthousiasme à découvrir son univers.
Empress Of
Après une pause juste assez longue pour filer aux toilettes et remplir nos verres, nous retrouvons l’Orangerie pleine à craquer. Empress Of va bientôt monter sur scène mais avant ça, on a le droit à quelques morceaux bien dansants pour se mettre dans l’ambiance. Puis d’un coup, les lumières virent au rouge et une musicienne mystérieuse monte sur une plateforme ornée de claviers, d’une basse et d’une guitare. On apprendra bientôt qu’il s’agit de Célia, multi-instrumentaliste qui suit Empress Of sur toute sa tournée.
Les premières notes du muy caliente Preciosa, titre de son dernier album, résonnent au sein de la foule tenue en haleine et Empress Of entre telle une reine dans une salle de bal. Acclamée, elle se trémousse élégamment devant une énorme ventilo et se croit dans un clip de MTV des années 90.
Elle enchaîne avec Feminine, en échangeant des regards complices avec Célia, qui se déchaîne sur ses claviers. Soudain, le Botanique se transforme en club de danse un peu rétro. Le public, déjà ravagé par le charme insoutenable de l’interprète, se déhanche en rythme.
Avec une transition très subtile de Célia qui mixe à présent, la chanteuse entame Give Me Another Chance et fait participer ses spectateur·rices. Iels scandent à l’unisson le couplet hyper catchy puis rugissent de plaisir quand Empress Of annonce le prochain morceau : 4eva (Feat ShyGirl).
Les deux artistes sur scène nous ravissent ensuite d’une suite de différents projets très bien ficelée mais déjà répétée à plusieurs reprises lors de cette tournée (la setlist est fixe) : on entend la moitié de Love Is A Drug avant de profiter d’une interprétation très hot de Bit Of Rain pendant laquelle Empress Of se frotte à son pied de micro. Elle enchaîne sur U Give It Up et Wild Girl. Avec Facil, Empress Of flirte avec la foule : le combo de regard langoureux et de chorée souples, c’est un grand oui pour nous.
D’un coup, elle s’arrête, essoufflée et monte sur une plateforme en arrière de la scène. Avant d’interpréter For Your Consideration, excellent titre qui a donné son nom à son dernier projet, elle prend un temps pour s’adresser à son public. Originaire du Honduras et vivant à Los Angeles, elle ne cache pas sa déception concernant l’élection de Donald Trump : “c’est d’autant plus difficile de l’apprendre en étant en tournée en Europe… Pourquoi le monde déteste autant les femmes ?”. Puis elle marque un temps de pause avant de demander : “vous n’êtes pas fachos vous, si ?”. La foule l’écoute avec empathie, elle la remercie, puis on reprend la fête avec Baby Boy.
La soirée bat son plein, avec What Type Of Girl Am I ? et si on en croit les dires de son interprète, la réponse serait apparemment “fucking crazy” d’après elle. Empress Of nous offre un version de Sucia en acapella, elle fait l’instrumental en live, au moyen de boucle. C’est d’une extrême justesse et c’est très intense. L’Orangerie, qui était incandescente deux minutes avant, reste figée devant cette performance exceptionnelle.
La chanteuse enchaîne ensuite les moves de danse très iconique : elle se frotte à la scène, se penche, se cambre sur Imma Roll Around In It avant d’atteindre le paroxysme de la séduction en faisant les yeux doux au premier rang sur Save Me.
Ce même premier rang reste bouche bée quand elle dépose son micro sur le pied pour chanter Lorelei, les cheveux volants dans l’air du ventilateur, un spot blanc au dessus d’elle, elle a quelque chose d’onirique, d’angélique. Elle rigole ensuite “vous m’avez harcelée pour que je mette cette prochaine chanson dans la setlist” avant de tous·tes nous émouvoir sur Woman Is a Word.
Après When I’m With Him, une chanson sur son ex sur laquelle Célia déchire absolument tout sur sa guitare, le concert se finit sur I’m Your Empress Of. Elle part avec un énorme sourire et un mouvement de sa main, mais le public n’est pas dupe et la réclame.
Rapidement, une silhouette retourne sur scène et lance Note To Self. Le public est ravi, les mains se lèvent pour Kiss Me (feat. Rina Sawayama). Et Empress Of nous lance : “je n’allais pas partir sans vous chanter ça” avec un clin d’œil. Tout le monde saute en rythme, et l’acclame comme la prêtresse de la pop qu’elle est. Nous, on ressort d’une salle en ébullition, avec des étoiles pleins les yeux et plein le cœur. On a fait le plein de vitamines et de dopamine, le petit boost qui était nécessaire pour survivre à l’automne.
du genre à twerker sur du Phoebe Bridgers