Se réinventer en tant qu’artiste : nécessité ou fatalité ?
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
14/11/2020

Se réinventer en tant qu’artiste : nécessité ou fatalité ?

Se réinventer. Très facile à balancer à la tête des artistes qui vivent dans une précarité permanente et qui s’enfoncent avec la crise actuelle. « Les artistes, vous n’avez pas de travail ? Vous reprendrez bien un peu de réinvention, non ? » Mais finalement, le terme n’est pas nouveau. Il occupe les esprits depuis bien longtemps, et ce, à chaque sortie de projet. On se demande constamment si l’artiste aura su raviver la flamme qu’il·elle avait attisée avant cela. On en veut toujours plus, force est de constater que cette maladie ne s’améliore pas avec l’expérience de l’homme et la femme sur Terre. Cette question est aussi au centre de la critique musicale et elle détermine souvent la qualité d’un projet, et par extension de l’artiste qui le produit. En tant que critiques musicaux, il est parfois intéressant de mettre en perspective ses propres critères et de s’interroger sur les mécanismes de l’industrie – se réinventer, vous l’aurez compris.

Aux premiers abords, nous serions tenté·es de dire oui : un·e artiste DOIT se réinventer. C’est en parlant avec nos semblables (autres mélomanes sans vie sociale apparemment), dans un souci d’objectivité, qu’on se rend compte que la « nécessité » est un mot un peu trop fort pour les bobos gauchistes que nous sommes. Souvent, nous avons affaire à des mélomanes qui, même quand ils·elles répondent non à la question de la nécessité, aiment quand même bien célébrer la nouveauté. Une audience bienveillante qui trouve des exemples d’artistes qui se réinventent, bien ou non, mais s’étend rarement sur le choix de ne pas se réinventer. Et s’ils·elles en parlent, c’est souvent de façon neutre voire négative. Mais alors, bien que l’obligation n’y soit pas, est-ce quand même mieux ?

Renouvellement, oui mais pas trop

Ce qui est assez paradoxal dans ce phénomène, c’est qu’il est toujours plus apprécié pour un·e artiste de changer mais tout en restant le·la même. Il s’agit du plus vieil ennemi de cette nation qu’est le monde : sortir de sa zone de confort. Le public, sauf mélomanes découvreurs·euses de talents compulsifs·ves, n’aime pas tellement découvrir de la nouvelle musique. Ça le met mal à l’aise, il est un peu perturbé, il n’est pas éduqué à découvrir de nouvelles choses et pire, d’aimer ça. C’est dans cet article de Pitchfork que nous comprenions qu’il y a réellement un entraînement de la part de notre cerveau à découvrir de la nouvelle musique. À force de découvrir, on va être plus à l’aise avec le fait de se plonger dans l’inconnu durant 3-4 minutes. On va commencer à prendre goût à la découverte et par ce chemin, aimer plus facilement ce qu’on nous sert dans les oreilles. Ça passera surement par le fait de découvrir des nouveaux groupes avec de nouvelles influences/ manières de faire de la musique, puis des nouveaux genres. C’est peut-être aussi pour cette raison que le jazz est si déroutant pour les oreilles non-averties, car l’inconnu voyage d’une note à l’autre, ne se donnant que peu de barrières.

Mais au sein du travail d’un·e artiste, c’est plus complexe encore. La réinvention a ses limites, tout comme la zone de confort. Un·e artiste peut se réinventer, c’est même vivement conseillé pour garder l’auditeur·trice en haleine. Attention pourtant, il faut garder une continuité, un fil rouge. On pourrait parler d’une identité musicale, un ADN qui assurerait la pérennité du groupe dans notre esprit. Il ferait appel à la partie de notre cerveau qui aime tout mettre dans des cases et tout labelliser. Ça lui permettrait de lui donner une place plus ou moins fixe, et ainsi éviter de perturber la map musicale qu’il s’est faite. Il serait donc conseillé de garder son identité mais de stimuler sa musique à chaque projet.

Il y a les artistes qui en sont. Rappelons David Bowie qui est souvent comparé à un caméléon arborant plusieurs personnalités comme Ziggy Stardust et Thin White Duke. C’est probablement l’artiste qui a le plus influencé la pop dans son renouvellement perpétuel, devenant une icône internationale. Plus récemment, beaucoup d’artistes ont été le centre de l’attention sur ce questionnement. Un exemple serait le fameux Tranquility Base Hotel & Casino des Arctic Monkeys. Un album très mal reçu par les fans puristes qui ne retrouvaient pas l’ADN rock du groupe. Le projet se voyait plus jazz, plus lounge avec des sons au tempo lent portés par le piano plutôt que la guitare. On l’assimilait plutôt à un album qu’Alex Turner aurait dû garder pour son projet The Last Shadow Puppets. Et pourtant, il avait été assez bien reçu par la critique, gratifié d’un 8.1/10 par les exigeants journalistes de Pitchfork. Les fans des Strokes avaient aussi été déçus à partir du fameux album Angles qui se ressentait comme un tournant dans la musique du groupe, jusqu’à The New Abnormal sorti cette année qui a divisé – assimilé au projet The Voidz de Julian Casablancas.

 

Ensuite, il y a des groupes qui instaurent le changement comme faisant partie de leur ADN. Comme Radiohead par exemple, qui avaient l’air de faire chaque album pour dégouter leurs fans, et pourtant ça n’avait que l’effet inverse. Plus récent, il y a King Gizzard & The Lizard Wizard qui se réinscrivent à chaque album dans un style différent, capables de produire des albums à la chaîne et de garder leur fanbase intacte et curieuse de découvrir leurs quelques cinq sorties d’album à l’année. Un autre exemple serait The Neighbourhood, dans un style plus indie/pop à influences. Porté par Jesse Rutherford, le groupe californien s’inscrit subtilement dans son propre style revisité à chaque projet avec une intelligence rare, tout en gardant la touche The Neighbourhood qu’on lui connaît. Ce sont de parfaits exemples de groupes qui réussissent à se réinventer et contenter leur audience, même avec des changements radicaux dans la couleur de leur musique – ce qui n’est pas chose aisée. Ce genre de projet éduque l’oreille du public à sortir de sa zone de confort et à apprécier par la suite des projets comme celui des Arctic Monkeys qui en réalité sont très qualitatifs, mais arrivés à un moment où leur audience n’était pas encore prête à les comprendre.

Puis il y a les artistes qui n’en sont pas. Il est alors plus facile de trouver des artistes qui ne se posent pas la question de la réinvention, les plaçant presque comme des révolutionnaires. Cigarettes After Sex en fait partie. Depuis son premier album, le groupe n’a pas changé la couleur de sa musique. Le combo guitare – basse – batterie langoureux est la recette qui les a fait connaître et dont ils ne se détachent pas. On pourrait leur reprocher que tous leurs sons se ressemblent, et pour cause, on nous sert la même chose à chaque projet. Malgré tout, les Cigarettes After Sex ont trouvé leur créneau et continuent d’explorer dans cette direction. Un son particulier qui ne ressemble qu’à peu d’autres et dans lequel les fans arrivent toujours à se retrouver. Des artistes comme Lana Del Rey, les Beach House ou encore les Black Keys, eux, évoluent un peu à chaque album mais ne changent pas foncièrement le style de leur musique. Pourtant, encore une fois, il y a un intérêt particulier dans la recherche de paroles, dans l’exploitation de leur style qui se voit affiné et fait que l’audience n’en est pas le moins du monde déçue ou ennuyée. Dans un style plus expérimental, James Blake a également amené un son totalement différent de ce qui se faisait dans les années 2010. Pour trois albums, il a exploré tout en restant dans une musique plutôt homogène. C’est seulement maintenant qu’il revient avec un EP plus clubby comme à ses débuts – engageant dans une sorte de cycle. Du côté féminin et expérimental, FKA twigs et Sevdaliza représenteraient un peu l’homologue de James Blake dans cette façon d’affiner un son expérimental à travers plusieurs albums.

La révolution musicale, un cycle sans fin ?

On peut alors dégager un genre de pattern de tous ces exemples. Une loop Exploration – Réinvention qui n’en finit pas, qui se baserait sur la théorie que chaque artiste va trouver son style musical et l’affiner, jusqu’à atteindre un point culminant qui le poussera à se renouveler pour ne pas se ressasser. Un postulat qui avait été plus ou moins formulé par James Murphy (des LCD Soundsystem), qui parlait de ne jamais faire plus de deux ou trois albums dans le même style pour éviter de ressasser ses idées. En y regardant de plus près, il est vrai que nos exemples cités plus tôt n’échappent pas à la règle. Que ce soit les Arctic Monkeys, les Strokes, James Blake à qui on pourrait ajouter Tame Impala, IDLES… tous ont arboré un style le temps de deux à trois albums avant d’en changer pour quelques projets. Il faut dire aussi qu’à chaque loop, les artistes récupèrent une fanbase qu’ils·elles n’avaient pas avant et perdent les plus conservateurs de leur communauté existante. C’est le cas pour Tame Impala qui a commencé dans le rock psyché au style alternatif, avec InnerSpeaker et Lonerism, qui a convaincu les fans de rocks pour ensuite conquérir un public plus large à partir de Currents et jusqu’à The Slow Rush, qui n’a pas plu à tout le monde.

Par définition, la révolution musicale constitue un cycle. Les styles se réinventent sans arrêt pour reprendre des éléments du passé et les intégrer à un nouveau style affiné. Les genres sont donc de moins en moins discernables, les influences se mélangent et on pioche le meilleur de toutes les époques et styles confondus. C’est aussi ce qui a fait le succès des samples ; reprendre des éléments intéressants du passé pour les intégrer à ses propres productions de façon toujours plus créative. Ceci est valable pour la partie plus rock du spectre musical mais s’applique également au style populaire. Le grand exemple de cette année n’est autre que Dua Lipa dont les producteurs ont utilisé une influence disco des années 80, ce qui fait de son album un chef d’œuvre comparable au meilleur de la pop allant de Madonna à Kylie Minogue. Pas étonnant que le nom de cet opus soit Future Nostalgia. Pareil pour l’album Lemonade de Beyoncé qui changeait d’influence à chaque chanson, gardant comme base un son pop entraînant qui a le mérite de vite infiltrer les esprits.

Bien sûr, la pop prendra moins de risques, car elle ne peut se permettre de trop changer, elle trouve ce qui fonctionne et l’exploite – parfois trop, même. On se retrouve parfois à écouter une nouvelle chanson et à avoir l’impression de l’avoir déjà entendue. Malgré tout, le pouvoir de la pop c’est d’arriver à nous la mettre en tête, si pas dès la première écoute, très rapidement. C’est pourquoi il ne faut pas minimiser le talent des producteurs·trices de ce style parfois rendus simplet·tes par les moins informé·es. La conséquence de cette utilisation pour convaincre le plus grand nombre, c’est de lisser les choses. Des productions qui ne sont plus très brutes (loin d’un Bob Dylan par exemple), mais justement mixées de façon très fluide pour ne pas choquer les oreilles de la populace. En plus des productions, le style lisse les sujets abordés parfois, allant jusqu’à l’opportunisme artistique. Parler féminisme ou revendiquer son côté queer est devenu populaire et cool alors que cela venait d’une vraie revendication à la base. À critiquer ou pas, parfois il est aussi bien de populariser des sujets pour les ancrer dans la société et ainsi donner de la force à certaines causes dont on ne parlait pas avant (mais ça, c’est pour un autre dossier).

Beaucoup de facteurs en jeu

La réinvention musicale s’opère de plein de façons différentes en fonction des genres, des artistes et du public qui est engagé dans cette relation émetteur – message – récepteur qu’est la musique. C’est une communication qui dépend d’énormément de facteurs et pour laquelle il serait difficile de trouver une règle universelle.

Le renouvellement va prendre des formes différentes en fonction du genre musical dans lequel on se trouve. Au niveau de la pop, elle se manifeste beaucoup dans l’apparence et dans l’esthétique. Il y a un besoin de se vendre tel un produit et de travailler son apparence à chaque projet, faisant place carrément à des “ères”. Ce besoin se révèle plus présent pour les femmes dans le style pop qui doivent continuellement capter l’attention via leur physique. Les restes de l’objectification de la femme et de l’utilisation de son image pour séduire les spectateurs en permanence ? Surement. Pour captiver, un homme qui fait de la pop n’aura besoin que de son charisme et de sa guitare. Porter un vieux sweat sur scène fera l’affaire alors qu’une femme sera toujours tirée à quatre épingle pour chaque show, ayant une vraie team de stylistes derrière elle (Ariana Grande, Angèle, Lady Gaga, etc.). Au niveau purement musical, la réinvention se fera de façon douce et esthétique comme le prouve le dernier album de Taylor Swift qui se place dans un esprit plus dark et mélancolique ou encore Miley Cyrus, la star de Disney Channel, qui s’expose dans un style plus brutal rock/country. À noter que ces changements s’accompagneront souvent d’un renouvellement stylistique total, un phénomène qu’on verra moins apparaître chez les hommes (Ed Sheeran, Justin Bieber, etc.). Une tendance qui commence tout doucement à changer pour une attention particulière à l’esthétique qui devient générale au genre pop – et au-delà.

La position du rap ou hip-hop est très différente. Le grand exemple du renouvellement ici, c’est bien sûr Kanye West. Depuis les années 2010, il a influencé tout un style musical tant au niveau de son talent en termes de productions qu’au niveau de son écriture. Chaque album s’est vu plus challengeant que le précédent. D’un Kanye qui parle de la vie à un papa qui parle de sa vie et de la santé mentale mais aussi de la spiritualité. Le visuel, ici, c’est ce qu’il produit, c’est ce qui rend son message plus fort, il n’améliore pas son personnage en lui-même. Ce qu’il est, on l’aime ou on le déteste, et il en est bien conscient quand il dit I miss the old Kanye” dans I love Kanye. Un autre grand influenceur ? Kendrick Lamar. Un artiste qui se réapproprie le genre à chaque album, mené par ses réflexions personnelles dans des “concept albums“. On se rappelle du passage du jazz/rap de To Pimp A Butterfly au trap/hip-hop assumé de DAMN. Il a façonné sa musique grâce à son expérience et son regard sur la société résultant dans un bouleversement du genre rap, qui se base sur ces mêmes valeurs. 

Alors, est-ce que c’est la musique qui construit l’artiste ou l’artiste qui construit la musique ? Question qu’on avait déjà posée à Ichon lors d’une interview et à laquelle il avait répondu : “C’est la vie d’abord, c’est sûr”Les deux peuvent coexister mais il y a toujours une tendance à dire que c’est l’artiste et sa vie qui vont construire sa musique. Par extension, la vie de l’artiste va fluctuer, allant de pair avec sa vision artistique et il est donc normal que sa musique change aussi. Les artistes sont des êtres humains comme les autres qui se questionnent en permanence et expérimentent dans leur vie de tous les jours, c’est aussi ce qui fait la beauté de leur musique, cette réflexion sur eux-mêmes et le monde qui les entoure. C’est un aller-retour permanent entre l’introspection et le reflet – comme un miroir en fait. La musique n’est qu’une extension de lui·elle-même et changera d’office avec lui·elle. On ne peut pas attendre de lui·elle qu’il·elle reste le·la même tout le temps, comme on ne peut pas vouloir la même chose pour nous-mêmes.

Parce que oui, la musique existe dans le passage du message d’un émetteur à un récepteur. L’audience qui reçoit le message vit aussi et par définition change aussi. Chaque personne est différente et pourtant, des valeurs, des affinités se rassemblent sous la tutelle d’un genre ou d’un artiste dans ce qui constitue son audience. Mais si l’émetteur est en constant changement, le récepteur aussi. Chaque personne passe par des périodes de vie différentes, ce qui constitue souvent des fluctuations en termes de goûts musicaux. Par exemple, il y a des musiques qu’on aurait détestées il y a quelques années mais qu’on apprécie maintenant car nous avons vécu et changé et nous sommes maintenant plus réceptifs·ves à tel ou tel message. Il est souvent commun de ne pas accrocher à certaines musiques, d’y revenir par la suite et de les adorer. Ce qui est complexe dans tout ceci c’est que si l’un et l’autre changent, il y a souvent un point où ils sont en « phase » et se rejoignent comme dans toute relation humaine.

Par conséquent, ça veut aussi dire que les deux parties peuvent diverger et ne plus se rejoindre sur ces points à un moment donné. L’artiste aura évolué dans une direction qui ne plaît pas à une partie de son audience, qui ne partage plus ses valeurs. Il s’agirait de retenir que ce n’est pas grave. Il y a des milliers d’artistes qui peuvent encore nous apporter ce qu’on ne retrouve plus dans la musique des uns. Donc pour les fans grognons qui se disent « c’était mieux avant », le mieux qu’ils·elles puissent faire, c’est de passer leur chemin. Souvent la critique est facile et place la musique comme étant devenue mauvaise, alors que ce n’est pas toujours le cas. C’est un peu comme dire : « C’est nul ! » alors qu’il faudrait dire : « Je n’aime pas. » Il y a une subjectivité énorme dans l’art et dans la musique plus particulièrement, donc si on ne s’y retrouve pas, ça ne veut pas toujours dire que notre parole est d’or. Si on n’aime pas, il y aura toujours plein de gens pour apprécier la réinvention – ou non. Bien sûr, il y a des critères objectifs comme la production, l’écriture, le mixage, la technique de chant. Mais si on se base sur la réinvention de la musique seulement et que ces critères sont remplis, rien ne sert de critiquer juste parce que ça ne nous convient plus.

La conclusion de tout ça serait que même si on est dans une industrie où tout va très vite et dans laquelle on demande toujours plus des artistes, il est important de laisser l’artiste transformer sa vision en art comme il·elle l’entend. Tant que la qualité y reste, il y aura un public qui suivra. Peut-être est-ce le moment de s’entourer de bienveillance pour laisser les artistes donner le meilleur d’eux·elles-mêmes et de s’éduquer à découvrir de nouvelles choses ? Comme Alan Moore le disait : “Ce n’est pas le travail de l’artiste de donner au public ce que le public veut. Si le public savait ce dont il a besoin, alors il ne serait pas le public. Il serait l’artiste. C’est le travail de l’artiste de donner au public ce dont il a besoin.” Ou pour citer Jean Vilar : “Il faut donner au public ce qu’il ne sait pas encore qu’il va aimer”. On y ajoutera une petite nuance, c’est que l’artiste ne doit absolument rien à son public, mais plutôt à lui·elle-même de pouvoir s’exprimer à sa façon.

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