Sean : “Moi je suis un rêveur et c’est ce qui me maintient en vie”
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Auteur·ice : Mathilde Vanderweyen
25/04/2022

Sean : “Moi je suis un rêveur et c’est ce qui me maintient en vie”

Photos : Humbert Deschamps

Il était une fois un jeune prince dont les rêves dépassèrent la réalité. Né avec l’âme d’un artiste en constant changement, Sean entama une quête perpétuelle de sa musique. Une musique avec une âme, celle avec une substance et de la sincérité, et aujourd’hui une musique couronnée. Contrairement à de nombreux rappeurs, ce jeune prince ne voulut pas accéder au trône du rap français et en être le roi. Il refusa d’être ce personnage possédant le plein pouvoir et ayant déjà tout accompli. Zeu Dog voulut obtenir le statut de Prince, en quête d’une gloire perpétuelle, renouvelant ses rêves et objectifs. 

La Vague Parallèle : Salut Sean, comment vas-tu ? 

Sean : Très bien, merci. C’est que du kiff là, avec la sortie de ma mixtape, mais aussi mon premier concert à la Boule Noire. 

LVP : Avant tout cela, on t’a découvert en rookie à l’univers particulièrement riche et rempli de concepts et d’univers étonnants, ce qui a fait de toi aujourd’hui un artiste à part entière ; tu te présentais comme être mi-homme mi-animal dans l’un de tes précédents projets, et maintenant tu te présentes comme Prince. Raconte-nous un peu cette évolution et ce statut. 

 Sean : Je ne me présente pas tellement en tant que prince, mais je voulais plus amener un philosophie autour de ce statut, en reprenant les codes de contes de fées où il y a une opposition au statut du roi, avec son opulence et la place qu’il occupe dans le royaume. Dans ce sens, le prototype du roi est aussi ce personnage mourant, gros, un peu aigri, etc. Tandis qu’avec Restez Prince, je propose un concept dans lequel il faut toujours rester en vie, simple et humble. Personnellement, je ne veux pas arriver au statut de roi parce que ça voudrait dire que j’arriverais tout doucement à mes fins… Moi je suis un rêveur et c’est ce qui me maintient en vie, c’est ça être prince. 

LVP : La manière dont tu amènes et tu conjugues le titre Restez Prince, c’est une invitation à tes auditeurs à suivre cette philosophie ? 

Sean : Chacun l’interprète à sa façon. Il y a pas mal de personnes qui le voient comme ça, mais moi je le vois aussi comme un conseil que je me donne à moi-même, pour me rappeler ce que je suis. Donc j’invite les autres à faire la même chose. C’est pas moi qui leur dit de rester prince, mais je leur donne le conseil de se dire à eux-mêmes, chaque matin, de rester prince. 

LVP : On retrouve comme une prise de conscience et de confiance en toi dans ce projet et ce que tu donnes comme explications à celui-ci. Car, dans ton dernier album MP3+WAV, il y’avait des parts de doutes en toi ; tu disais « et dire qu’on voulait jeter nos rêves ». Est-ce que, avec Restez prince, c’est une manière pour toi de dire que tu es passé au-dessus de ces doutes et être prince est le statut de la confiance en soi ? 

Sean : C’est vrai, mais justement au moment où je dis « et dire qu’on voulait jeter nos rêves », c’était ma prise de conscience. J’avais déjà laissé les doutes derrière moi et je me suis réveillé à ce moment-là. C’est se dire « moi, à un moment donné, j’ai eu des doutes », mais il ne fallait pas avoir ses doutes et vouloir jeter nos rêves, mais les poursuivre et les renouveler. 

LVP : Donc tu poursuis tes rêves sans pour autant y voir une finalité ? C’est là où la philosophie de Prince prend tout son sens pour toi. il s’agit de rêver sans jamais s’arrêter et voir toujours plus loin ? 

Sean : Exactement, y’a pas de vision de fin. Je me laisse rêver. En réalité, à court terme je sais quels sont mes objectifs et je fais tout pour les atteindre, mais à long terme, je vois toujours plus loin. 

 

LVP : Tes rêves justement, tu les partages avec d’autres artistes. Même si, sur tes propres projets, on retrouve peu de collaborations, tu apparais sur pas mal de projets extérieurs, notamment ceux de Roseboy666, Zinée, Rad Cartier et surtout S.Pri noir, qui est présent sur ta mixtape. Est-ce que pour toi ces artistes partagent la même vision artistique que toi ? Peux-tu expliquer ta collab avec S.Pri ? 

Sean : Pour moi, les collaborations, c’est de l’humain à la base. Les artistes que tu as cités, je les connais humainement et ils m’inspirent de ce point de vue-là, mais aussi musicalement. Avec S.Pri Noir, on s’est connectés via des connaissances et j’ai direct accroché avec lui, il a tellement à m’apprendre. Je bosse beaucoup avec de plus petits artistes et on apprend mutuellement énormément de choses, mais S.Pri y a un rapport différent, quand on échange je l’écoute les deux oreilles grandes ouvertes. Quand j’ai commencé ce projet, certaines personnes n’étaient pas très sûres de là où j’allais, mais lui m’a suivi dans cette vision et m’a dit de me faire confiance. 

 LVP : C’est comme ça que t’imagines les choses plus tard, te faire tes propres expériences et pouvoir ensuite les partager avec des artistes plus jeunes afin de leur donner ta vision de la musique et du rap ? 

Sean : Oui, j’espère réellement ! Après, je sais pas si j’aurai encore ce statut de “Sean”, mais en tout cas, aider les jeunes artistes à accomplir leurs rêves, c’est trop chaud ! Mais est-ce que chaque artiste est légitime pour donner des conseils ? Je sais pas, car j’ai l’impression qu’il y a bien un moment où tu deviens dépassé. Enfin, très peu d’artistes arrivent à tenir dans le temps, en évoluant avec mais surtout en prenant une place qui leur correspond. Mais quand on retrouve ça, évidemment la transmission des expériences est super importante ! 

LVP : Il faut savoir se re-positionner aussi et avec tous les éléments que tu donnes, je pense à un artiste comme Disiz, récemment revenu dans l’actualité. Est-ce que, d’après toi, Disiz serait une bonne référence concernant cette idée de repositionnement et légitimité autant d’années après le début de sa carrière ? 

Sean : Oui, complètement ! En plus, il met en avant des jeunes artistes comme le producteur LUCASV. C’est super chaud ce qu’ils ont fait ! 

LVP : Tu t’entoures de jeunes artistes, toi aussi ?

Sean : C’est drôle mais non, à ce niveau-là je m’entoure de plus vieux producteurs, etc. Depuis septembre je travaille avec un nouveau studio. Un endroit incroyable où je me sens vraiment bien, et les autres artistes là-bas ont dix ans de plus que moi et beaucoup d’expériences. Dans la musique, ces gars sont grave attachés au jazz par exemple, et au-delà de ça, leur vision de l’industrie française est très différente de celle qu’on entend souvent. Ils m’ont vraiment ouvert l’esprit sur certaines choses et c’est ce que je recherche. 

LVP : On vient de citer énormément d’artistes mais il y en a encore bien plus qui méritent de faire parler d’eux. Sur la tête de quel.le artiste déposerais-tu cette couronne de prince.sse ? 

Sean : Je dirais Virgil Abloh. Justement, pour l’idée de transmission dont je te parlais tout à l’heure, il a mis beaucoup d’artistes de ma génération en lumière. Et pour citer une femme, je dirais Cannelle.

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