| Photos : Hugo Payen pour La Vague Parallèle
C’est la rentrée. Un mot qui nous donne autant d’urticaire que d’excitation. D’un côté, la légèreté de l’été laisse sa place au retour de la morosité mais d’un autre, c’est l’heure de retrouver les planches de nos salles préférées. Heureusement, le Botanique nous a entendu. Pour marquer le coup, c’est sans même se questionner qu’on a voulu se diriger vers la douceur de Searows en cette première journée de rentrée. On vous raconte notre soirée.
L’été c’est fini. Tout le monde le sait, le sent et pourtant, tout le monde tente à sa manière de faire comme si de rien était. Les longues nuits d’été, la chaleur étouffante, le ciel pastel et les verres qui trinquent. On va pas se mentir, tout ça nous manque déjà.
En été, les salles de la capitale foulées toute l’année par nos déhanchés éclectiques cèdent leur place aux superproductions que nous envoient dans la figure les grands festivals du pays. Nous faisant presque oublier les souvenirs engrangés de nos artistes préféré·es. Puis d’un coup, c’est la claque, le retour à la réalité. En un claquement de doigt seulement, l’été devient un souvenir un peu lointain. C’est le terrible retour du « métro – boulot – dodo ». Un premier coup de blues que même l’été indien ne peut mettre de côté.
Pourtant ce dimanche premier septembre, entre les murs du Botanique, Searows nous a fait tout oublier. Une mise en pause du temps et de l’espace que l’on ne pensait pas être déjà nécessaire. Ou en tous cas, désirée.
Sophie May, votre prochaine superstar anglaise préférée
Le Musée bouillonne, tant par la chaleur record de ce dimanche que par l’excitation de la petite centaine de personnes présente ce soir pour admirer l’ingéniosité de la nouvelle légende du genre qu’est Alec Duckart, de son prénom. Avec un premier album, Guard Dog, acclamé de son Oregon natal jusque dans nos contrées européennes, Searows est indéniablement l’un des phénomènes folk à suivre de près.
Mais avant de se perdre dans les vulnérables morceaux de vies avec lesquels Alec est venu nous bercer ce soir, place à quelques minutes – par ailleurs toujours un peu trop rapide à notre goût – de l’énergie incandescente de Sophie May. Par chance, les textes de l’auteure-compositrice britannique n’ont pas de secret pour nous ce soir. Découvert sur les planches du 7Layers Festival l’année passée, on succombe à la mélancolie de Sophie May toujours un peu teintée d’humour. Une fois encore.
Entre amour, désillusions et pensées (un peu trop) intrusives, si seulement elle pouvait prolonger la chose encore un peu. Qui sait, peut-être aurons-nous la chance de (re)voir l’auteure-compositrice au storytelling lumineux entre les murs de nos salles belges. En tous cas, elle semble avoir trouvé son public en Belgique. Ne sait-on jamais.
Quelques chansons tristes, beaucoup de tendresse
La salle, pas aussi remplie que ce que nous avions imaginé, se plonge alors dans le noir. Sourire aux lèvres et frissons aux bras, il ne nous en aura pas fallu beaucoup pour se laisser engloutir par l’arrivée de Searows. Une entrée sur fond de Start, morceau d’ouverture de l’album, qui plonge directement l’atmosphère dans cette parenthèse délicate que nous sommes tous·tes venu·es chercher ce soir.
« I’ve got a lot of sad songs for you Brussels » résonne alors dans le Musée. À en croire les afficionados de l’artiste présent en petit nombre, murmurant en cœur les quelques mots qui s’échappent de la bouche d’Alec, il semble clair que les chansons tristes soient notre phare dans la nuit. Notre point commun à tous·tes ce soir.
Les différents morceaux qui ornent Guard Dog s’enchaînent et se mêlent aux corps inévitablement frappés par cette dose d’émotions ininterrompues. Roadkill, Keep The Rain, Villain ou encore Coming Clean, son premier opus occupe l’espace. Et bon, même si nous aurions adoré entendre North Star – petit coup de cœur personnel – s’étendre à travers le Musée ce soir-là, la déception n’est que de courte durée.
Car si North Star ne trouve pas sa place dans là déjà magique setlist, les autres pièces issues de son dernier EP en date, End Of The World, ou encore son nouveau single martingale, nous atteignent en un rien de temps. Une vulnérabilité décuplée, venue ainsi nous faire oublier la fin de l’été avec cette véhémence propre à l’auteur-compositeur américain.
Une heure et demie durant, Searows va nous conter ses peines, ses mots doux et amers à la fois. Plus le temps passe, plus la chaleur se propage dans la salle. Pour la première fois de la soirée, la chaleur extérieure n’y est pour rien. Parce que oui, si les histoires qu’Alec nous a raconté ce soir, guitare à la main, peuvent s’accompagner de frissons interminables, l’effervescence qu’il engendre elle, n’a fait que grossir au fil des morceaux.
Pour combattre la morosité de la rentrée et ainsi commémorer ces quelques mois d’été passé indéniablement trop vite, cette première soirée au Botanique était sans aucun doute la meilleure chose que l’on pouvait faire ce soir-là. Un premier septembre pas comme les autres, et finalement, c’est peut-être aussi ce qu’on est venu·e chercher.
Toujours au premier rang d’un concert par amour mais surtout parce que je suis le plus petit. Je fais de la mélancolie mon principal outil.