Session numérique : Yael Naim et Cindy Sherman s’épousent en chanson
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
15/12/2020

Session numérique : Yael Naim et Cindy Sherman s’épousent en chanson

Dans Session Numérique, La Vague Parallèle sillonne la toile à la recherche de ce qu’Internet nous réserve de plus fort, de plus doux, de plus coloré. Aujourd’hui, on clique sur la pause musicale de Yael Naim entre les murs de la Fondation Louis Vuitton à Paris. Déambulant face aux œuvres de l’artiste Cindy Sherman, elle nous offre des versions épurées de ses berçants Attendre et Wish. Hors du temps.

En mars dernier, la musicienne franco-israélienne aux trois Victoires de la Musique faisait son grand retour avec Nightsongsun album personnel et intimiste entièrement écrit la nuit. En découlaient des titres clair-obscurs et oniriques, à l’instar du somptueux Shine, bouleversant cordes-voix à la poésie brumeuse et délicieusement mystique. Le 29 octobre, elle rallongeait la liste de ses divagations nocturnes avec Unreleased Nightsongs, une collection de quatre douceurs supplémentaires. Invitée par la Fondation Louis Vuitton, elle interprète lors de “pauses musicales” deux de ses nouveaux morceaux, épiée par les personnages de l’univers de Cindy Sherman, artiste et photographe américaine contemporaine.

 

Célèbre pour détourner malicieusement les traits de son visage et se glisser dans des identités multiples et diverses, Cindy Sherman est actuellement mise à l’honneur à la Fondation Louis Vuitton où 170 de ses œuvres brisent le silence désertique imposé par les conditions sanitaires actuelles. Pour lui prêter main forte et faire vibrer les murs de cet endroit unique et sacré, Yael Naim s’est imprégnée de la magie de cet art si particulier pour l’infuser à ses propres morceaux. Un mariage des arts scintillant.

“Je me sens liée à l’œuvre de Cindy Sherman, et ses questionnements sur l’identité. Ils m’ont inspiré une déambulation dans l’exposition. Ses visages sont comme des résonances à nos propres dualités, ces confrontations constantes entre les rôles que nous endossons, et notre quête intérieure d’authenticité. Une fugue acoustique, parfois a cappella, qui fait face aux échos mystérieux qui me traversent.” Yael Naim

C’est d’abord avec Attendre, simplement armée de sa guitare, pieds nus, que Naim illumine l’espace. Et le temps qu’il nous reste n’attend pas. Tant que je respire, je reste là. Alors viens, on y va.” Une ballade légère et pleine de vie qui respire l’espoir, plus opportune que jamais actuellement. Changement de décor, la nuit prend possession de la Fondation pour plonger la chanteuse dans une atmosphère ombre-mentholée et accueillir I Wish, piano-voix intense sur lequel sa voix se fait perçante et envolée. Deux précieux moments suspendus esquissés par le visionnaire Zenzel, photographe-réalisateur derrière les visuels d’Aloïse Sauvage, notamment.

 

Alors que nos sanctuaires culturels se voient durement condamnés, cette alliance magistrale des arts musicaux et picturaux nous rappelle l’importance de ce genre d’évasion, quand sons et images couvrent le tumulte le temps d’une chanson. Essentiel. Unreleased Nightsongs est disponible partout, et est à savourer sans modération pour panser les plaies de cette vilaine année 2020.


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