Ne cherchez plus, on l’a trouvé : à la fameuse question de Konbini “quel album envoyer aux aliens pour les empêcher de faire sauter la terre ?”, on répond Sexy Planet de Bonnie Banane. Pour son premier album, c’est par la drague musicale que la chanteuse à l’extravagance délicieuse tente de se “mettre la planète dans la poche, histoire qu’elle l’épargne de ses humeurs.” Un disque à l’esprit surréaliste et à l’imagerie hallucinée, qui transpose en musique la théâtralité du personnage Bonnie Banane. Une valeur sûre pour convaincre nos voisin·es extraterrestres de ne pas faire exploser notre sexy planet. Laissez-nous vous dire pourquoi.
Raison 1 : Bonnie Banane est elle-même une ovni
Mieux que personne, Bonnie Banane a su rendre le kitsch tendance au fil des années, en cultivant une identité énigmatique qu’elle situe elle-même “entre Aaliyah et André Rieu”. Ça annonce la couleur. Musicalement, la philosophie reste semblable : un joyeux bordel kaléidoscopique, rattaché de près ou de loin à la culture r’n’b américaine qui a diverti son enfance bretonne.
Après un EP, Soeur Nature, en 2015, et plusieurs apparitions aux côtés de ses amis Myth Syzer et Flavien Berger, le premier album de l’ovni du r’n’b francophone nous semble une excellente offrande aux martien·nes, pour la simple et bonne raison qu’elle est probablement l’une des leurs. Et s’il vous faut une bonne raison de nous croire, Sexy Planet vous en donne quatorze. Quatorze morceaux qui, d’une façon ou d’une autre, renferment chacun quelque chose d’expérimental et d’extra. Les sonorités galactiques de Béguin ou les kicks stratosphériques de Limites ne trompent pas : Bonnie Banane vient d’ailleurs. Loin. Très loin.
Raison 2 : Bonnie Banane peut faire groover l’espace
Une seule vocation : “faire groover la France“, confiait-elle récemment dans l’un des superbes podcasts DNA de la journaliste parisienne Naomi Clément (on vous les conseille vivement). Mais pourquoi s’arrêter là ? Empreinte d’une positivité effervescente, la musique de Bonnie Banane invite souvent à l’évasion corporelle et à la pétulance groovy. Et il serait cruel d’en priver nos ami·es aliens.
On se dandine ainsi fiévreusement à l’écoute de Cha-Cha-Cha, sur lequel s’invitent les producteurs bruxellois Prinzly et Ponko (derrière les tubes de Damso et Hamza, entre autres). Dans le même esprit, Sexy Planet nous offre une déferlante de rythmes enivrants pour composer le centre névralgique bouillonnant de l’album. Cette ode à notre globe terrestre donne ainsi l’impression d’un disque composé à l’image de notre planète bleue : articulé autour de ce noyau terrestre où le fer et le nickel auraient été troqués contre les snares et les beats de l’ingénieur du son Théo Lacroix. “Je me prends pour la planète Terre. […] Je me prends pas pour de la merde. Par respect pour l’univers. Look what’s been done to her!”
Raison 3 : Bonnie Banane est un symbole de multiplicité
Il existe tant de styles musicaux à présenter aux visiteur·euses de l’espace qu’en sélectionner un seul serait trop épineux. Alors pourquoi ne pas tous les choisir ? Véritable vitrine éclectique des genres musicaux modernes, Sexy Planet renferme une multitude de courants qui s’articulent ici en quinconce, dans un cafouillis plaisant. On passe ainsi d’un esprit médiéval sur l’enjoué Les Bijoux De La Reine à l’atmosphère électropop vaporeuse et futuriste de Deuil et Quelle Osmose !, en passant par de la pop autotunée à l’excès sur Les Papillons. Avec une telle disparité musicale, le disque traverse ainsi les époques et les genres sans jamais laisser l’un ou l’autre gimmick trahir la patte Bonnie Banane.
Raison 4 : Flash est la soundtrack idéale pour un armistice
Finalement, si les petits hommes verts n’en démordent pas et décident tout de même de larguer leur artillerie astronomique sur la Terre, il nous faudra alors employer la manière forte : Flash. Un morceau d’une tendresse et d’une chaleur si grandes qu’aucune forme de barbarie ne peut continuer à persister à son écoute. La poésie qui s’en dégage est captivante et son clip la renforce davantage, mettant en scène la chanteuse et son adorable chiot en pleine ascension de la Dame de fer. Des images sobres et élégantes signées Mati Diop, réalisatrice du film Deux, sélectionné pour représenter la France lors de la prestigieuse cérémonie des Oscars en avril 2021.
Enregistrées dans la chaleur confortante d’Ibiza, lors de l’été 2017, les lignes de Flash transpirent la volupté et l’allégresse. Sur les délicates sonorités de Loubensky, Papooz, Monomite, Martial Foe et Jimmy Whoo, Bonnie Banane partage ici ses souvenances d’un rendez-vous marquant. Indéniablement l’arme ultime pour faire de nos voisin·es extraterrestres nos ami·es pour la vie. Le pouvoir fédérateur de la musique, au-delà des enveloppes atmosphériques.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.