On a trouvé l’album post-rupture parfait et il s’appelle (si justement) Breakup Songs. Ana Benabdelkarim – qu’on a eu le plaisir de rencontrer en janvier pour papoter ruptures, Vogue et astrologie – adore le drama. Et c’est elle qui le dit. Ça tombe bien, nous aussi. Impossible, dès lors, de ne pas s’immerger instinctivement dans ce premier album gorgé de sentiments multiples. Un conseil, accrochez vos cœurs.
La jeune Nantaise, ex-chanteuse du groupe Pégase, sort son premier album ce vendredi 18 juin, de quoi nous accompagner tout au long de l’été. Répondant au nom de Silly Boy Blue depuis 2018, la chanteuse nous avait déjà tapé dans l’œil et le cœur par le passé avec un EP quatre-titres teinté de mélancolie et intitulé But You Will. Ses premiers titres auront alors suffit à nous subjuguer, à l’instar de The Fight, parfait manifeste de la musique de Silly Boy Blue : « un mélange de mille sentiments sur fond de pop. »
Trois ans plus tard, Ana Benabdelkarim délivre enfin son premier disque, qui plus est mixé par Ash Workman, le génie derrière les tubes de Metronomy ou Christine and the Queens. Un premier élan enregistré entre Paris – avec Apollo Noir – et le Studio 33 en Haute-Normandie – avec Sam Tiba, membre du prolifique Club Cheval.
Tout commence avec un nom de scène qui fait référence à une chanson de David Bowie : Silly Boy Blue, extraite de The Deram Anthology 1966 – 1968 (1997). Car Ana aime les références. Et elle n’hésite pas à en faire, notamment dans ses clips. En témoigne le visuel impeccable de Hi, It’s Me Again qui met en scènes la bouche iconique du célèbre Rocky Horror Picture Show, le collier légendaire de Titanic ou encore la phrase anthologique du pins de Truman Show qui questionne : “How is it going to end?”
Chanteuse, compositrice, multi-instrumentiste et productrice, voici toutes les casquettes de Silly Boy Blue. À travers ses chansons, elle tente de transmettre ce qu’elle a elle-même reçu des artistes qu’elle aime. Une façon de convoquer au mieux les vertus salvatrices que la musique a pu avoir sur elle. « Chaque moment important de ma vie a été géré par des chansons. Ça a été le moyen de m’émanciper de deux grands frères, de me trouver une identité au lycée. Je me suis construite sur la musique », explique-t-elle dans un communiqué de presse.
Tout au long de ce projet qu’elle a porté pendant ces trois longues années, Silly Boy Blue nous montre sa sensibilité, ses peurs, ses doutes. Une sorte d’exorcisme de ses peines. À travers des récits inspirés de ses ruptures amicales et amoureuses, elle parvient à transmettre ses émotions les plus profondes. C’est finalement la force d’Ana : sublimer ses faiblesses, ses parts de vulnérabilité.
Avec Breakup Songs, elle offre un mélange entre des ballades guitare/voix et des chansons plus énergiques, avec plus d’arrangements, et des titres plus pétillants comme Goodbye. Notre petite préférée : 200 Lovesongs. Résolument plus pop, elle donne instantanément envie de conquérir le dancefloor. Mais ce qui prime chez Silly Boy Blue, c’est la mélancolie. Hi, It’s Me Again, c’est un peu la chanson qu’on aimerait envoyer à notre ex, quand on en est au stade de la résilience. C’est : « tout ce que j’aurais aimé pouvoir dire mais que je n’ai pas osé, toutes les questions que je me suis posées après» explique la musicienne à propos du titre. Une version orchestrale de The Fight, réarrangée sous la direction de Uèle Lamore, affiche, elle, une autre dimension au sein du tracklisting. D’autant plus puissante puisque multiple, avec la présence d’harmonies et d’arrangements rythmiques.
Ça valait donc le coup d’attendre trois ans pour son premier bijou, puisque l’artiste présente ici douze titres d’exception. Et si vous aussi, vous passez vos journées à penser à votre crush (ou votre ex ?), à vous imaginer des scénarios qui n’arriveront probablement jamais, cet album est aussi le vôtre. Prenez-en soin.
Je passe le plus clair de mon temps à faire des playlists. Je ride aussi les océans.