Skinty Fia : un retour aux sources pour Fontaines D.C.
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Auteur·ice : Léa Formentel
22/04/2022

Skinty Fia : un retour aux sources pour Fontaines D.C.

C’est un troisième album pour le quintet irlandais. Skinty Fia nous offre un peu du pays où la Saint Patrick est une fête nationale et où le leprechaun est un symbole. Véritable retour aux sources, Skinty Fia sort ce vendredi 22 avril chez Partisan Records et c’est une fois de plus un petit bijou.

Retour fracassant pour Fontaines D.C, de quoi poursuivre cette saison de printemps de manière plus que plaisante. Après l’obscur A Hero’s Death, sorti en juillet 2020, le groupe dublinois nous offre un mélange entre tradition et modernité, entre la fougue de Dogrel (2019) et la noirceur de A Hero’s Death.

Une nécessité de renouer avec la mère patrie depuis qu’ils sont sous le feu des projecteurs, de reconnecter avec leur identité irlandaise et surtout depuis qu’ils se sont installés à Londres. D’où ce nom de disque : Skinty Fia, traduisez « la damnation du cerf » qui n’est autre qu’une référence au cerf géant irlandais, espèce éteinte aujourd’hui, mais cette expression s’utiliserait également pour dire quelque chose dans le goût de « for fuck’s sake » en anglais, selon Conor Deegan III, le bassiste du groupe. S’ajoute à ça ce magnifique premier titre, In ár gCroíthe go deo, écrit en langue irlandaise et qui veut dire « In Our Hearts Forever » en anglais. Dès le début se juxtaposent deux voix dans cette chanson. Elles vont alors répéter la même phrase en boucle sur un motif simple, de quatre notes seulement, pourtant rempli de tension. S’apparentant un peu à une lamentation, il est accentué par la voix parfois criarde de Grian Chatten, leader du groupe, et le rythme incessant à la batterie. De quoi offrir une entrée plutôt électrisante.

 

La pluie, les bars, les pintes et la camaraderie

Une envie de renouer avec leur culture qui passe également par un choix instrumental différent. The Couple Across The Way, morceau accordéon-voix, d’ordinaire plutôt d’usage dans les bals musette ou dans les chants traditionnels : « Nous avons vraiment essayé de nous raccrocher aux choses qui font de nous des Irlandais. Il y a un côté sentimental à s’asseoir dans un pub irlandais à Londres, entouré d’autres Irlandais, il est 4 heures du matin, les lumières s’éteignent et on se souvient à moitié de ces vieilles chansons. D’un autre côté, il y a quelque chose de sombre et d’un peu morose là-dedans. » explique Deego (le bassiste) dans un communiqué de presse.

Certains morceaux, eux, sont nés d’une jam session. C’est le cas de In ár gCroíthe go deo mais aussi le brillant I Love You.  Grian y dévoile un discours doux-amer, mais, attention, ne vous méprenez pas : « To be here loving you when/I’m in the tomb/I’ve eddied the heart now from Dublin to Paris » affirme le chanteur de Fontaines D.C. Ce titre n’est pas une sérénade pour un être cher, enfin, en quelque sorte si, car ici l’être cher n’est autre que l’Irlande, il parle surtout de la culpabilité de notre cher leader d’avoir réussi sa carrière de musicien et d’avoir quitté son pays d’origine. Des paroles néanmoins sombres et profondes, comme celles de Jackie Down The Line, où Chatten chante ici à propos d’une relation abusive et les cycles de dysfonctionnement parfois héréditaires dépeintes par les mots : I will hurt you/I’ll desert you ». Des paroles glaçantes qui résonnent dans notre monde actuel.

Finalement, chaque chanson propose son lot d’émotions, qui viennent vous agripper. Pari réussi pour Fontaines D.C, qui signent une fois de plus un très bon album. Et pour celles et ceux qui veulent voir ça en live, ils seront en concert le 30 juin au festival Rock Werchter en Belgique.


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