Slaves : « Si ta musique a un impact positif sur quelqu’un, tu as tout gagné ! »
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Auteur·ice : Charles Gallet
26/08/2018

Slaves : « Si ta musique a un impact positif sur quelqu’un, tu as tout gagné ! »

On était un peu stressé à l’idée de se retrouver face à Slaves. Surement une histoire d’image que les médias semblent vouloir leur coller. On aurait pas pu se planter plus tant les deux garçons furent charmants, souriants et drôles. On a parlé de leur nouvel album, de leur réputation pas volée de bêtes de scène, de leur humour et des changements que créent la paternité.

LVP : C’est votre seul festival en France cet été, pourquoi avoir choisi les Nuits Secrètes ?

Isaac Holman : Je pense que c’est plutôt eux qui nous ont choisis.

Laurie Vincent : C’est un petit festival sympa, ce qu’on apprécie toujours.

Isaac : Avec de bonnes vibes.

Laurie : Mais, pour être honnêtes, on ne connaissait pas grand-chose à propos de ce festival.

LVP : Vous apparaissez sur la pochette de votre nouvel album Acts Of Fear And Love. C’est la première fois que cela arrive. Est-ce que c’est votre façon de dire « On est Slaves, faites-avec ! »

Laurie : Ouais, je pense que c’est notre façon de montrer à quel point on est fiers de cet album, genre il y a vraiment de nous là-dedans. Un peu comme une déclaration, il était temps de montrer où on était arrivé et qui on était vraiment musicalement.

LVP : J’ai remarqué qu’il y avait pas mal d’humour sur la pochette ainsi que dans les clips. Est-ce que c’est important pour vous d’ajouter cette touche d’humour vu le sérieux de vos paroles ?
Laurie : Je pense que ça fait partie de notre personnalité, et en général, on essaye de ne pas réprimer cette partie de nous dans notre musique, on la laisse s’exprimer. C’est aussi un très bon moyen de montrer aux gens qu’on est des êtres humains. On n’est pas un de ces groupes mystiques, on aime montrer qui l’on est vraiment. C’est important pour nous.

LVP : J’ai eu l’opportunité d’écouter votre nouvel album, qui est vraiment différent des précédents. C’est important pour vous de vous lancer des défis à chaque disque et de surprendre votre public ?
Laurie : Carrément ! Pour moi, il faut se forcer à évoluer et mûrir parce que c’est ça qui est excitant quand tu es dans un groupe. Et puis, on est toujours en train d’apprendre et on devient meilleurs dans l’écriture et l’enregistrement nos chansons. On espère qu’on se développe et qu’on évolue en essayant de ne pas refaire les mêmes albums encore et encore. Tu l’as aimé ?

LVP : Oui bien sûr, j’aime tous vos albums ! Justement, dans ce nouvel album, vous criez moins…
Laurie : Tu veux dire « chanter » ? (rires)

LVP : Oui (rires). Ici, vous chantez plus que dans les autres albums, vous vous sentez plus apaisés maintenant ou vous êtes toujours en colère ?
Laurie : Plus confiants peut être ?

Isaac : Hmm, ça n’a pas grand-chose à voir avec ça je pense, c’est plus une façon différente de s’exprimer. Je suppose qu’on est plus confiants. Avant je ne voulais pas chanter parce que je trouvais que ma voix ne s’y prêtait pas forcément. Mais maintenant, j’en ai rien à battre.

 

LVP : Mais tu as pourtant une bonne voix ! Sur la première chanson c’est du pur Slaves mais ensuite tu te mets à chanter de plus en plus et c’est super cool et surprenant de voir ce changement. Finalement, on vous classe dans la catégorie punk mais je ne suis pas forcément d’accord, vous avez évolué. C’est plutôt un état d’esprit qu’un genre musical en fait ?

Laurie : C’est bizarre, moi je trouve Green Day très inspirant parce que même leurs albums les plus pop ont un message punk très fort. J’ai mis du temps à le réaliser mais par exemple, quand tu écoutes vraiment les paroles d’American Idiot, c’est l’une des déclarations les plus audacieuses à propos de la nation et de leurs médias. Ils ont globalement démonté leur pays entier sous la forme d’une chanson pop. Du coup, on a pensé que notre musique devait toucher plus de gens et on a essayé de la rendre plus jolie.

Isaac : Et puis on vieillit aussi, on devient peut-être un peu plus matures et peut-être qu’on préfère les jolies mélodies maintenant (rires).

LVP : Pour moi, vous vous rapprochez pas mal de Baxter Dury ou Kate Tempest, vous vous sentez proches d’eux ? Je sais que vous avez bossé avec Baxter Dury.
Laurie : Ouais, on a rencontré Kate aussi, elle est adorable. Ils sont très inspirants.

LVP : L’important pour vous, c’est surtout le message à faire passer plutôt que la musique ?
Laurie : Ouais, on veut inspirer les gens. Pour qu’ils se sentent bien.

LVP : J’ai une question pour toi, Laurie. J’adore la chanson « Daddy » sur le nouvel album, c’est assez mélancolique et doux à la fois. En quoi être devenu papa a changé ta vie ?
Laurie: Ça te fait tout reconsidérer. Ça m’a rendu plus impliqué et concentré. Isaac dit souvent que ça m’a aussi calmé. Je pense que je laisse beaucoup plus facilement couler les choses maintenant. Je me sens capable de réfléchir à ce que je vais dire avant de le dire, beaucoup plus qu’avant. Parce qu’en regardant un enfant grandir, tu deviens beaucoup plus attentif donc tu dois te détendre un peu. Ça a fait de moi une meilleure personne, beaucoup plus tolérante.

LVP : Et toi, tu as remarqué tous ces changements ?
Isaac : Oui, je suis complètement d’accord avec tout ça. Il est beaucoup plus détendu, il a l’air plus tolérant. Mais je ne trouve pas qu’il ait changé sa vie en fonction de ça. Ce qui est cool.. C’est juste devenu une partie de sa vie.

Laurie : C’est ça qui est effrayant. Pour envisager d’avoir un enfant, beaucoup de gens pensent qu’ils doivent attendre que leur carrière prenne fin avant de franchir le pas ou que leur vie va totalement changer. Moi j’ai juste décidé de le faire et de gérer. On a juste eu à s’adapter pour que le petit s’intègre à tout ça. Jusqu’à présent ça fonctionne, d’ailleurs il est là aujourd’hui !

LVP : A propos des messages, quelqu’un a volé mon téléphone la semaine dernière donc j’ai dû décrocher des réseaux sociaux pendant 5 jours. Est-ce que vous pensez qu’en 2018, la nouvelle forme d’esclavage, ce sont les réseaux sociaux ?

Isaac: Ouais, tout le monde est complètement accroc. Ça a tout changé. Moi, je suis accroc aussi. Je pense que tout le monde l’est d’ailleurs.

Laurie : The Live They Wish They Had est à propos de ça. Mais on le fait tout autant que les autres. Dans cet album, on a résumé ce qu’on voulait dire beaucoup mieux que dans les précédents.

 

LVP : Je vous ai vu en Belgique il y a deux ans avec Life …

Laurie : J’avais adoré ce live !

LVP : J’étais impressionné par la façon dont vous mettiez autant d’énergie, juste tous les deux. Est-ce que vous pensez un jour avoir plus de monde sur scène avec vous ou vous resterez à deux ?

Isaac: On restera juste tous les deux !

Laurie  : On a commencé comme ça. Un peu accidentellement, on n’avait pas le choix en fait. On n’a jamais pensé que ça fonctionnerait et maintenant c’est un peu notre marque de fabrique. On se connaît tellement bien sur scène que je ne vois pas comment on pourrait ajouter quelqu’un d’autre.

LVP : J’ai vu des groupes commencer à deux et essayer de s’agrandir mais ça ne rendait pas forcément mieux.

Isaac : Forcément, tu perds l’alchimie. Et c’est ce qui rend le groupe spécial.

LVP : Est-ce que vous pensez à comment une chanson rendra en live quand vous créez de la musique ?
Laurie : On essaye de ne pas trop y penser. On se concentre sur la version studio. Et puis on se dit qu’on travaillera ce qu’il faut plus tard pour la version live. Je pense qu’enregistrer l’album et le produire sur scène, ce sont deux choses différentes. Ce sont deux arts différents. Et je pense qu’on s’est toujours pas mal débrouillés pour le live alors qu’on a parfois galéré avec la version studio. Pour la première fois, j’ai l’impression qu’avec Acts Of Fear And Love, on a vraiment fait un album studio vraiment très fort. Donc oui, la version live est toujours dans un coin de notre tête mais on essaye de ne pas trop y penser.

LVP : Est-ce que vous pensez que ce nouvel album est un acte de peur, d’amour ou les deux ?

Isaac : Les deux. Définitivement, les deux. (rires)

Laurie : Tout l’est.

LVP : Je travaille dans un bureau et la routine quotidienne me tue. C’est important pour vous de permettre aux gens de s’échapper de leur routine grâce à votre musique ?

Isaac : Ouais, je trouve que c’est le rôle principal de la musique. Ça t’emmène ailleurs quelques instants.

Laurie : Et quand les gens nous disent que notre musique les aide d’une façon ou d’une autre, que demander de mieux ? Rien d’autre n’est important si ta musique aide quelqu’un.

Isaac  : Si ta musique a un impact positif sur quelqu’un, tu as tout gagné !

LVP : Et une dernière question, c’est vrai que 65% des foyers britanniques contiennent au moins un mur de magnolias ?

Laurie : Ouais, complètement ! Et en France aussi probablement ! (rires)

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