Social Dance “On fait de la musique joyeuse parce qu’on en a besoin”
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Auteur·ice : Mathias Valverde
02/01/2023

Social Dance “On fait de la musique joyeuse parce qu’on en a besoin”

La pop française a un nouvel outsider. Social Dance a publié son premier EP « Rumeurs » le 25 novembre 2022, exhalant de bonnes notes funk, dance, électro, post-punk et new-wave. Un cocktail pop qui peut mettre beaucoup de monde d’accord sur un objet populaire, complexe et accessible. À la veille des fêtes de fin d’année, nous avons passé un long moment avec le groupe via votre système de visioconférence préféré. Chronique de cette discussion puis sa retranscription complète à retrouver en fin d’article.

Un groupe soudé et soutenu

Social Dance nous a accueilli·es en vidéo depuis une pièce de leur colocation à Marseille. Cet appartement qu’Ange, Faustine et Thomas habitent depuis la fin du confinement sert de lieu de réunions, de répétitions et de vie entre ami·es. « Ce qui est cool dans le fait d’être en colocation, c’est qu’on peut faire de la musique tout le temps ! On n’a pas à se donner rendez-vous. Enfin, si, on a nos vies quand même, en dehors de la coloc, on n’est pas des ermites ! Mais c’est vrai qu’on a ce processus qui est cool et simple à mettre en place, du style : “Ange tu veux faire de la musique ?” et c’est parti ».

Social Dance est un groupe du “monde d’après”. Celui qui a émergé d’une période de crises multiples auxquelles les trois ami·es veulent avant tout répondre par une musique optimiste et spontanée. « Social Dance, dans sa formule actuelle, a commencé au confinement comme pas mal de groupes je pense. Avec Thomas on jouait ensemble depuis qu’on a 13 ans. […] Mais le projet Social Dance a vraiment été amorcé au moment où Faustine est entrée dans le groupe, en avril 2020. On l’a incluse et ça s’est super bien passé. C’était très naturel ».

Les trois protagonistes se connaissent depuis longtemps. Pour Ange, cheveux décolorés et voix de basse, qui maîtrise autant la guitare que le style New-York années 1980 – celui de David Byrne (Talking Heads) et de James Chance (James Chance and the Contorsions) -, l’instrument à 6 cordes lui est tombé dans les mains à 10 ans. Il rencontre Thomas, inscrit depuis ses 9 ans dans un cours de batterie. Ce dernier, au sourire enjôleur, se rapproche, dans l’allure, d’un Thomas Mars (Phoenix) qui vivrait sur les bords de la Méditerranée. Ensemble, ils ont « cassé toute la maison, tous les samedis ». Au départ, en reprenant les White Stripes au collège, puis en diversifiant leur palette musicale. Sans avoir suivi de formation classique, c’est entre amis et avec l’aide d’un ordinateur qu’ils ont appris à s’enregistrer et à se motiver pour faire de la musique. Faustine les rencontre un peu après le bac. Elle n’a pas de formation musicale et apprend sur le tas à jouer du clavier tout en perfectionnant un head bang déjà mythique. La jeune femme au style coloré et à l’énergie communicative, sorte de Nancy Whang (LCD Soundsystem) en devenir, apporte un équilibre aux voix et un timbre psyché aux mélodies.

Les trois ami·es soignent avant tout le dialogue. Pour la composition, il n’y a pas de recette particulière. En revanche, tout le monde doit se retrouver dans la musique produite et dans les paroles. Il y a beaucoup de maturité dans cette volonté de garder un groupe sain, qui se parle et s’écoute. Ce professionnalisme vient autant de leur parcours, notamment des études de management de carrière d’artiste pour Faustine, que de leur entourage. Social Dance a le soutien de deux labels dont In/EX issu de la structure coopérative Grand Bonheur incluant toute une palette de services pour les groupes émergeant en PACA.

« Pendant le confinement, on avait repéré le label Lisbon Lux Records à Montréal. Du coup, Julien de Lisbon Lux a adhéré au projet et pendant un an et demi on s’est beaucoup appelé. On a eu plein de conseils, sur l’avancée du projet mais aussi sur la stratégie réseaux, la compo, la distribution. Tout cela s’est aussi concrétisé quand on est rentré à Marseille et qu’on a eu des contacts avec la coopérative Grand Bonheur. Du coup, on est aussi sur leur label In/Ex, et c’est elleux qui gèrent nos tournées par le biais de leur tourneur Limitrophes. En arrivant à Grand Bonheur on était donc déjà suivi·es par Lisbon Lux, et le dialogue s’est enclenché tout seul. Tout est divisé entre les deux parties et ça se passe super bien ».

Ce soutien extérieur permet à la coloc de ne pas fonctionner en vase clos. Ouvert·es à la critique, les musicien·nes prennent tout ce qu’iels peuvent des conseils professionnels, amicaux et familiaux. Les progrès sont spectaculaires. Social Dance a commencé les live en février 2022 et ont proposé un set abouti et énergique aux Transmusicales en décembre de la même année. C’est donc un groupe soudé et soutenu, capable de s’adapter pour progresser qui nous parle de manière détendue d’une année 2022 synonyme de changement d’échelle pour leur projet.

Social Dance au Ici Demain Festival à FGO Barbara © Sixtine De Kerros

Représenter Marseille et conquérir le monde ?

On a commencé cette interview en parlant de l’enchaînement des concerts de la fin 2022 : Ici Demain Festival, Transmusicales et une captation filmée pour la célèbre radio en ligne de Seattle KEXP. Bien sûr, notre question était en substance : comment gérez-vous l’ascension du groupe ?

Thomas nous répond : « Je pense qu’on ne s’en rendra jamais compte en fait. On n’a pas trop cette psychologie-là, d’analyser ce qui nous arrive. On prend “au jour le jour” ou du moins d’expérience en expérience. On le voit plus comme ça. Et surtout on a envie de faire la meilleure musique, on a envie de pousser le truc le plus loin possible. On ne se pose pas vraiment de limites. Tant mieux que tu aies ce ressenti-là, nous on le ressent de manière hyper humble. Ça nous fait plaisir en tout cas ».

C’est un plaisir communicatif que le public ressent à chacun des live proposés. En tout cas, pour un jeune groupe à la trajectoire météorique, la satisfaction se lit sur les visages et l’euphorie de ces quelques moments les rassure autant qu’elle les conforte dans le chemin entamé.

Pour certain·es, habiter en province freinerait le développement d’une carrière, alors on pourrait penser qu’investir Paris serait un accélérateur d’opportunités pour le groupe. Pour l’instant, il n’en est pas question. « C’est évident que nous on est trop bien à Marseille ! La base, c’est que notre mode de vie ici nous permet de composer cette musique-là, tu vois ce que je veux dire ? Je pense que ce serait complètement différent à Paris. Rien que le niveau de vie. Ici on est super heureux·ses, on a une vie assez simple, on est content·es. On peut rester heureux·ses et patient·es par rapport à la musique, parce que ce n’est pas un milieu facile ». En bon·nes professionnel·les, des déplacements à la capitale sont bien sûr envisagés. Toutefois, Social Dance est un groupe de Marseille et pour Marseille.

Davantage connue pour sa scène Rap, la planète Mars abrite un éclectisme qui ravit le groupe. Faustine nous parle du foisonnement des styles en rappelant tout de même la différence d’échelle des lieux accueillant des musiques rock par rapport aux grandes salles réservées au hip-hop. Pour Thomas, enthousiaste, c’est l’explosion depuis 10 ans d’une scène électro club et expérimentale qu’il relie aux influences de Social Dance. On se retrouve quand même à dresser le constat d’un manque de lieux musicaux dans les villes de province française. Celleux qui se sont rendu·es dans les pays anglo-saxons savent que chaque ville possède des lieux accueillant tous les soirs de jeunes groupes en live, permettant autant de s’entraîner que de créer un écosystème artistique particulier. Rien de tel à Marseille, mais c’est aussi un challenge pour le trio. En émergeant depuis la cité phocéenne, iels espèrent bien créer une dynamique profitable pour l’ensemble des styles musicaux de la ville.

Le choix de chanter en anglais et en français peut apparaître comme un moyen de se faire connaître sur les scènes anglophones. Pour représenter Marseille à l’international ? Ange nous répond : « On a tendance à ne pas trop se poser la question. Après le fait d’entendre rien que l’idée de faire un concert à Londres ou à l’international ce serait super bien (rires). On ne peut qu’être heureux·ses à cette idée-là ! Mais le choix de chanter dans deux langues s’est fait plus par nos influences que par la vocation de réellement tenter une carrière internationale. On préfère faire les choses en rapport à notre proposition artistique plutôt que de penser à l’envers, du style “on nous écoutera plus si on chante en anglais”. L’idée c’est de sortir de cette démarche et de faire quelque chose qui nous ressemble collectivement et individuellement ».

 

En tout cas, ce mélange des langues apporte une singularité à leur son. Peut-être inspiré par le « qu’est-ce que c’est ? » de Psycho Killer des Talking Heads, le bilinguisme rompt la monotonie du français et apporte de l’énergie aux refrains. Le groupe New Yorkais est souvent cité comme l’influence la plus évidente du groupe avec LCD Soundsystem. Elles sont confirmées par les protagonistes. Mais ce qui ressort de leurs réponses, c’est qu’iels sont des éponges, influencées autant par le post-punk et la new-wave, que le rock psyché ou l’électro. « La vérité c’est qu’on s’inscrit un peu dans l’air du temps, dans le sens où les frontières des genres ont tendance à se troubler. Et ce qui est bien, c’est qu’on n’a pas nécessairement pensé à le faire avant de le faire et qu’on s’est retrouvé·es devant ce produit-là, un peu hybride ».

Ce mélange des genres et des idiomes ouvre une voix royale à Social Dance pour représenter une pop francophone éclectique, qui ne rentre ni dans les niches musicales, ni dans les tendances préfabriquées du marketing. On souhaite au mistral propagé par les guitares du trio de souffler fort sur les plaines de la pop française et internationale.

Produire une musique populaire et accessible

Au-delà du nom, qui annonce déjà la couleur, ce qui est sûr avec la musique de Social Dance c’est qu’on se remue à son écoute. Finalement, leur son renvoie à la dance du début, c’est à dire à l’envie de créer de la musique pour un dancefloor où l’on oublie son égo, pour un plaisir collectif et le plus souvent avec un contact entre les classes. Tout cela dans le but d’éviter une logique d’apartheid musical (voir : Tim Lawrence, “Gros business, déterminisme immobilier et dance culture à New-York, 1980-1988”, Audimat, n°10, 2018). « Exactement, et ça nous représente bien. Nous tous les trois on n’est pas des puristes. On n’a pas de mal avec ça, chacun·e fait ce qu’iel veut. Mais nous on ne s’est jamais retrouvé·es dans une niche parce qu’on aime toutes les musiques et du coup on a envie de faire le mélange parfait. On est vraiment des éponges de tout ce qu’on écoute. Et on aime tellement de choses qu’on veut tout représenter. On va essayer de rendre tout cela cohérent dans nos prochains albums. C’est bien que pour l’instant on le fasse du côté dance, c’est un code qui nous réunit tous·tes les trois et c’est cool de le partager avec les gens ».

On se demande alors pourquoi avoir tant envie de danser et de faire danser. On repense aux transes du XVIe siècle, notamment à Strasbourg, et on s’interroge sur ces chorégraphies sociales. L’artiste contemporaine Hito Steyerl avait repris dans son œuvre SocialSim cette idée d’une danse précédant un effondrement ; est-ce que la danse de Social Dance est une réponse à un monde aux abois ? « C’est clairement une réponse qu’on a eue tous·tes les trois dès le départ pour nous-même en fait : Ok on va faire de la musique joyeuse parce qu’on en a besoin. De ressentir ce truc que c’est “contagieux” pour les autres c’est hyper-cool. On a toujours eu ce défi de faire ressentir aux gens ce qu’on ressent en faisant notre musique.

On n’a pas forcément réfléchi à ce point-là à la question, mais il y a cette envie de faire oublier aux gens leurs problèmes en dansant et pour qu’ils entrent dans une sorte de transe qui vient de l’électro, au moins pour le temps du concert ».

Il y a de nombreuses angoisses à oublier dans ce monde, effectivement. Pourtant, Social Dance ne se sent pas encore les épaules ou la maturité de porter un message politique. Les textes du groupe sont volontairement cryptiques et répétitifs. Chacun peut alors y puiser et se faire les histoires qu’iel souhaite. Le but n’est pas d’avoir des textes à thèse, mais de proposer un moment d’évasion. « C’est effectivement une période morose aujourd’hui, mais on aime bien répondre de manière joyeuse et optimiste à tout cela, en donnant de l’espoir aux gens. C’est hyper important pour nous. On est bien à cette période-là parce qu’à notre toute petite échelle on a l’impression de servir à quelque chose ».

Avant tout, le groupe souhaite jouer une musique populaire et accessible. Il reste encore un chemin immense à parcourir. Le groupe le sait et reste concentré sur ses prochaines échéances. D’abord bien distribuer son EP Rumeurs sorti le 25 novembre 2022. Puis deux performances au festival Hors-Pistes les 23 et 24 février prochains à Annecy, et un concert avec Meule et Dombrance à Nantes le 23 mars, suivi d’une pléthore de dates encore à confirmer.

Tout le monde sait que la sortie d’un album peut être décisive pour l’avenir d’un projet. Social Dance a déjà plusieurs titres dans la boîte, mais attend de pouvoir proposer un objet particulier et cohérent. En attendant la confirmation avec un opus qui pourrait définitivement implanter les Marseillais·es dans le paysage musical français, le groupe profite de chaque instant. Avant d’imaginer une carrière comme les Têtes Parlantes en VF, Social Dance veut prendre du plaisir et en donner. Notre année 2023 en aura bien besoin !

 

LVP : Alors comment vous sentez-vous deux semaines après la sortie de votre premier EP et après un concert à Ici Demain festival et aux Transmusicales ?

Ange : On attendait ces concerts depuis pas mal de temps. Et on savait que c’était une étape à franchir à la fois pour le projet et pour nous personnellement. Ça nous a éprouvé·es, mais le dénouement était super ! On est passé à une autre formule spécialement pour ces live, pour répondre à l’enjeu, avec un batteur et un bassiste [en plus de Thomas, Ange et Faustine]. On a eu que des bonnes sensations, on est trop content !

Thomas : On est surtout trop content·es que tout le travail qu’on a fourni cette année débouche sur des scènes comme Ici Demain (FGO-Barbara) ou les Transmusicales. Des scènes hyper importantes pour nous. On savait depuis un petit moment qu’on allait les faire, on voulait se préparer au mieux. Et l’idée de pouvoir montrer pour la première fois cette formule à 5 à ces dates-là, c’était hypercool, ça tombait super bien. Ça clôture l’année 2022 de manière merveilleuse pour nous !

Faustine : Je pense qu’on est encore un peu en euphorie là ! C’était il y a une toute petite semaine.

LVP : Tout cela se sentait sur scène en tout cas, que vous preniez du plaisir et c’était très cool pour le public. Vous avez fait un live en captation filmée pour KEXP !? C’est génial, vous savez quand ça sortira ?

F : Oui c’est incroyable ! Ça va sortir mais on n’a pas encore la date exacte. En général c’est deux mois après.

T : C’est très différent sans public. C’est la première fois qu’on se faisait filmer et de commencer par KEXP c’est toujours un peu stressant, on sait ce que c’est KEXP ! C’était cool, j’espère qu’on a bien réussi après on verra aux images. On est trop content·es et elleux aussi ont eu un bon ressenti donc on était hyper fier de ça.

A : Oui, ça nous a grave rassuré·es !

LVP : Et puis vous avez été sélectionné·es pour les Inouis du printemps de Bourges, vous avez le sentiment que ça décolle un peu pour vous ?

T : Je pense qu’on ne s’en rendra jamais compte en fait. On n’a pas trop cette psychologie-là, d’analyser ce qui nous arrive. On prend « au jour le jour » ou du moins d’expérience en expérience. On le voit plus comme ça. Et surtout on a envie de faire la meilleure musique, on a envie de pousser le truc le plus loin possible. On ne se pose pas vraiment de limites. Tant mieux que tu aies ce ressenti-là, nous on le ressent de manière hyper humble. Ça nous fait plaisir en tout cas.

LVP : Pourriez-vous revenir un peu pour nos lecteur·ices sur votre projet, quand est-ce que vous avez commencé Social Dance ?

A : Social Dance, dans sa formule actuelle, a commencé au confinement comme pas mal de groupes je pense. Avec Thomas on jouait ensemble depuis qu’on a 13 ans. On jouait tous les samedis, on cassait toute la maison, c’était trop bien. On avait une formation comme les White Stripes, avec moi à la guitare et lui à la batterie. Donc on partait de ce rock-là, un peu brut. Au fur et à mesure on a commencé à diversifier notre palette. On avait toujours l’idée de jouer ensemble, mais le projet Social Dance a vraiment été amorcé au moment où Faustine est entrée dans le groupe, en avril 2020. On l’a incluse et ça s’est super bien passé. C’était très naturel. A partir de ce moment-là on a commencé à enregistrer et bien bâtir au moins la direction artistique du projet. Le live on a commencé à jouer tous nos sons il y a 10 mois (février). Donc c’est assez récent, même si on fait de la musique depuis pas mal de temps.

Là on est plus sur une direction qui cherche à mélanger nos influences d’avant, très anglophones, avec cette espèce de cachet « pop française » qu’on aimerait revendiquer sous une autre formule comme « voilà ce qu’on peut faire à Marseille en faisant de la pop ».

On a beaucoup d’influences électro aussi et forcément un peu plus de new-wave années 1980. On essaye de mélanger tout ça et pour le moment ça donne Social Dance.

T : C’est aussi né du fait qu’on était en coloc tous les trois, et qu’on l’est toujours d’ailleurs. Donc c’est aussi venu naturellement. Avec Ange on faisait beaucoup de musique tous les deux, on essayait de faire quelque chose de constructif pendant le confinement. Et on avait vraiment envie de rajouter du français à ce qu’on faisait. Et c’est Faustine qui a apporté ça. On a commencé à avoir un peu ces couplets en anglais et refrain en français, puis tout s’est mélangé. Donc c’est ce qui donne ce mélange aujourd’hui, et c’est cool parce que ça nous laisse plein de surprises pour l’avenir.

LVP : Et individuellement, comment êtes-vous arrivé·e à la musique ?

F : Je n’ai pas de formation musicale. J’ai beaucoup appris avec Thomas et Ange même si j’ai toujours tâtonné autour de la musique. Pour le côté professionnel et technique sur un plateau et une scénographie, c’est Ange et Thomas qui m’ont guidée dans le synthé. Aujourd’hui je me dépatouille comme ça, en faisant.

LVP : Et tu as aussi le Head Bang spécial en concert !

F : (rire) Ah oui ! Mais ça, ça vient de plus loin !

T : Alors moi, j’ai débuté par la batterie à 9 ans. Quand j’ai commencé à faire de la musique avec Ange c’est là que j’ai pris du niveau, parce que tout seul c’est dur de se motiver. Quand on s’est rencontré on a joué quasiment tous les jours. Vers 16 ans avec des potes on a utilisé l’ordinateur. À ce moment-là, avec Ange on s’est rendu compte qu’on pouvait s’enregistrer nous-mêmes et ça nous a aidé en nous ouvrant plein de possibilités. Notamment d’intégrer de l’électro.

A: Moi j’ai commencé la guitare à 10 ans.

T : Mais pas de formation classique, on est tous·tes autodidactes. C’est sur le terrain qu’on a appris. On est un peu des éponges.

LVP : Vous vous êtes donc rencontrés au collège ?

T et A : Oui c’est ça I

F : Moi un peu plus tard, juste après le bac.

LVP : Vous habitez en colocation à Marseille aujourd’hui, comment se passe votre processus de création ? (Paroles, musique, enregistrement)

T : Ce qui est cool dans le fait d’être en colocation c’est qu’on peut faire de la musique tout le temps ! On n’a pas à se donner rendez-vous. Enfin, si, on a nos vies quand même, en dehors de la coloc, on n’est pas des ermites. Mais c’est vrai qu’on a ce processus qui est cool et simple à mettre en place du style : « Ange tu veux faire de la musique ? » et c’est parti. C’est vrai qu’étant donné qu’on habite ensemble il y a une alchimie qui se crée. Du coup c’est plus simple pour travailler entre nous. La communication entre nous rend notre projet hyper sain parce qu’on est potes pour toujours. Du coup ça se ressent je pense.

Notre processus quand on compose, on va principalement partir de la mélodie, et ensuite on va émettre plusieurs possibilités pour les paroles. Elles ont soit été écrites avant, soit après à partir la composition. Il n’y a pas de recettes. C’est aussi en fonction de l’inspiration.

A : Pour le processus d’écriture c’est la même logique de dialogue. Sur les parties écrites on se concerte toujours pour que chacun·e puisse s’approprier les paroles puis on se renvoie la balle à ce propos. C’est ce qui permet d’avoir un produit fini avec un texte et une mélodie sur lesquels tout le monde a dialogué.

LVP : Vous avez signé sur deux labels, un Montréalais (Lisbon Lux Records), et un qui fait partie de la coopérative Grand Bonheur, In/Ex. Comment ces structures vous accompagnent dans votre projet ?

F : Pendant le confinement on avait repéré le label Lisbon Lux Records à Montréal. Du coup, Julien de Lisbon Lux avait adhéré au projet et pendant un an et demi on s’est beaucoup appelé·es. On a eu plein de conseils, sur l’avancée du projet mais aussi sur la stratégie réseaux, la compo, la distribution. Tout cela s’est aussi concrétisé quand on est rentré·es à Marseille et qu’on a eu des contacts avec la coopérative Grand Bonheur. Du coup, on est aussi sur leur label In/Ex, et c’est elleux qui gèrent nos tournées par le biais de leur tourneur Limitrophes. En arrivant à Grand Bonheur on était donc déjà suivi·es par Lisbon Lux, et le dialogue s’est enclenché tout seul. Tout est divisé entre les deux parties et ça se passe super bien.

LVP : Maintenant que les choses décollent pour vous, vous pensez rester à Marseille ou bien vous envisagez l’installation à Paris ? Est-ce que le fait d’être en province vous pose un problème ou vous donne un avantage ?

T : On en discute de temps en temps. Mais on a aussi ce défi qui est de dire : « c’est cool de partir de Marseille et de représenter Marseille d’une manière différente de ce que les gens ont l’habitude de voir ». Forcément à Paris il y a plein de gens à rencontrer, et on n’est pas fermé·es à l’idée de passer un peu de temps à la capitale puis de revenir ici. Mais c’est évident que nous on est trop bien à Marseille ! La base, c’est que notre mode de vie ici nous permet de composer cette musique-là, tu vois ce que je veux dire ? Je pense que ce serait complétement différent à Paris. Rien que le niveau de vie. Ici on est super heureux·ses, on a une vie assez simple, on est content·es, on est entre nous. On peut rester heureux·ses et patient·es par rapport à la musique, parce que ce n’est pas un milieu facile où l’argent est roi – en tout cas pas pour nous. On n’est pas fermé·es à Paris de temps en temps, mais de là à vivre là-bas pour l’instant on ne peut juste pas, et on n’en a pas l’envie.

LVP : Est-ce qu’il y a une scène musicale à Marseille qui vous intéresse ? On connaît la scène Rap de Marseille mais pour d’autres styles de musique, comment est-ce que cela se passe ?

F : En fait, il y a des scènes pour tous les genres de musiques à plus ou moins grande échelle. C’est vrai que le hip-hop est très connu parce qu’on a des têtes d’affiche qui viennent de Marseille, mais on peut écouter tous types de musiques ici, mais dans des plus petites salles de concerts, ou des soirées un peu plus rares. On va toujours avoir ce qu’on a envie d’écouter, avec des différences d’échelles en fonction des publics.

En termes de réseaux on est connecté·es à pas mal d’artistes de notre scène ou pas. On connaît aussi des gens dans la musique au niveau professionnel et ça nous a beaucoup aidé·es au début.

: Et puis, il y a une scène électro super intéressante. Que ce soit la scène club ou plus expérimentale, il y a vraiment des trucs qui se passent de partout. Et pour nous c’est une source d’inspiration énorme. Quand on sort on va voir principalement des trucs électro/techno, et c’est ce qu’on a voulu ajouter à notre musique pour avoir ce côté « Marseille » qui ressort de temps en temps. Il y a beaucoup d’endroits pour sortir le soir. En tout cas la scène électro, c’est celle qui se développe le mieux à Marseille. Beaucoup de lieux et de collectifs se sont créés depuis 10 ans. En plus beaucoup de gens autour de nous écoutent ces musiques, donc socialement ils sortent dans ces lieux, donc nous aussi.

LVP : On parle beaucoup des Talkings Heads en vous écoutant, mais aussi plus généralement aux années 1980/90 avec des groupes comme les Rita Mitsouko ou encore Lizzy Mercier Descloux ; est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur vos influences musicales ? Et comment vous sentez-vous avec ces étiquettes musicales qu’on essaye de vous coller ? Vous souhaitez vous en débarrasser ou au contraire en revendiquer l’héritage ?

T : On ne revendique pas grand-chose. Je pense qu’on a l’envie de représenter Marseille à l’échelle nationale et le doux rêve de représenter la France ailleurs. Ça fait partie de la base du projet depuis toujours. C’est ce qu’on se disait depuis tout petit avec Ange, ce côté international qui nous attire.

Le truc qui nous a relié·es au début du projet c’est que dans la coloc en 2020 on écoutait beaucoup le live des Talking Heads : Stop Making Sense, qui nous mettaient en folie. Surtout le fait que cette musique était si avant-gardiste pour la simple et bonne raison que malgré le fait qu’elle soit pop, il y avait déjà des bases de l’électro, le côté répétitif qu’on entend beaucoup aujourd’hui. Et ça c’est un truc qui nous a vachement fait kiffer. Et puis on est la génération Internet, et on a un peu de mal avec les étiquettes parce qu’on écoute vraiment tout. En soirée, à Marseille, on écoute beaucoup de rap, beaucoup d’électro. Mais on a eu tous·tes notre phase un peu rock-psyché avec Tame Impala, Melody Echo Chamber, toutes ces influences qui vont plus être représentées dans les parties de Faustine dans les morceaux. Pour Ange ça va être plus le côté rock.

A  : C’est ça oui, rock, post-punk, toute cette scène-là. Mais la vérité c’est qu’on s’inscrit un peu dans l’air du temps, dans le sens où les frontières des genres ont tendance à se troubler. Et ce qui est bien, c’est qu’on n’a pas nécessairement pensé à le faire avant de le faire et qu’on s’est retrouvé·es devant ce produit-là, un peu hybride.

F : Quelle que soit l’étiquette qu’on nous pose elle sera différente en fonction de la personne qui nous écoute ou nous voit en concert. Mais c’est aussi l’importance du social dans Social Dance. C’est que la personne, en fonction de ses goûts, en fait la lecture qu’elle veut, et nous donne le genre musical qu’elle veut.

LVP : Oui, c’est ce qui est vraiment intéressant avec votre nom d’ailleurs ! Ce nom renvoie à ces danses sociales qui impliquent une participation plutôt qu’une performance, aviez-vous un message particulier en prenant ce nom ?

T : En fait oui et non. Au départ Social Dance c’était le nom d’un morceau qu’on a écrit avec Ange avant que Faustine n’arrive. Le refrain c’était « Dance, Social Dance, Social Dance » qu’on aimait beaucoup. En fait le morceau parlait d’une vision surplombante d’une ville où plein de choses se passent avec plein de mouvements. Après, en effectuant des recherches, on s’est rendu compte de cet aspect de notre nom. L’aspect de danse où on s’affranchit du vêtement, de la technique et de venir comme on veut. Et puis avec ce nom on voulait que les gens sachent directement qu’avec nous on allait danser. Et c’est vraiment ce qu’on veut, faire danser les gens !

F : Et je crois que ça marche bien ouais !

LVP : Oui on voit bien que c’est cohérent avec votre musique. Finalement, ça renvoie à la dance du début, c’est à dire de créer de la musique pour un dancefloor où on oublie son égo, pour un plaisir collectif et le plus souvent avec un contact entre les classes et ne pas être dans une logique d’apartheid musical.

T : Exactement, et ça nous représente bien. Nous tous les trois on n’est pas des puristes. On n’a pas de mal avec ça, chacun·e fait ce qu’iel veut. Mais nous on ne s’est jamais retrouvé·es dans une niche parce qu’on aime toutes les musiques et du coup on a envie de faire le mélange parfait. On est vraiment des éponges de tout ce qu’on écoute. Et on aime tellement de choses qu’on veut tout représenter. On va essayer de rendre tout cela cohérent dans nos prochains albums. C’est bien que pour l’instant on le fasse du côté dance, c’est un code qui nous réunit tous·tes les trois et c’est cool de le partager avec les gens.

LVP : Vous parlez souvent dans vos interviews de faire danser les gens, pourquoi est-ce que vous trouvez cela si important ?

: C’est un peu le plaisir que ça procure aussi je pense, d’oublier les égos et faire entrer en communion des gens qui ne seraient pas entrer en communion autrement. En fait, c’est quelque chose qui se partage déjà visuellement, et je pense que c’est plaisant de voir que, sans avoir à lire les émotions sur le visage des gens, on peut les voir danser et entrer dans cette communion. Puis on est dans le même état d’esprit et de corps sur scène nous ! (rires). Et ça nous plaît. Plus les gens dansent, plus je me sens dedans !

T : On avait vraiment envie que nos lives soient vivants. Le fait d’avoir de la musique dansante procure un sentiment de spontanéité qu’on cherchait en écrivant les musiques. Ça revient aussi au fait qu’on sort beaucoup écouter de l’électro et donc c’est ce mouvement d’unité autour de la danse qu’on aime énormément.

LVP : Vous travaillez beaucoup une esthétique 80’-90’s, est-ce que vous pensez que c’était mieux avant ?

Les 3 : (Rires) Non, pas du tout !

: En fait, on s’inscrit vraiment dans notre temps. C’est une période assez cool en musique et dans l’art en général. Comme on le disait avant, c’est une époque où il n’y a plus vraiment de frontières entre les genres. Avant, il y avait plus de puristes qui ne se mélangeaient pas trop, en tout cas on a ce sentiment.

Bon, c’est effectivement une période morose aujourd’hui, mais on aime bien répondre de manière joyeuse et optimiste à tout cela, en donnant de l’espoir aux gens. C’est hyper important pour nous. On est bien à cette période-là parce qu’à notre toute petite échelle on a l’impression de servir à quelque chose.

Donc on est bien dans notre époque. On est heureux·ses où l’on est et aussi on est heureux·ses d’avoir tous ces outils pour faire de la musique. On est en phase avec l’art actuel et la musique actuelle.

LVP : Je ne sais pas si cela vous dit quelque chose, mais il y a ces histoires de danse, voire de transes qui se sont déroulées au XIV et XVe siècle, notamment à Strasbourg, où des gens dansaient des jours entiers avant de mourir, un peu comme une épidémie de danse. Une artiste contemporaine comme Hito Steyerl, a repris ce motif pour montrer une sorte de chorégraphie sociale qui se met en place à des moments précédant les guerres, les famines ou les révolutions. Est-ce que votre envie de danser est aussi motivée par ce sentiment d’un monde aux abois ?

T : C’est clairement une réponse qu’on a eu tous·tes les trois dès le départ pour nous-même en fait : Ok on va faire de la musique joyeuse parce qu’on en a besoin. De ressentir ce truc que c’est « contagieux » pour les autres c’est hyper-cool. On a toujours eu ce défi de faire ressentir aux gens ce qu’on ressent en faisant notre musique.

On n’a pas forcément réfléchi à ce point-là à la question, mais il y a cette envie de faire oublier aux gens leurs problèmes en dansant et pour qu’ils entrent dans une sorte de transe qui vient de l’électro, au moins pour le temps du concert.

LVP : Il y a un critique musical et théoricien, Dan Dipiero, qui voit la résurgence d’une certaine nostalgie dans la musique comme la marque d’une volonté de revenir à un état plus insouciant de notre société mais aussi comme une critique de tout ce que le néolibéralisme a créé comme crise dans notre monde, est-ce que dans votre musique vous avez aussi des réflexions politiques sur le monde que vous habitez ?

T : En fait, tous les trois on évoque beaucoup la situation actuelle entre nous. Surtout les sujets comme l’environnement, l’économie, les choses qui nous touchent dans nos vies de tous les jours. Pour nous la musique, c’est plutôt une manière de s’évader, de partager à plusieurs ce même sentiment. Est-ce qu’il y a une nature politique dans notre musique ? Aujourd’hui, non, mais de manière insouciante oui. Parce que notre musique est une réponse à cette époque.

A : En fait c’est une extension de ce qu’on aurait pu penser, mais au moment où on a fait notre musique, c’était ce qu’on ressentait.

T : Oui c’est un truc spontané, face à ces situations qui nous fragilisent, notre réponse c’est de faire cette musique-là. Avec un peu le côté urgent de notre musique et une sorte de fausse naïveté avec la possibilité d’une lecture double des paroles. Mais pour l’instant on ne se sent pas forcément les épaules pour avoir des idées politiques. C’est une espèce de pudeur aussi, on ne trouve pas encore les mots pour aborder tout ça, mais peut-être un jour !

F : C’est aussi une question de maturité musicale. On découvre à peine ce que c’est de montrer nos musiques, donc on verra aussi avec l’expérience. En travaillant de plus en plus les textes on trouvera peut-être un canal pour faire passer un message tout en respectant les volontés de notre musique.

LVP : J’y pense notamment à cause de votre chanson « Si peu clair », qui peut avoir cette signification un peu de se sentir disparaître ou dépassé ? Ou bien je surinterprète !? En tout cas c’est ce que j’aime dans vos paroles, cette possibilité d’une lecture à plusieurs niveaux !

T : Oui c’est ça ! En tout cas, on peut être très réflexif·ves dans nos vies personnelles, mais dans notre musique on essaye de ne pas trop le faire. On essaye surtout de garder cette spontanéité ! C’est cool que tu le perçoives comme ça ! Il y a plein de gens qui entendent les textes avec du premier degré : ah c’est super joyeux. Et il y en a d’autres qui vont dire : c’est joyeux mais il y a cette profondeur derrière. Nous cette double lecture elle nous plaît aussi dans ce qu’on écoute comme musique.

LVP : Oui et puis ce mélange français-anglais ajoute quelque chose à ces paroles. Est-ce que vous avez aussi une ambition internationale avec votre musique ? Par exemple le fait d’être inspiré·es par la scène anglophone vous donne envie d’aller faire des concerts à Londres ou ailleurs ? 

A : On a tendance à ne pas trop se poser la question. Après le fait d’entendre rien que l’idée de faire un concert à Londres ou à l’international ce serait super bien (rires). On ne peut qu’être heureux·ses à cette idée-là ! Mais le choix de chanter dans deux langues s’est fait plus par nos influences que par la vocation de réellement tenter une carrière internationale. On préfère faire les choses en rapport à notre proposition artistique plutôt que de penser à l’envers, du style « on nous écoutera plus si on chante en anglais ». L’idée c’est de sortir de cette démarche et de faire quelque chose qui nous ressemble collectivement et individuellement.

T : En revanche, si ça peut nous faire voyager on aimerait bien ! (rires)

F : J’irais bien en Amérique du Sud.

: C’est aussi pour ça qu’on a voulu faire de la musique : voyager. Là, on est trop content·es d’avoir visité plein d’endroits en France. Si on peut aller en Angleterre, aux Etats-Unis, au Canada on le fera. L’Amérique du Sud serait un kiff énorme ! En tout cas, si on en a l’opportunité on y foncera les 6 pieds dedans !

LVP : Et pour l’instant vous n’avez pas eu de pression marketing ou autre pour vous faire chanter plutôt dans une langue que dans l’autre ?

F : Non, on a de la chance, du côté marseillais ou canadien on est vachement libres sur la composition. Comme on produisait avant dans notre chambre, pour tout le côté artistique, c’est nous qui sommes décisionnaires. Pour les labels, l’objectif c’est de distribuer notre musique le plus possible, mais pour ce qui est créatif et artistique on est libres. Pour l’instant, personne ne nous a dit de rester sur du français ou faire plus d’anglais.

T : Après on a forcément cette envie que notre musique soit pop, donc populaire et accessible. On n’a pas ce débat avec les professionnel·les mais surtout entre nous : est-ce qu’on veut chanter plutôt en français ou non en fonction de notre morceau ? Mais on n’est pas du tout fermé·ess à la critique et aux conseils. On a pu entendre des gens qui nous ont dit tout et n’importe quoi et nous on écoute tout le monde. On prend tout et on fait le tri. C’est comme ça qu’on a progressé aussi ! C’est ce qu’on veut le plus, s’améliorer et rendre notre musique accessible à tous·tes.

F : Oui et en coloc c’est difficile parce qu’on est dans notre bulle. Alors écouter l’avis d’un·e professionnel·le ou notre meilleur pote qui nous voit en concert, c’est ce qui nous a fait arriver là aujourd’hui. En écoutant tout le monde on a vraiment progressé sinon on serait toujours à tourner en rond dans le studio !

LVP : Est-ce que vous avez des endroits où vous pouvez jouer régulièrement en live devant un public pour tester vos morceaux et vos sets ?

F : On fait beaucoup à la maison parce qu’on a la chance de pouvoir le faire. Comme on joue aussi beaucoup dans la région, on a des amis qui viennent nous voir, mais on n’a pas de lieu fixe. On a quand même le 6MIC à Aix-en-Provence pour faire des répétitions. D’ailleurs c’est par là que tout a commencé. C’est elleux qui nous ont ouvert les portes d’un studio au début et nous ont prodigué plein de conseils. Quand on n’avait pas encore la coloc, c’est par là qu’on s’est lancé dans les lives et dans les répétitions.

T : Ce serait un kiff pour nous d’avoir un lieu à Marseille. Ça nous ferait plaisir de mettre en lumière une scène de Marseille qui n’a pas beaucoup la lumière au niveau national. C’est un peu un challenge qu’on s’est donné de représenter Marseille ailleurs et de permettre à certains lieux de se développer à Marseille pour accueillir d’autres groupes. À Marseille, il y a peu de groupes qu’on aime qui passent. Soit parce que le public ne se déplace pas ou que c’est trop cher. C’est dommage, mais il y a plein de choses qui se créent depuis quelques années. On aimerait faire partie de ça en mettant la lumière sur Marseille, en représentant la ville et en développant la scène ici et en donnant envie de venir pour découvrir tous les projets intéressants du coin. Ça viendra.

LVP : J’avais une question aussi sur vos références dans le clip de Parler, on voit un livre de Laure Adler « Le corps des femmes » et Cocteau « Les enfants terribles ». Ce sont des références que vous vouliez mettre en avant ?

T : En fait c’est un clip qu’on a fait avec deux personnes qu’on a rencontrées, Ilona [Tran] et Mathias [Sahnoune]. On voulait donner carte blanche pour l’image. Donc Ilona s’est occupée de la direction artistique et c’est elle qui a ramené ces livres. On était super content·es parce que ça correspondait vachement à ce morceau.

LVP : Vous avez quelques recommandations de livres ou de films pour nos lecteur·ices ?

T : On est un peu dans notre bulle musicale en ce moment. Parfois, Faustine ramène des BD qu’elle lit beaucoup.

F : Oui, toujours des BD très colorées. Je recommande Théo Grosjean ! Et aussi Pénélope Bagieu parce qu’elle donne la parole aux femmes qui ne l’ont pas toujours eue.

LVP : Et en musique vous avez été marqué·es par des groupes dernièrement ?

T : Je me suis pas mal plongé dans le dernier Phoenix (Alpha-Zulu), c’est un groupe qui m’inspire énormément. En termes d’électro, on a eu une grosse période où on a revu les live de LCD Soundsystem, notamment un live où ils reprennent le thème de Twin Peaks, dont le compositeur [Angelo Badalamenti] vient de mourir. C’est aussi une série qu’on a beaucoup regardée d’ailleurs !

A  : On se met aussi dans une ambiance en écoutant et regardant les mêmes choses pour se mettre dans une émotion collective en vue de la création. On a beaucoup aimé le dernier album de 1975. On aime bien la manière dont il amène la pop vers d’autres territoires qui restent pop mais avec quelques changements, notamment vocaux. En festival cet été on a pu voir Working Men’s Club, groupe anglo-saxon qui mélange électro et style 1990.

F : Oui, on peut un peu s’identifier dans cette musique. C’est un mélange sur lequel on ne peut pas trop mettre d’étiquette mais ça danse quoi ! Bon, c’est un peu plus dark quand même.

T : On a beaucoup écouté Jungle aussi. Après on écoute plein de trucs. Faustine écoute beaucoup Louis Cole. Pendant un voyage avec Faustine on a écouté Justice tout du long. Mais on n’a pas d’artiste favori en boucle en ce moment. Surtout parce qu’on essaye de faire notre propre musique donc on reste focus, dans notre bulle.

LVP : Est-ce que vous avez déjà quelques dates à nous donner pour vous suivre ?

T : Là on vient de passer les Transmusicales et je pense que ça va être un changement pour nous. L’année 2023 on a plein d’options mais on espère faire plein de concerts !

F : De confirmé, on joue au festival Hors-Piste à Annecy le 23 et 24 février dans deux lieux. Et à Nantes le 23 mars avec Meule et Dombrance.

T : Et il y aura plein d’autres dates c’est sûr !

LVP : En termes de morceaux, je sais que vous venez de sortir votre EP, mais est-ce que vous avez déjà d’autres titres ou bien un album en préparation ?

T : Oui bien sûr, on a plein de trucs écrits. Mais pour l’instant on est en pleine réflexion. On ne sait pas si on va sortir un EP ou un album. On est en plein dedans là. Avant ton appel et après ton appel on va bosser dessus. On veut vraiment faire un truc cohérent pour l’album donc on va essayer de travailler là-dessus. Et pour la première fois on va composer avec l’expérience du live. L’adaptation au live c’était un peu particulier au début, mais on se facilite les choses maintenant sans perdre notre son.

LVP : Merci beaucoup du coup l’année 2023 tend les bras à Social Dance.

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