Solo Piano Pierõ
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Auteur·ice : Coralie Lacôte
01/06/2022

Solo Piano Pierõ

Et si finalement “tout était plus beau sans le son” ? Dans l’immensité du silence absolu, loin de nos postures, que reste-t-il ? Sans doute, nos yeux devenus boussoles nous guideraient dans l’expansion d’un monde dont nous aurions tout, ou presque, à découvrir. La poétique du geste remplacerait le verbe et les figures de style, et petit à petit une grammaire nouvelle et universelle se mettrait en place. Telles sont les réflexions auxquelles on aspire à l’écoute de Sans le son, première chanson de Pierõ, publiée ce vendredi. 

| Photo : Antoine Henault

Si nous connaissons Pierre pour ses mélodies et ses interventions poétiques au sein du groupe Catastrophe, c’est cette fois-ci en solitaire qu’il vogue. Après avoir suivi ses ébauches et reprises très enthousiasmantes sur Instagram, on se réjouit aujourd’hui de ce premier titre, qui attise résolument notre envie de découvrir la suite.

Pour ce morceau inaugural, Pierõ s’est lancé dans un numéro d’équilibriste en tentant d’imaginer le son du silence. Un défi qui donne le vertige, une sensation proche de celle éprouvée lorsqu’on essaie d’imaginer la finitude de l’univers ou son exact initial. Pour tenter d’approcher cet état du monde “sans le son”, Pierõ ne s’est pas limité à la musique et s’est attelé à une véritable recherche esthétique, mobilisant par exemple les sculptures érodées de Daniel Ashram. Après avoir identifié ce qu’il voulait tenter de cerner, le musicien a tissé une intrigue, réminiscence d’un rêve, nous faisant ainsi suivre l’expérience “d’un sourd dans une boîte de nuit” qui regarderait les autres danser. Isolé de cette expérience collective, il n’en est pas moins connecté, son appréhension du monde est un jeu de regard. Pour accompagner l’immersion, Pierõ a imaginé une instrumentation épurée, aérienne. Des nappes synthétiques tutoient une boîte à rythme, la voix de Pierre et quelques chœurs. Ni trop, ni trop peu, le musicien accompagné de Clément Roussel pour le mix, a ainsi réussi à instaurer un savant équilibre qui figure la bulle dans laquelle se trouve le personnage original.

 

Afin de souligner les débuts de cette déambulation musicale naissante, Pierõ  a couplé la sortie de ce premier titre avec celle de son clip. Une ascension verticale dont la simplicité se joue de l’efficacité. Ici, nulle question de marquer les esprits, le musicien nous invite seulement à une aventure poétique et sensible. Dans un vêtement en popeline, il apparaît, loin du mythe de l’homme viril, avec pour seul artifice les mouvements d’un drap flottant avec lui. Illustratif et autonome, ce clip arrive à porter la quête du musicien et ce avec ou “sans le son”.

Avec ce premier titre, Pierõ nous rappelle que la poésie est là, partout, vivante autour de nous et que sans doute, il suffit de s’offrir à l’instant pour s’en saisir. 

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