Qui a dit que 2020 n’était qu’ondes négatives ? Cette personne n’a certainement pas écouté le dernier album des Lemon Twigs. Sorti le 25 août dernier (oui, on a un peu de retard), Songs for the General Public est de loin la plus belle surprise que cette sombre année pouvait nous offrir ! C’est d’ailleurs pendant le confinement que les deux frères de Long Island on enregistré leur tout dernier bébé. Leur public avait également eu le bonheur de profiter de la captation live de plusieurs dates américaines pendant cette même période. Où quand pandémie mondiale rime avec productivité !
La rencontre avec Do Hollywood
Le public les a découverts en 2016 avec le sublimissime album Do Hollywood. Un véritable déferlement de rock aux sonorités vintage. Oui, les frères D’Addario, membres fondateurs des Lemon Twigs, semblent tout droit sortis d’une faille spatiotemporelle. Le plus jeune, Michael, est une sorte de personnage de cartoon excentrique et lunaire, parfois insupportable, souvent insolent mais toujours extraordinaire. Son aîné, Brian, le complète parfaitement puisque qu’il représente tout à fait l’inverse. Caché derrière sa frange, il est discret, posé et poétique. Il se démarque clairement par ses ballades, parle ouvertement d’amour et maîtrise l’art de la métaphore comme personne.
L’inclassable Go to School
C’est deux (exceptionnels) EP plus tard que le groupe sort Go to School, en 2018. Et quoi de mieux pour se démarquer que d’écrire une comédie musicale ? C’est désormais chose faite. Ainsi, c’est en toute simplicité que les deux frangins ont conçu un opéra rock sur la vie d’un singe élevé à la manière d’un petit garçon. Bien que personne n’ait encore eu le courage de remettre en question le génie créatif du groupe, l’album est quelque peu controversé. En effet, même si sa musicalité relève très certainement d’une intervention divine, il ne ressemble guère à ce que le groupe a l’habitude de proposer. Mais peu importe. Brian et Michael font ce qu’ils veulent, quand ils veulent, et c’est finalement ce qui définit le duo à la perfection. Pas de ligne éditoriale, pas de règle. Juste de la musique, de l’amour, des solos de guitare, encore de l’amour, et des harmonies à la pelle.
Un retour aux fondamentaux, avec Songs for the General Public
C’est donc avec une impatience justifiée que les fans de la première heure ont écouté leur tout dernier opus. À la manière de ses aînés, le disque a été produit et enregistré dans leur home studio de Long Island, avec l’aide de… Jonathan Rado ! D’où le titre de l’article : “l’ambitieux retour aux sources”. Car oui, Mesdames et Messieurs, Jonathan Rado a aussi réalisé et produit Do Hollywood. AH ! La boucle est bouclée.
Songs for the General Public est donc un véritable retour aux sources fait de claviers d’une autre époque et d’enregistrements sur cassettes. La douceur de Brian, la folie de Michael, le rock, la pop… tout y est ! Une anachronie de 12 pistes plus inspirées les unes que les autres. C’est presque émouvant de retrouver ces monomaniaques des seventies, avec un album qui deviendra sans doute dans quelques années leur plus grand classique.
Dans cet article ne seront pas traitées les nombreuses expressions et métaphores cosmiques qui définissent si bien les Lemon Twigs. Il n’est évidemment pas de la responsabilité de la rédactrice de cet article d’interpréter les textes. Surtout quand ladite rédactrice n’a elle-même aucune idée de comment les interpréter. Libre à chacun, donc, de laisser voguer le voilier de son imagination.
Hell on wheels
Tentons désormais de définir l’ineffable, avec le titre qui introduit l’album. Si vous rêvez d’un road trip imaginaire sur les routes de l’Amérique profonde avec Michael, alors écoutez Hell on Wheels. Fermez les yeux. Le moteur de la Harley bourdonne nerveusement. Le vent, tel une mélodie, fait danser vos cheveux. Il fait chaud et une légère brise de sable fouette votre peau halée par le soleil californien. Le cuir de votre veste est abîmé par les milliers de kilomètres que vous avez parcourus sur des routes quasi désertes… Bref. Les Lemon Twigs c’est aussi et surtout un voyage de chaque instant.
Live in favor of tomorrow
Live in favor of tomorrow, première ballade de l’album, est naturellement composée et interprétée par Brian. Une chanson pleine d’espoir et d’accords majeurs, qui n’est pas sans rappeler un certain Todd Runddren : “Live in favor of tomorrow, try and take the pain away”. Un titre qui rappelle au monde que l’amour, bien qu’il puisse être source de tristesse, est avant tout un sentiment qu’il ne faut pas rejeter, car le bonheur est au bout du chemin.
“I’m so happy
When I feel the rush of love that comes from gloom
‘Cause I assume
That we weep because we yearn for something more”
The one
The one est le premier single et premier vidéo clip tiré de l’album. Le sujet c’est l’amour, encore et toujours, ou plutôt les difficultés qui gravitent autour de ce sentiment. Thème qui a l’air de tenir particulièrement à cœur à nos frangins préférés, puisqu’on le retrouve également dans No One Holds you, Somebody Loving You ou encore Only a Fool.
Ashamed
Enfin, impossible de passer à coté d’Ashamed, chanson traitant de l’inceste entre frère et sœur. Il est relativement rare que ce type de thème soit traité par le groupe. Un titre surprenant, tant dans sa profondeur que dans sa mélodie simple et épurée. Une ballade étonnement composée, écrite et interprétée par Brian.
“When a little brother and sister make it with each other
And the family lose their minds, well
Don’t you think they have no right?”
Cet album, aux inspirations multiples, est définitivement la bonne nouvelle de l’année. De quoi embellir cette rentrée, en attendant la reprise des concerts !
J’aime créer des jingles qui m’accompagnent au quotidien et qui font de ma vie une véritable comédie musicale. En gros je chante tout ce que je fais et ça embête tout le monde.
