Sopico prend son envol avec Nuages, son premier album
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Auteur·ice : Laura Marie
29/10/2021

Sopico prend son envol avec Nuages, son premier album

Après trois ans d’absence, Sopico est de retour avec une guitare, une voix, et c’est tout. Pour son premier album Nuages, le rappeur se met à nu, et se confie sans artifice dans ce projet de guitare-voix. Un retour épuré et intime que l’on a évoqué avec l’artiste à l’occasion du MaMa Festival. 

« Ça fait du bien de retourner au charbon ». Trois ans après la sortie de son dernier long projet et une tournée qui l’aura emmené jusqu’à Tokyo, Sopico est l’une des têtes d’affiches du MaMa Festival à Paris. Pour la troisième fois de sa carrière, il joue sur la scène de La Cigale. À quelques jours de la sortie de son premier album, le rappeur se confie : « Pour moi, ce n’est pas du stress. Une sortie, c’est assez libérateur ». Et le 14 octobre dernier, Nuages voit le jour. 

Durant ces quelques années loin des projecteurs, Sofiane de son vrai nom a composé une trentaine de morceaux, pour finalement en choisir « treize qui me plaisent vraiment ». Son premier single est dévoilé le 3 septembre. Avec Slide, une « fusion entre Nirvana et le Wu-Tang », l’artiste parisien donne un avant-goût intéressant de son projet. Un rap aux influences rock, dont découle une insolente confiance tout au long du texte (« Mon album va déclencher la haine des frères »). Un premier extrait qui laisse présager un intrigant mélange de genres, entre le rock et le rap. Mais quand l’on appuie sur le bouton « Play », et que le premier morceau de l’album résonne, on découvre que l’artiste avait prévu tout autre chose.

 

De son premier projet Mojo, produit par son ancien collègue de la 75e Session Sheldon, au plus récent, , qu’il a produit lui-même, le rappeur a toujours expérimenté. Et pour son premier album, Sopico a choisi d’emprunter un nouveau chemin. Un chemin vers les Nuages, où la guitare mène la danse et dialogue avec sa voix.

Une conversation avec sa guitare

L’album s’ouvre avec Dans les yeux, une romantique ballade entre rap et chant. Les premières émotions surgissent : une forme de nostalgie où la mélancolie s’évapore à mesure que les secondes passent. D’entrée de jeu, la guitare prend déjà une place prépondérante. C’est elle qui clôture le morceau, bercée par la voix du rappeur en fond. « En transformant mes morceaux très produits en morceaux plus simples, épurés, où la guitare prend toute la place et les paroles aussi, j’ai fini par me dire « Ok, c’est ça que j’ai envie de faire » ». En 2017, Sopico expérimente ce style à l’occasion de sa performance pour Colors. Il interprète Le Hasard ou La Chance, une prestation qui comptabilise aujourd’hui plus de 7 880 000 vues. Il réitère en 2018 avec une série de morceaux en live acoustique, Unplugged. « Ça m’a permis d’être sûr que c’était la forme qui me correspondait le mieux », affirme-t-il.

Une transition artistique radicale, épaulée par Yodélice, qui le signe sur son label Spookland en 2020 : « Le fait d’avoir rencontré un artiste/musicien qui joue de la guitare, qui comprend la vision que j’ai et qui me donne aussi toute l’opportunité de réaliser mes projets comme j’ai envie de le faire me confirme que je me sens vraiment totalement libre et sur le bon chemin ». Il poursuit : « Le but, ce n’est pas uniquement d’être un artiste qui fait du guitare-voix. C’est de faire de la guitare-voix parce que j’ai envie de le faire, et de continuer de proposer et développer ma vision artistique ».

Dans Passage, le rap du Parisien prend des airs de variétés, avec une boucle de guitares qui appelle aux voyages. « On n’est que de passage », fredonne-t-il sur le refrain. Dans Février, l’influence rock se ressent à nouveau. À l’instar de Slide, la mélodie est plus sombre, plus tourmentée et se mélange à une atmosphère vaporeuse. « Sur cet album, j’ai vraiment le sentiment d’avoir composé », explique Sopico. À la différence de créer des productions, c’est à travers la guitare qu’il s’exprime et inversement : elle traduit ce qu’il a envie de dire. Une conversation entre l’artiste du XVIIIe arrondissement et son instrument, qui slaloment entre différentes émotions, différentes identités. Chaque morceau adoptant une couleur musicale particulière, propre aux sentiments que le rappeur souhaite diffuser : « Mon but, c’est que les gens écoutent l’album dans leurs oreilles et puissent capter les émotions que j’y ai mises, et qu’ils puissent attacher les leurs aux miennes ».

Une conversation avec les gens

Entre romantisme et insolence, Nuages est une balade au milieu des émotions de Sopico. « C’est un album assez introspectif où je n’en dis pas trop et d’une manière un peu abstraite », explique-t-il. Les relations amoureuses et amicales, la nostalgie, les déceptions, le rappeur ouvre son cœur sur des thématiques universelles. Dans Crois-moi, il confesse avec sincérité ses faiblesses face à un amour affaibli (« Promets-moi de rester car mes yeux ne se ferment plus »). Sur Hier, c’est la trahison qu’il évoque, sur un fond de mandole algérien joué par son père (« J’vois des traitres partout c’est compliqué de se faire confiance »). Des textes tout en subtilité, qui permettent à chacun de se faire sa propre interprétation : « J’aime ce truc d’enfant qu’on faisait, regarder le ciel et se dire “tu vois la forme dans ce nuage ?”, confesse le Parisien. Généralement, on voit tous un truc différent. C’est pour ça que mon album s’appelle Nuages. Une émotion c’est abstrait, tu ne peux pas l’attraper comme tu éclaterais une bulle qui passe devant toi ».

Tout au long de l’album, l’auditeur devient spectateur de cette discussion profonde entre l’artiste et sa guitare. Grâce à une plume empreinte d’un lyrisme moderne et un flow arrogant et sensible, la voix du rappeur se fait entendre davantage. Il prend l’auditeur par la main, l’invitant à se joindre à la conversation. Sans aucun artifice, sans autotune, l’impact de ses mots devient plus fort. Son deuxième single Tout va bien, est un hymne positif qui mène à la réflexion sur soi-même, dans les moments où le négatif l’emporte : « Pourquoi tu fais cette tête si tout va bien ? Tu veux être plus heureuse mais tout va bien ». Un titre lent, doux, où le rappeur récite son texte avec tendresse, comme un chuchotement dans le creux de l’oreille.

https://www.youtube.com/watch?v=Uupc2wjNGsU

 

Si Sopico emprunte une toute nouvelle trajectoire et un changement de direction radical, la sincérité de Nuages, de ses textes à son interprétation aérienne et spontanée, prouve qu’un artiste doit toujours croire en son instinct. « C’est grâce au rap que je suis là, c’est aussi grâce au rock », affirme-t-il. En associant sa poésie et son amour de la guitare, il offre au rap un album authentique à la croisée des genres. Un projet de guitare-voix qui témoigne de sa liberté artistique et de son habileté à procurer mille et une émotions. « Le rap c’est de la chanson », conclut Sopico. Et personne n’osera dire le contraire.

Tags: Sopico
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