Trois ans après Nice To Meet U, c’est avec une joie non-dissimulée que nous retrouvons Pi Ja Ma, le duo formé par Pauline de Tarragon et Axel Concato. Le 20 mai dernier, le groupe nous a convié·es à une nouvelle épopée pop, avec la sortie de son deuxième album Seule sous ma frange. Défiant la pluie et prenant la pose sous des airs de Singin’ in the Rain, Pauline nous a confié non sans humour et sincérité les secrets d’un disque qui vogue entre les styles et qui n’a pour seul impératif que la négation des limites.
La Vague Parallèle : Salut Pauline, on se rencontre le jour de la sortie de ton deuxième album Seule sous ma frange et du livre que tu co-signes avec Claire Pommet [aka Pomme] Sous les paupières.
Pauline : Oui, j’ai dessiné et elle a écrit, mais on peut dire qu’on l’a fait ensemble. On était dans sa maison de famille dans le Sud et on voulait faire un livre. On le savait. Et en gros je lui ai dit : “écris ce que tu veux et moi je fais ce que je veux derrière en dessin”. Après, j’ai trouvé des jeux de mots un peu pourris comme la Fée Ministe, la Fée Moustache, La petite loutre parce que j’avais envie d’en dessiner une, je trouvais ça drôle. On s’est inspirées comme ça, l’une et l’autre. Ensuite, notre éditrice Marianne, qui est une femme trop stylée est arrivée avec ses gros tatouages et nous a donné plein d’idées pour le livre. Elle nous conseillait vachement en fait. Je ne sais pas si les éditeurs font tout le temps ça mais elle, elle est hyper impliquée, même dans la création des images, etc. C’est bien parce qu’on ne savait pas trop ce qu’on faisait.
LVP : Et donc en cette journée très spéciale, comment te sens-tu ?
Pauline : Là tu me prends au réveil donc je n’ai encore rien compris. J’ai reçu plein de messages, j’ai l’impression que c’est mon anniversaire. En vrai, j’essaie de ne pas mettre trop d’attente sur cette journée parce que j’ai peur qu’il ne se passe rien de fou et en même temps je suis très heureuse que les gens puissent découvrir les chansons qui ne sont pas les singles parce qu’en fait ce sont mes préférées je crois, comme d’habitude. Ce sont les chansons un peu plus dark, plus mélancoliques et forcément en single ça ne passe pas très bien, mais je me dis que si les gens écoutent ça aujourd’hui chez eux, dans leur lit alors qu’il pleut dehors, ça va être vraiment génial. J’ai attendu tellement de temps pour qu’ils puissent écouter ces chansons que là, à minuit j’ai regardé sur Spotify, et j’étais en mode “waouh, c’est dehors.”
LVP : On dit souvent qu’un deuxième album représente beaucoup de pression, surtout quand le premier a été bien reçu par la critique, qu’un public s’est constitué, que l’on est identifié, ce qui a été le cas avec Nice To Meet U. Comment appréhendes-tu la sortie de ce nouvel album ?
Pauline : En fait, souvent je me dis que je n’ai pas beaucoup d’attentes, que je n’ai pas de méga ambition dans la musique. Mon objectif c’est de sortir un album tous les un ou deux ans. Là, c’était trois ans parce qu’il y a eu le Covid mais ce serait ça le projet. Après, je n’ai pas vraiment l’ambition de gagner des Victoires de la musique ou de tourner aux États-Unis. Donc, je n’ai pas trop ce truc de premier album, deuxième album. Je suis juste trop contente de sortir de la musique. En plus, c’est quand même encore quelque chose de nouveau dans ma vie puisque ça fait presque sept, huit ans maintenant et que comparé à ma longue vie de vingt-cinq ans, c’est encore un peu nouveau. En réalité, je ne vois pas trop les albums comme une évolution de moi-même mais plus comme un nouveau film à chaque fois. Si ça se trouve, le prochain album sera hyper rock et peut-être qu’il plaira moins au grand public, ou alors ce sera vraiment un truc de variété française et il plaira plus. Je me dis que tant que j’adore le résultat final, c’est bien. Si ça bide je pense que ça fait un peu de peine mais je crois que ça irait en vrai.
LVP : Quel a été le point de départ de l’album ? Est-ce que vous aviez une intention particulière ou finalement ça s’est constitué au fil de la composition des chansons ?
Pauline : Les deux en même temps : ça s’est fait au fur et à mesure mais j’ai l’impression qu’il y a un thème central qui est la solitude, l’incompréhension des relations amoureuses, le désir d’indépendance et en même temps celui de vouloir être amoureuse tout le temps. Ça tourne un peu autour de tout ça. Après j’avais aussi un désir d’indépendance au niveau de la création. J’avais vraiment envie de faire un album sans aucune règle. Donc que ce soit l’image, les clips, la composition, les structures de chanson, les paroles, il y a vraiment plein de moments où je me disais “oh je ne peux pas faire ça quand même”, puis “si, je peux” (rires).
LVP : Que l’on écoute Destination l’amour, J’ai oublié ou encore La forêt, on est promptement marqué·es par l’éclectisme de vos compositions.
Pauline : Ce sont mes choses préférées, même dans les livres, etc. J’adore quand ça change de style de dessin ou d’écriture. Je pense que j’ai du mal avec les albums où c’est la même chanson pendant quarante minutes, ça m’énerve beaucoup et je crois que j’ai besoin d’une vie un peu comédie musicale où il y a des choses qui pètent puis où c’est d’un coup hyper calme. Je ne sais pas trop pourquoi, je pense que c’est parce que je n’aime pas le calme.
LVP : Pi Ja Ma est un duo que tu formes avec Axel Concato. Comment est-ce que ça se passe pour la composition et l’écriture ? Comment vous partagez-vous les rôles et quel a été votre processus de création pour cet album ?
Pauline : Tout était un peu nouveau donc au début on a un peu galéré parce que d’un coup je voulais prendre toute la place, ce qui était compliqué pour Axel. Et en même temps je lui ai expliqué que comme pour le premier album, j’avais quasiment pas composé et écrit qu’un tout petit peu, j’avais besoin de me rattraper sur celui-là. En plus, j’avais envie de le faire maintenant. En fait, les confinements m’ont aidée à créer ma musique dans ma chambre et à n’avoir aucun jugement là-dessus parce que je ne la faisais écouter à personne sauf à ma mère. Après ça, on s’est retrouvés dans la maison de campagne d’Axel et on a composé des morceaux ensemble. Souvent on discutait pendant trois heures, on écoutait des morceaux qu’on aimait bien. Lui, il n’aime pas trop faire ça mais moi j’aime bien. Ensuite, j’ai tout le temps des idées de textes mais je n’ai pas forcément de mélodies alors que lui est super fort pour trouver des suites d’accords. Ce que j’adore faire, c’est vraiment me coudre sur mesure une ligne de chant que je vais adorer chanter pendant des années, pile dans ma tessiture. Quand c’est une autre personne qui t’écrit tes chansons, elle ne sait pas forcément comment tu vas les chanter. Et du coup, même au niveau des langues je me disais “vas-y le refrain j’ai envie de le faire en anglais, le couplet en français, parfois j’ai envie de parler.” On a mis des bruits de chien aussi. Une fois, on était sur Instagram il y avait un espèce de vieux gars qui jouait du violon trop bizarre et Axel l’a samplé. Il y a plein de choses enregistrées avec mon iPhone. J’avais envie que ce soit très spontané et je me disais “si on ré-enregistre des choses qu’on trouvait belles sur le téléphone, ça va être moins bien” donc on les a gardées. Pour J’ai oublié par exemple, toutes les prises voix et guitare viennent de mon téléphone. Axel s’est ensuite arrangé : il a mixé le morceau, a rajouté des contrebasses, des batteries déjà enregistrées et Alban Claudin a ajouté son piano et sa voix depuis sa campagne de Sens il me semble.
LVP : Contrairement au premier album, Seule sous ma frange mélange l’anglais et le français. Tu avais déjà chanté en français sous le nom de Mimi Carnage par exemple pour la compilation de Gentil Record ou à l’occasion de collaborations avec Fantastic Mister Zguy ou Marc Mélia et Flavien Berger. Comment as-tu abordé l’écriture en français ? Est-ce que c’est une chose avec laquelle tu es à l’aise ?
Pauline : Oui, j’adore. J’avais très peur avant et en fait à partir de Bisou, il y a vraiment eu un déclic. Ça a commencé au moment de Mimi Carnage. Je me suis dis que j’avais envie de faire des choses un peu plus fofolles et mon label à l’époque m’a engueulée et m’a dit “mais pourquoi tu fais un autre projet ?”. Pour moi, Pi Ja Ma c’était de la pop en anglais. Ils m’ont dit : ”Mais Pi Ja Ma c’est ce que tu veux. Si tu veux aller avec des violonistes sur scène, c’est ça.” J’ai donc dit adieu à Mimi Carnage et j’ai commencé à faire tout ce que je voulais dans Pi Ja Ma. C’était la première fois avec Bisou que je mettais un bout de chanson sur Instagram. Les gens étaient hyper à fond sur cet extrait qui était pourtant enregistré avec les pieds et donc un an après je l’ai finie. Mais j’ai vraiment eu besoin de beaucoup de validations, des gens et de mes amis, pour me dire que je pouvais écrire en français. À partir de ce moment-là, j’avais tout le temps envie d’écrire en français, et là ça me vient quasiment toujours comme ça. Après c’est plus quand je me mets à chanter que je me dis que ça irait peut-être mieux en anglais. Là j’ai envie de chanter en italien, en espagnol, c’est une catastrophe.
LVP : Entre la fin de la première tournée et ce nouvel album, il y a eu cette période de pandémie. J’imagine que vous avez dû modifier la temporalité de cet album. Est-ce qu’elle a eu un impact sur sa création ou a-t-elle seulement retardé sa sortie ?
Pauline : C’était assez paradoxal parce qu’en même temps on était déçus, on se disait qu’on avait fait un album hyper rapidement. Mais comme il y a eu le confinement et qu’on n’allait pas sortir un album pendant, le label m’a dit de prendre mon temps pour continuer. Je pense que c’est bien qu’on me force un peu à travailler parce que j’ai tendance à vouloir aller très très vite et à passer à autre chose. Là, je me suis vraiment retrouvée chez ma mère avec un petit clavier MIDI, une guitare, mes écouteurs, mon casque et mon téléphone et je pense que j’ai fait vingt chansons. C’est marrant parce que Seule sous ma frange est née dans ma chambre mais elle a été combinée après avec une autre chanson que j’avais faite dans un autre appartement. C’est pour ça que le couplet et le refrain sont un peu bizarres ensemble. Et c’est le morceau qui a donné le nom de l’album. Au final, je trouve ça cool qu’on ait attendu et qu’on ne se soit pas dit “bon c’est fini, on passe à autre chose”. Même la chanson Les Questions est hyper récente finalement, on l’a enregistrée avec mon père il y a quatre mois, quelque chose comme ça.
LVP : Ce n’est pas banal de faire un feat avec son père. Comment l’idée est-elle née ?
Pauline : Ce n’était pas du tout pour lui à la base. J’avais le Covid quand je l’ai enregistrée et je me suis demandé à quel adulte j’aimerais poser des questions et à qui j’aimerais ressembler. Au début, je voulais le faire avec Philippe Katerine mais je me suis dit qu’il y avait un truc un peu énervant dans le fait de vouloir faire un duo avec quelqu’un de connu et que ça ne me ressemblait pas forcément. Je me suis demandé “qu’est-ce qui me ressemblerait ?”. Ce serait plutôt de faire quelque chose d’un peu absurde et de prendre mon père qui est en fait graphiste à Montreuil et pas du tout connu.
LVP : Ça dénote justement une certaine liberté que l’on sent dans le projet, tout comme avec la dédicace à Jean-Luc Mélenchon que l’on retrouve dans le générique de fin du clip de Destination l’amour.
Pauline : Le jour où on a tourné le clip était le jour des élections, on a eu espoir jusqu’à la fin de la journée donc on s’est dit qu’on allait lui faire une dédicace parce qu’il nous a bien fait rêver pendant quelques semaines.
LVP : Est-ce que tu te sens libre et arrives-tu à être spontanée avec Pi Ja Ma ?
Pauline : À fond. Je ne sais pas dans quel ordre ça s’est fait mais j’ai l’impression qu’avant j’étais super timide et angoissée. Là je suis encore très stressée comme personne mais avant j’avais peur et je me mettais tout le temps en-dessous des autres en me disant que je n’étais pas assez cultivée, pas assez intelligente ni courageuse, puis il y a eu un déclic. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais j’en ai eu vraiment rien à faire de tout, ce qui parfois est un peu gênant parce que je n’ai plus aucune gêne. Je pense que c’est quand j’ai commencé les concerts que tout ça est arrivé. Ça me faisait tellement peur que je suis arrivée et j’ai adopté une posture de “j’en ai rien à faire” et limite je parle mal, je fais n’importe quoi, je déchire mon pantalon, je fais des blagues, je dis des gros mots. Il y a eu quelque chose d’hyper libérateur et maintenant j’ai l’impression que l’image du projet c’est ça : tu peux vraiment faire n’importe quoi et c’est absurde. Et en même temps, il faut que la qualité de la musique soit toujours là. Je pense que j’ai besoin de mettre de l’humour dans tout. Même là, je me disais qu’il fallait faire une annonce pour l’album en mode “ça fait trois ans que j’attends ça, etc.”, du coup j’ai mis une photo de moi à poil pour tromper les algorithmes et que les gens voient que j’ai sorti un album. Je me suis dis : “je le poste, je ne le poste pas” puis “franchement soyons fous”. Je ne sais pas si je me suis faite striker par Instagram, j’irai voir après mais c’est possible.
LVP : Tu es chanteuse, musicienne, autrice, créatrice de contenu, tu es aussi notamment connue comme illustratrice, tu as par ailleurs réalisé certains de tes clips comme By the River pour le premier album ou Les Questions récemment. Quelle importance a la création graphique dans ton projet musical ?
Pauline : Alors au début c’est marrant parce qu’il n’y a limite que ça qui m’intéressait dans la musique : faire les clips, les pochettes, etc. Et au fur et à mesure, je me suis un peu plus occupée de la musique et les visuels ont commencé un peu à me stresser parce que comme je sais le faire j’ai beaucoup de pression alors que je suis un peu débutante en musique donc je peux faire n’importe quoi. Mais là, il faut que je fasse une super image. En même temps, j’aime les trucs hyper minimalistes mais j’ai l’impression que si je fais ça, c’est pas assez pour une pochette d’album sachant que tu en sors un tous les trois ans. Pour celle-là, je me suis vraiment forcée à faire quelque chose d’aussi spontané que les chansons. J’ai fait un collage et j’ai mis plein de choses qui me faisaient penser à l’album : cette fille qui sort sa poubelle mais qui s’est trop bien habillée pour ça, avec son chien, pour moi ça évoquait bien la femme célibataire de vingt, trente ans. Après pour les clips, quand j’ai vraiment une idée comme pour J’ai oublié, j’aime bien le réaliser moi-même mais c’est très rare. Sinon, j’adore travailler avec mes amis. Par exemple, j’ai travaillé avec Hugo Pillard pour Bisou on s’est trop marrés et j’adore le clip. Il n’y a que des copains dedans qui ont d’ailleurs fabriqué les décors. Là, j’ai fait Destination l’amour avec Théo Leroyer et son ami Roméo [aka Nedelko]. Ils ont ramené un gang de skateuses et on a beaucoup rigolé aussi. Maintenant, je ose plus déléguer parce que je ne suis pas du tout réalisatrice, je n’ai aucune notion de cadre, de lumière, je ne sais jamais quand c’est ennuyeux ou non. Je monte mes propres trucs, et encore sur J’ai oublié il n’y a pas de montage puisque c’est un plan séquence, ce n’est pas moi qui ai filmé et celui qui l’a fait avait des notions, a stabilisé l’image et savait exactement ce qu’il fallait faire. Mais donc au début j’étais control freak, je voulais tout faire moi-même et maintenant j’adore déléguer. C’est hyper reposant en plus de s’entourer de gens et que chacun ait un rôle et le fasse super bien.
LVP : Tu parlais à l’instant de la pression que tu ressens par rapport à la création visuelle sur Pi Ja Ma. Penses-tu que c’est une pression que tu te mets toi-même ou que celle-ci est liée au fait que tu sois illustratrice et reconnue comme telle ?
Pauline : En général, toutes les pressions viennent de moi-même (rires). C’est très étrange, j’ai une espèce de truc hyper compétitif. Enfin, je n’ai pas envie d’être la première dans rien mais par contre j’ai envie de faire énormément de choses et si je participe à une compétition, il faut quand même que je pense pouvoir gagner parce que sinon je ne le fais pas, je me dis : “c’est impossible, tu vas être trop nulle”. Je ne sais pas, je me mets une énorme pression pour faire plein de projets, être tout le temps au max, faire rire tout le monde, etc. mais vraiment ça vient uniquement de moi. C’est l’angoisse de la performance. Par contre, on m’a dit plein de fois “tu devrais faire du théâtre” ou “tu devrais faire un one-woman-show”, mais ce serait ma phobie. Si je fais un spectacle destiné à faire rire et que ce n‘est pas le cas, je pense que je me tue la minute d’après. Donc, je n’ai pas des objectifs fous mais j’ai envie de beaucoup travailler sur toute ma vie, sans forcément atteindre de grands objectifs parce que ça ne m’excite pas trop non plus les récompenses, les stars, etc. Ça ne me parle pas trop.
LVP : Dans quelques jours sort le clip de Destination l’amour réalisé par Théo Leroyer, est-ce que tu pourrais nous en parler ? Comment s’est passée la collaboration ?
Pauline : J’ai proposé à Théo de le faire. Je lui ai dit que je voulais que la première règle soit qu’on s’amuse, que le clip soit un peu hystérique, qu’il se passe plein de choses. Il avait trouvé plein de références de costumes. Par exemple, le fait que je sois déguisée en Batman c’est son idée. Ensuite, j’ai dit à Roméo qui montait le clip qu’il fallait vraiment que ce soit rythmé parce que j’ai tendance à trouver que les clips ne le sont pas assez. J’aime bien quand c’est super en rythme, saccadé, etc. Il a fait un truc super. On a eu de la chance aussi avec les filles qu’on a rencontrées parce qu’on s’est très bien entendues. On est censé être un groupe de copines, je crois que c’est crédible. Elles, elles font du skate toutes ensemble. On a vraiment passé une très bonne journée à discuter, limite le tournage était secondaire, on n’a fait que rigoler, elles m’ont montré un peu comment faire du skate et m’ont dit de venir la prochaine fois. J’admire trop les filles qui font du skate. Depuis que je suis petite, je suis amoureuse de tous les potes skateurs de mon frère. Pourtant, je n’ai jamais imaginé en faire moi-même. Au final, le clip est hyper mignon et simple mais je ne sais pas, je pense que c’est le genre de choses qui va mettre de bonne humeur les gens et surtout ça déromantise un peu la chanson qui est archi cucul. Même ma voix est un peu second degré sur cette chanson. Ce n’est donc pas juste un couple qui se retrouve sur une île, là ce sont des skateuses. Il y a un truc de teen movie un peu et j’aime trop quand tu as envie que les clips continuent et que ce soit un film après.
LVP : Jusqu’ici nous avons beaucoup parlé de la conception de l’album mais vous allez également vous produire sur scène, notamment le 6 octobre aux Étoiles à Paris. Comment envisagez-vous de présenter votre album sur scène ? Est-ce que vous réfléchissez au live, avez-vous prévu des choses particulières ?
Pauline : C’est tout récent. On a beaucoup galéré à savoir si on allait être deux ou trois, etc. Le plus gros problème qu’on avait c’était les chœurs parce qu’il y en a énormément sur l’album et on ne peut pas se permettre de prendre trois choristes sur scène sinon personne ne va nous programmer. On a donc décidé de faire comme d’habitude : on a jamais assez de temps pour faire les choses ni assez d’argent mais on se débrouille. Donc on est allés chez Axel à la campagne, notre QG, on a pris morceau par morceau et on s’est dit : “Ok ça on le fait en guitare-voix, sur ça Axel va jouer de la basse et moi de la guitare”, ce qui est tout nouveau parce que je ne joue pas de guitare d’habitude sur scène sauf sur Bisou. J’ai aussi prévu de faire plein de petits effets visuels pour faire croire que j’ai des pédales mais en forme de chaussons. Je me suis dit qu’on allait trouver plusieurs petits jeux. J’ai envie que ce soit un spectacle plus interactif parce qu’en vrai c’est ce que je préfère faire et parfois je sais qu’il faut faire de la musique et que c’est important mais j’ai envie de parler avec les gens. J’ai également prévu de faire gagner des carottes parce que je trouve ça super de repartir avec une carotte. On est en train de trouver plein de petites idées comme ça. J’aimerais bien qu’il y ait un moment hyper dansant et qu’il y ait aussi un moment super émotion. Alors après je trouve qu’aller au milieu de la foule ce n’est pas idéal parce qu’il y a plein de gens qui ne voient pas. Mais on va faire comme ça et puis là on va commencer des petites promos, France Inter, etc. Par exemple, ils nous ont dit d’amener une reprise mais que les nôtres sont trop tristes et trop down tempo. J’ai donc proposé YMCA qu’ils ont acceptée mais ce qu’ils ne savent pas c’est que ma version est archi triste, je les ai dupés.
LVP : Pour conclure, est-ce que tu pourrais nous partager l’un de tes derniers coups de cœur musical, cinématographique, littéraire, visuel, le champ est libre !
Pauline : Il y a un morceau que j’écoute tout le temps en ce moment sur mon vélo qui s’appelle L’amour joue au violon de Jeanette, il est trop beau. En fait, une Américaine l’a mis dans sa story et elle dansait dessus, je l’ai écoutée 8000 fois et après j’ai fait une capture d’écran vidéo puis lui ai dit : “s’il te plaît, dis-moi ce que c’est, je suis obsédée”. Elle ne m’a jamais répondu et je l’ai faite écouter à Axel qui l’a trouvée. Donc ça, c’est super. J’ai aussi commencé La Cloche de détresse de Sylvia Plath. Avant ça, j’ai lu une fiction de Coline Pierré qui s’appelle Pourquoi pas la vie ? et qui raconte ce que Sylvia Plath aurait fait dans sa vie si elle ne s’était pas suicidée. C’est trop mignon comme histoire et j’adore ce livre. Il est très beau en plus physiquement. Après ça, je me suis dit qu’il fallait que je lise Sylvia Plath.
Le cœur grenadine et la déclaration facile, je passe mes journées les yeux rivés sur ma platine.