SUN, un soleil qui cogne très fort
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Auteur·ice : Paul Mougeot
04/04/2020

SUN, un soleil qui cogne très fort

En cette période troublée, la musique est un refuge bienvenu. Le temps se fige et on en profite pour revenir sur les découvertes qui nous ont marqué ces derniers mois et qu’on a à coeur de partager avec vous. Aujourd’hui, on vous fait découvrir SUN, un projet musical qui tabasse, à la croisée de la pop et du métal.

Dans la voix de Karoline Rose, le tonnerre gronde. Même lorsqu’elle fait se fait douce ou qu’elle paraît apaisée, la tempête menace d’y éclater à chaque instant, emportant tout sur son passage. C’est sur cette tension permanente, sur cette caresse suspendue qui se change brusquement en uppercut implacable que repose la musique de son nouveau projet, SUN.

Elle en a pourtant longuement cherché la recette, car le parcours de Karoline Rose est aussi incroyable qu’il est varié. Ne suivant aucun autre chemin que celui de sa volonté de vivre et d’expérimenter, l’artiste franco-allemande s’est sculpté une carrière protéiforme qui l’a vue passer des planches des théâtres, où elle a incarné Édith Piaf ou encore Nina Hagen, à celles des salles de spectacle, dans lesquelles elle a roulé la bosse de ses différents projets musicaux, qu’ils soient death metal, pop ou plus indie.

C’est sur cette tension permanente, sur cette caresse suspendue qui se change brusquement en uppercut implacable que repose la musique de SUN.

Finalement, SUN est l’aboutissement logique de cette épopée musicale haute en couleurs, la seule manière pour elle de concilier l’essence de ses différentes identités sans se retrouver à l’étroit dans l’une d’entre elles. Elle a même donné un nom à cette musique d’un genre nouveau : la brutal pop. Si Karoline Rose en a toujours porté l’idée en elle, il lui a fallu la nourrir, l’éprouver, l’enrichir de ses différentes expériences pour qu’elle finisse par voir le jour.

Pour cela, il ne manquait sans doute qu’une impulsion extérieure, qu’un maître d’œuvre susceptible de lancer la machine dans la bonne direction. C’est ici que la rencontre avec Dan Levy s’est avérée déterminante. Celui qui a fait des sonorités singulières sa spécialité (outre sa carrière avec The Dø, il a notamment travaillé sur les albums de Las Aves et Jeanne Added) a ainsi décelé tout le potentiel de Karoline Rose et s’est attelé à façonner avec elle la musique de ce nouveau projet, insufflant au passage un ingrédient essentiel à cette mayonnaise explosive : une batterie.

Une voix. Une guitare. Et une batterie, donc. Il n’en fallait pas davantage pour donner vie à cette musique hybride, qui puise dans le métal toute sa puissance et sa rage et dans la pop son songwriting séduisant et ses refrains accrocheurs. Il serait toutefois réducteur de résumer SUN à la rencontre de ces deux genres que tout oppose a priori. Car en live, le duo fait de sa prestation une expérience immersive en faisant éclater l’espace de la scène. Les concerts de SUN empruntent aux comédies musicales leur liberté de mouvement et au théâtre sa grandiloquence, pour proposer des performances qui conviennent aussi bien aux petites salles qu’aux plus grandes, avec une garantie inchangée : le public en ressort toujours bouche bée.

La bonne formule enfin trouvée, SUN a dévoilé Brutal Pop, un premier EP en guise de manifeste musical. On y retrouve d’abord I Killed My Man, ballade vibrante et déchirante qui raconte l’histoire d’une femme brimée et humiliée, qui trouve sa délivrance dans le meurtre de son oppresseur. À cette entrée en matière crescendo succède le riff agressif de Fast Car, son énergie dévastatrice et ses couplets screamés, qui témoignent de ce que la puissance de SUN peut donner sur scène. Avec Higher Fire, ses couplets rythmés, sa voix écorchée et son refrain ravageur, SUN tient le parfait exemple de ce que ce métissage qui lui est si cher passe haut la main l’épreuve de l’écoute. Enfin, l’excellent Enemy clôt l’écoute sur une note contrastée, qui réside dans l’ambivalence entre le message pacifiste qu’il porte et la brutalité de la mélodie de ses couplets.

Avec ce premier EP, SUN offre la preuve éclatante que la brutal pop n’est pas une étiquette factice, mais bien un genre original qui mérite qu’on lui prête attention. En ce qui concerne la suite de l’aventure, on est tout aussi confiant. Tout d’abord, Karoline Rose tiendra le rôle principal du prochain film de Tony Gatlif, avant, on l’espère, de donner une suite à ce premier essai prometteur. En tout cas, une chose est sûre : pour SUN, le soleil n’est pas près de se coucher.

Tags: Brutal Pop | SUN
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