The Black Keys Turn Blue
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Auteur·ice : Arthur Deplechin
13/05/2014

The Black Keys Turn Blue

En écoute depuis une semaine, le huitième album des Black Keys, intitulé “Turn Blue”, donne enfin une suite à l’incroyable “El Camino”, qui leur aura valu une victoire au Grammy Awards. Avec une partie de la production assurée par le grand Brian Burton alias Danger Mouse (Jack White, Norah Jones avec le projet “Rome”, …), le groupe originaire de l’Ohio a su recréer l’ambiance qui est lui est propre tout en s’essayant à des sonorités plus groovy et des mélodies entêtantes. La majeure partie de l’album a été enregistrée à Los Angeles où Dan Auerbach donnait quelques coups de mains à Lana Del Rey sur son album à venir entre deux sessions d’enregistrements, le reste a été conçu dans le studio personnel de ce dernier, situé à Nashville, leur nouvelle ville d’adoption. Non, leur voisin Jack White ne s’est pas invité sur “Turn Blue”, petits problèmes d’entente oblige.

Il était temps ! 3 ans sans nouveau titre du duo, on commençait à s’impatienter. Et dès l’ouverture, on a droit à “Weight Of Love”, une composition épique de quasi 7 minutes, le morceau le plus long jamais enregistré par les Black Keys. Une intro calme et suave pour électriser ce titre peu à peu. C’est solo sur solo que ça s’enchaîne pour faire monter la température, on se surprendrait presque à s’imaginer en cowboy des années 70. Ça y est les Black Keys sont de retour.

Les “ooh-ooh” de Dan Auerbach, on les aurait presque oublié. C’était sans compter le début de “In Time”, les petites vocalises du chanteur s’accordent parfaitement avec la guitare lancinante et empreinte d’une sorte de lamentation juste avant de retrouver un rythme funk et une voix en falsetto qui se fait rattraper au refrain par des choeurs qui ajoutent une dimension soul au morceau. Attention, encore une fois c’est sexy comme a pu l’être “AM”, le dernier album des Arctic Monkeys.

On redescend d’un cran, mais la température continue à monter inexorablement, c’est au tour du morceau-titre, “Turn Blue”, une ballade qui pourrait être la définition même du flegme. Le refrain fait office de ventilateur, on sent les guitares suintantes, les peaux commencer à briller, quelques gouttes de sueurs perlent et coulent sur les fronts. Ça devient pire qu’une fièvre.

Il est temps de relâcher toute cette chaleur et cette énergie, c’est la mission principale de “Fever”, premier single paru il y a un mois. On retrouve alors les synthés vintage d’orgue Farfisa du duo sublimés par des poussées sur les riffs de Dan Auerbach et la batterie de Patrick Carney sur les refrains.

Allez on prend l’air avec ” A Year In Review”. Patrick Carney, son bassiste et son orchestre décident de vous traîner dans une ambiance James Bond mais ils gardent le scénario près de Nashville pour la température. Les choeurs mélancoliques et les tambours implacables n’y font rien la peau recommence à coller au cuir du siège de la vieille Ford Mustang de Dan Auerbach.

On descend pour aller se mettre la tête dans le réfrigérateur quelques secondes pendant l’intro de “Bullet In The Brain”. On en aura besoin car dés le refrain on repart à fond et sous acide sur les lignes droites interminables du désert de Mojave avec un ligne de basse prête à exploser à tout moment et des envolées psychédéliques du refrain qui gardent leur côté oppressant à la Tame Impala.

En parlant de Tame Impala, voilà qu’arrive le son crade qu’on aime. La disto poussée au maximum sur la guitare et la voix face à une batterie bestiale, on assiste à un vrai duel qui monte en puissance en changeant de rythme à plusieurs reprises dans “It’s Up To You Now”, le septième morceau de l’album.

On se calme avec la voix en falsetto de Dan Auerbach “pitchée” d’une octave en plus grâce à sa pédale à effet, Patrick Carney le rejoint au bout d’une minute pour donner de la forme à “Waiting On Words” qui passe tout en douceur; petit rafraîchissement plein de poésie et de romantisme, sans aucun doute la piste la plus claire de “Turn Blue”, même avec une batterie de plus en plus présente au cours du morceau.

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Une basse groovy, un orgue Hammond et un beat funk, on ressent une soudaine envie de se bouger. On inspire à nouveau un air respirable, la chaleur est retombée depuis quelques minutes, il était temps. On reste dans le romantisme désenchanté pour ce qui est des paroles du duo de Nashville sur “10 Lovers”, le tout accompagné accompagné d’un air de synthé qui rentre bien dans la tête.

Et c’est avec une intro au piano, un beat lourd et une guitare blues que s’ouvre “In Our Prime”, le morceau le plus “Beatles-esque” que les Black Keys ont pu composer. Un énième solo hallucinogène qui s’évapore lentement pour laisser place au dernier titre de l’album.

“Gotta Get Away”, c’est l’heure d’y aller pour Dan et Patrick. Et ils nous laissent avec un morceau classique blues-rock, avec une pointe de “Lonely Boy” sur les bords. Pile ce qu’il nous fallait pour conclure cet album. Des refrains prenants et un petit air mélancolique qui annonce la fin, les Black Keys nous auront gâté avec “Turn Blue”.

En bref, “Turn Blue” est une petite bombe qui sent bon la terre aride texane (et la sueur qui l’accompagne), les fans de la première heure seront peut être déçus de ne pas entendre un retour vers le style de “Attack & Release” mais ne se lasseront pas de l’écouter tout l’été si ce n’est plus !