On ne se rappelle plus vraiment de notre dernier vrai concert de rock. Tout simplement parce que l’actualité musicale qui fait battre notre coeur pour est divisée entre le rap et une pop souvent en français. Pourtant, en janvier le nouvel album de The Limiñinas nous a réjoui, explorant et explosant avec bonheur les codes du garage, du psyché et du rock, Shadow People et ses invités 5 étoiles nous ont rappelé que le rock n’était définitivement pas mort. Du coup, il était tout simplement impossible pour nous de rater les Perpignanais en live. Et on a bien fait.
On a donc pris rendez-vous à l’Aeronef avec les nouveaux hérauts du rock français. Dans le public, ça sentait bon la veste en cuir, la chemise à carreau, les boots, la gomina et la barbe travaillée, chacun essayant de se mettre à l’image du cliché visuel de ce que doit être un fan de rock. La surprise, c’est que plusieurs générations se mélangent ce soir-là : des anciens, des trentenaires et même des très jeunes, The Limiñanas semblent rassembler tous le monde, preuve d’un succès populaire de plus en plus grand (après une date à la Maroquinerie, c’est désormais le Trianon qui affichera complet à la fin du mois de mars).
C’est à Guillaume Marietta et à son groupe que revenait le plaisir d’ouvrir la soirée. Comme The Limiñanas, l’artiste navigue entre le français et l’anglais. Portée par des excellents musiciens, la musique du Messin nous ballade dans une palette musicale entre pop et rock, parfois aérien ou plus direct, comme lors de ce final absolument dévastateur. Il aura réussi son pari, en environ 40 minutes de très bonne facture, il nous aura donné envie de nous plonger plus en profondeur dans ses deux albums.
On a assisté à une leçon. Voila la sensation qui prédomine à la sortie des 1h30 de show des Limiñanas. Une leçon de live, une leçon de classe, une leçon de rock’n’roll. Quand on enchaine les concerts, il arrive un moment ou un autre où l’on souffre d’un coup de mou, où l’on finit par être un peu blasé et où l’on a l’impression d’entendre et de voir un peu toujours la même chose : les mêmes lumières, les mêmes paroles de remerciement entre les chansons. Heureusement, il existe ce genre de moments, ces lives si puissants qu’ils nous font retrouver une espèce de virginité, et nous refilent une bonne dose d’enthousiasme pour 10 ans.
Au centre de la scène, Marie et Lionel Limiñana parlent peu, ne chantent pas mais ils jouent. Et qu’est ce qu’ils jouent. Accompagnés de cinq musiciens au diapason, dont deux chanteurs relégués de chaque côté de la scène, les deux Perpignanais nous ont mis KO dès le départ, enchainant les chansons, faisant hurler les guitares et raisonner la batterie avec une puissance et un plaisir communicatif.
A ce titre, on ne peut que saluer le travail de l’ingénieur du son qui nous a offert un son qui tape, mais jamais désagréable – notamment sur des morceaux garage comme Motorizatti Marie, Dimanche ou la reprise dantesque du Gloria de Van Morrison – mais qui laissera aussi transparaitre toutes la subtilité psychédélique de Shadow People ou Pink Flamingos. On regrettera juste le fait que, n’étant pas placé au centre de la salle mais sur un côté, on aie parfois eu du mal à entendre le chant de la chanteuse, placée de l’autre côté de la scène.
On n’avait pas vécu de concert de rock depuis un moment, et celui-ci nous a redonné le plaisir de ce genre de moment partagé, où chacun dans la foule vibre de la même manière et au même moment. Si l’album des Limiñanas s’intitule Shadow People, on peut définitivement dire que le couple le plus puissant du rock français a définitivement pris la lumière et c’est totalement mérité. Une véritable claque qu’on pourrait résumer par ces mots : Allez voir The Limiñanas en concert, putain !
Crédit photos : David Tabary pour Dans Ton Concert
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.