The Maccabees – Marks To Prove It
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Auteur·ice : Corentin Souquet-Besson
01/08/2015

The Maccabees – Marks To Prove It

Il aura fallu attendre trois ans et demi pour découvrir Marks To Prove It, quatrième album des Maccabees. Fini le temps de Given To The Wild, sacré meilleur album de l’année par les NME Award, même si à titre personnel (et on s’en fout), les deux premiers albums méritaient au moins tout autant, voir plus.

The Maccabees forment un groupe Britannique originaire de Londres, composé d’Orlando Weeks au chant, d’Harry William White et Felix White aux guitares, de Rupert Jarvis à la basse et de Sam Doyle à la batterie. S’ajoute Will White qui lui joue du synthétiseur sur scène. 11 ans se sont écoulés depuis la sortie de You Make Noise, I Make Sandwiches leur premier EP. On découvrira trois albums d’ici aujourd’hui, dont le premier Colour It In qui fera entrer les Maccabees dans le monde des grands. Se dévoile ce 31 juillet, Marks To Prove It, quatrième opus du band, l’album de la maturité ?

L’effort s’ouvre sur le titre éponyme Marks To Prove It qu’on vous a fait découvrir ici. On ne reviendra pas sur nos dires, ce titre est toujours une ode au rock façon vintage. Les guitares rageuses et l’envie de danser. Pas de doutes, les Maccabees sont bien de retour et pour la peine, ils ont vêtu leurs plus beaux apparats. Si MTPI est le premier single dévoilé mais aussi le premier titre de l’album, le reste des titres n’est pas sur la même ligne. L’album dans sa totalité n’est pas un album de rock furieux, le groupe propose au travers de ses onze titres un étendu de leurs savoir-faire et … sachez qu’ils en ont une bonne petite valise.

Kamakura (ville japonaise) et commence ici l’essence même de ce quatrième disque. Le rythme se calme et les guitares ne hurlent plus. Elles accompagnent la voix grave et suave d’Orlando Weeks. On ne peut toujours pas s’empêcher de penser à Win Butler (Arcade Fire) sur certains arrangements. The Maccabees proposent une ballade mélancolique aux relents un brin nostalgiques mais Ô combien puissants et pleins de sûreté.  «Your best friends forgive you, the best friends forgive you give it all. » Le quintette sort sans doute le disque le plus abouti au niveau des paroles. Celles-ci rajoutent une profondeur remarquable et permettent aux morceaux d’occuper l’espace musicale de façon considérable.

Ribbon Road (coucou Mario Kart?) et l’on s’immisce plus encore dans le nouvel antre Maccabienne. Ces trois premiers titres résument parfaitement ce que le band nous sert pour MTPI. Un son soigné, puissant, quelque peu nostalgique tout en restant lumineux. On ressent une réelle force, les Maccabees maîtrisent et le prouvent sur ces délicieux titres.

Spit It Out = coup de cœur absolu à égalité avec WW1 Portaits. S’il n’en fallait que deux, jetez-vous sur ces deux titres. En courant, en marchant voire même à reculons comme tu le souhaites, mais dépêche-toi d’aller découvrir ces deux jolies pépites. Spit It Out mêle guitares saturées et rock incandescent à ampleur et volupté.  Les chœurs accompagnent Weeks, ils se surimposent tout en permettant à la voix du chanteur principale d’être mise en avant par un crescendo maîtrisé du début à la fin. « Oh come on, OOOH COME ON ! »

MTPI n’est pas un album de rock en tant que tel, The Maccabees se montrent multifacettes. Tantôt puissants et revendicateurs, tantôt mélancoliques. Silence est un autre aspect, au revoir les guitares, le piano devient maintenant une pièce centrale du morceau. Orlando Weeks ne chante pas de la même façon, sa voix est moins grave, les mots sont plus écourtés moins chantés. On se rapproche ici d’une ballade triste façon pop. C’est le titre qu’on apprécie le moins sur l’album.

River Song et l’on retrouve ce qui fait que l’on ne pourrait écouter que les quatre premiers titres de l’album pour toute une vie. Sur ce morceau la voix est presque relayée au second plan tellement le saxophone résonne d’intensité et de pureté. À ne pas en douter, ici, c’est bien lui la pièce principale. Le groupe montre encore une fois l’étendue de son nouvel apparat. Les propositions sont clairement de plus en plus étoffées et abouties, comme en témoigne cette River Song. C’est reparti pour quatre titres de haut vol.

Slow Sun, après la rivière c’est au tour du soleil. Les Maccabees puisent-ils une part de leur inspiration dans la nature ? Peu importe ! Slow Sun aurait pu être notre troisième coup de cœur, mais après on allait dire qu’on en faisait trop … Disons qu’à défaut d’être un coup de cœur prononcé ce titre est notre coup d’oreille (premier du nom). Trompette accompagnée d’un riff de basse lourd et mystérieux, que veux-tu de plus ? Quand on vous dit que les Maccabees s’étoffent et prennent de l’ampleur, on a des arguments ! Il y a dans ce titre une tristesse éblouissante, un entrain prenant mais surtout ravageur.

S’en suit Something Like Hapiness, deuxième extrait de l’album. A vrai dire, sur les sept titres dépeints jusqu’ici, on préfère au moins quatre morceaux que ce SLH, c’est pourquoi la question se pose sur le choix de ce morceau en deuxième single. Non pas que Something Like Happiness soit un titre bas de gamme, bien au contraire, il reste dans ce que le groupe nous propose de très bon. Mais des chansons comme Spit It Out ou Slow Sun sont encore plus forts et intenses que le bonheur décrit dans ce titre. On notera que le refrain situé en première position permet d’être emporté de suite par le morceau.

WW1 Portraits ou notre coup de cœur numéro deux (s’il n’en fallait que deux). On a peut-être ici le titre le plus joyeux de l’album. L’entrain du groupe reste le même, toujours celui qui te prend dès le début. Mais il y a dans celui-ci, dans cette puissance commune, quelque chose de jovial. Ce sont peut-être ces notes de piano saccadées faisant penser à ces chansons que l’on entendrait dans les cirques, celles qui servent à faire lever la foule et à taper dans les mains (oui oui, c’est un compliment). « You’re so beautiful. » Et puis de cette gaieté, on passe à l’euphorie. La guitare prend plus de place, l’intensité monte d’un ton, les phrases ne sont plus seulement chantées mais lancées en l’air. Elles sont martyrisées d’une véhémence bienveillante. Encore une fois, le groupe montre ce qu’il est capable de faire et ce titre est une de leur plus belle réussite.

Sur Pioneering Systems, on retrouve la facette de Silence. Calme et piano. Encore une fois, ce n’est pas le côté du groupe que l’on préfère mais c’est bien réalisé. Il y a cette noirceur et cette force maîtrisée façon Maccabees 4.0.

L’album se finit sur Dawn Chorus, une ballade où la trompette, si elle avait été actrice, aurait eu l’oscar du meilleur second rôle. C’est le morceau qu’il fallait pour clôturer cette échappée. Le groupe se révèle encore une fois serein, tout semble contrôlé et réfléchi. La voix répondant aux instruments, les chœurs s’invitant dans la danse jouée par la trompette et ce final en phrases incantées par une voix enchanteresse féminine.

Marks to prove it

Marks To Prove It et ses quarante et une minutes sont un concentré de ce que les Maccabees sont aujourd’hui capables de faire. Une proposition maîtrisée de fond en comble malgré le défi de l’enregistrement façon live de l’album ! Il y a dans ce quatrième album une force irréfutable, une intensité immensurable. Les paroles n’ont jamais été si recherchées, si transporteuses. Si l’on avait pourtant été déçus par Given To The WildMarks To Prove It nous réconcilie avec les Maccabees d’une manière douce et agréable. Le groupe évolue et se montre multifacettes. Il excelle dans les sons aux allures rock pêchu mais sait aussi faire des morceaux plus calmes tout aussi maîtrisés. The Maccabees ont pris de l’ampleur. De ce disque se dégage une force et une sérénité que l’on n’a jamais connues jusque-là chez eux. Cet album constitue un des immanquables (avec le nouveau Tame Impala qu’on a chroniqué ici) de cet été 2015.