Théa en concert : même la neige n’éteint pas la flamme
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Auteur·ice : Arotiana Razafimanantsoa
31/01/2025

Théa en concert : même la neige n’éteint pas la flamme

| Photo : Arotiana Razafimanantsoa pour La Vague Parallèle

Ce soir-là, il a neigé dans plusieurs régions de France. Sur leur route en direction de Lyon, Théa et son équipe allaient ne pas pouvoir arriver à destination mais les astres se sont alignés pour que le public lyonnais ait droit à ce moment de libération. “J’ai entendu qu’à Lyon, le public faisait du bruit.” Théa n’a certainement pas tord à ce sujet. Mais comment rester impassible lorsqu’on vit une soirée aussi intense ? Voici notre récit de cette soirée à Lyon qui donne un aperçu des concerts de Théa.

Prélude

Dehors, devant la fameuse Marquise, la queue était grande et le public patientait dans l’excitation en échangeant des discussions avec leurs voisin·es. Théa – et puis la musique de façon générale – a cette capacité de réunir et faire interagir des personnes qui ne se connaissent pas alors même que le concert n’a pas encore commencé.

Ce sera la première fois que je vais la voir sur scène, j’ai trop hâte !” “Je ne la connaissais pas du tout, on m’a invité mais je suis sûre que ce sera une belle découverte.” Chacun·e avec ses différences, mais réuni·es par une envie commune : voir l’artiste sur scène et écouter sa musique en live plutôt qu’à travers son casque.

© Arotiana Razafimanantsoa

La première partie du concert a été assurée par les DeserTGirlZ, un groupe à l’ambiance résolument punk et audacieuse, qui assume le ton trash de ses propos. Gazoline, Diamora et Nanette forment le trio parfait pour débuter cette soirée durant laquelle bienveillance, fierté et solidarité étaient les mots d’ordre. Elles chantaient des cris de révolte avec le public; elles dansaient librement et avec authenticité, elles célébraient sous les encouragements ce qui les rendaient uniques.

Et même si nos cris et nos danses ont déjà fait couler notre sueur, il ne s’agissait que de l’échauffement.

Dans une bulle libératrice

Théa, enfant d’la rave, a fait de cette soirée un moment durant lequel on a oublié que le monde était probablement en train de périr. Sur un ton plus positif, disons plutôt un moment qui nous a donné de l’espoir et qui nous a rappelé qu’en réalité, c’est bel et bien possible de s’unir. Unir nos voix pour proclamer des valeurs auxquelles on adhère fortement.

Car nos sourires s’effacent aux annonces défilantes
Aux avis des puissants, aux manifs épuisantes

Ce n’est pas anodin si Théa a été citée parmi les personnalités qui vont changer le monde selon StreetPress. A travers son audace et sa musique, elle incarne une génération déconstruite qui souhaite se faire entendre. Vivre ses concerts c’est comme être en manif’ – certain·es viennent avec des pancartes et des drapeaux – et entonner des chants de protestation.

Mention spéciale à CAVALE! CAVALE! qui a été joué pour la première fois sur scène ce soir-là à Lyon. Sans surprise, le morceau a été accueilli par une foule qui connaissait le texte quelques jours seulement après sa sortie, comme si c’était un hymne générationnel.

© Matthew Langlois

© Matthew Langlois

Revivre son adolescence

Théa est de cette génération qui suivait les aventures d’HANNAH MONTANA sur Disney Channel, bercée par les TEEN MOVIE et héritière du mouvement punk qui a émergé dans les années 70. Tout cela délicatement mélangé donne PANAME ŒSTROS POUBELLE, son EP sorti en novembre 2023 qui a vite trouvé son public.

Sur scène, ses titres ont été interprétés avec une vague de nostalgie, surtout lorsqu’elle a commencé à chanter JUSTE AMIS aux sons de son ukulele. Comme à chaque drop, la nostalgie s’est transformée en exaltation et en sauts synchronisés jusqu’à en faire tanguer la péniche lyonnaise. Ce titre et bien d’autres évoquent un autre sujet qui semble souvent résonner chez Théa : l’amour. Non pas l’amour comme celui que nous a servi le patriarcat, mais l’amour vu d’un oeil déconstruit qui, face à la fatalité, chanterait “s’il nous reste plus qu’ça, j’veux finir dans tes bras (…), oublier qu’on est pas à l’abri des remords, à l’abri dans nos corps, que tout s’éteint dehors.

Si les concerts de Théa nous font revivre notre adolescence, c’est aussi grâce à sa reprise d’un titre qui a marqué cette époque de nos vies : Le chemin de Kyo. Ou encore sa complicité avec Rok et Dudu – ses acolytes sur Quoi de neuf les voyous et PTSMR qui nous fait penser à l’esprit de notre bande de potes, soudée envers et contre toustes.

Si vous avez raté cette occasion, on aurait pu vous rassurer en disant “pas de panique, elle sera à la Cigale en avril”. Mais vous l’aurez deviné : la Cigale affiche déjà complet.

© Arotiana Razafimanantsoa

© Arotiana Razafimanantsoa

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