TheColorGrey, le loup solitaire de la scène anversoise
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Auteur·ice : Augustin Schlit
03/06/2020

TheColorGrey, le loup solitaire de la scène anversoise

Cela fait maintenant quelques années que la Belgique est reconnue à sa juste valeur comme un vivier musical difficile à ignorer pour tout mélomane qui se respecte. Et parmi les nombreux jeunes artistes talentueux qui peuplent notre plat pays, Will Michiels aka TheColorGrey tire clairement son épingle du jeu. En effet, l’Anversois de 26 ans vient de dévoiler son troisième album depuis sa signature chez Warner Music en 2016. La sortie d’OVERCOME était donc l’occasion rêvée de prendre quelques minutes pour en apprendre un peu plus sur le gaillard.

La Vague Parallèle : Salut Grey, comment ça va ?

Écoute, je vais bien ! Je t’avoue que pour le moment je ne fais pas beaucoup de choses. Je reste à la maison, je regarde des films, je lis, je fais un peu de musique… En fait je prends ce confinement vraiment au sérieux puisqu’il m’impacte très fort vu que ça m’empêche de faire des concerts cet été. Et comme j’espère vraiment pouvoir monter sur scène à nouveau le plus vite possible, j’essaie un peu de montrer l’exemple.

La Vague Parallèle : Ça fait deux semaines que ton album est disponible partout. Comment sont les retours jusqu’à maintenant ?

Et bien franchement j’ai l’impression que les gens kiffent, j’ai plein de chouettes retours par rapport à mon live band donc c’est cool. Et aussi au niveau des streams et des passages en radio, ça se passe super bien donc pour le moment, je suis super content !

La Vague Parallèle : C’est pas simple de faire de la promo dans les conditions actuelles. Surtout que tu m’as toujours donné le sentiment d’accorder beaucoup d’importance à ta relation avec le public, surtout via le live. Comment tu fais pour rester en contact ?

Écoute on a la chance d’avoir pas mal de moyens de communication à distance alors j’en profite ! J’essaie d’être présent sur Instagram, et puis j’ai fait des sessions live confiné notamment avec MTV Holland et d’autres plateformes hollandaises aussi. Et sinon les interviews aussi. On fait avec les moyens du bord quoi… (rire), et pour le reste va falloir être créatif jusqu’au retour à la « normale ».

La Vague Parallèle : On parle un peu de l’album ? Je t’ai senti plus assuré, en confiance dans ta manière de poser. Est-ce que tu as changé quelque chose dans ta manière de travailler ? Tu étais dans quel mood ?

En fait j’ai pas le sentiment d’avoir vraiment réfléchi à une nouvelle manière de travailler, même si j’ai l’impression qu’avec l’expérience, j’ai évolué et mûri et forcément ça se ressent. Mais c’était pas calculé…

La Vague Parallèle : Tu le décris comme un album qui « raconte les obstacles et les situations que nous, en tant qu’individu ou société, essayons de surmonter ou devons apprendre à accepter ». C’est pas rien, comment on fait pour condenser ça sur treize titres ?

Encore une fois, je ne me suis pas trop donné une ligne directrice hyper précise, je trouvais ça trop contraignant. Généralement je fonctionne par observation, j’écris sur ce que je vois autour de moi, soit dans ma propre vie, dans celle de mes proches ou dans le monde aux infos. Et donc je me nourris d’un peu tout ça pour écrire. Pour citer le thème du racisme par exemple, c’est quelque chose que je ressens personnellement encore fort aujourd’hui en Belgique donc c’est normal pour moi d’en parler, c’est comme une évidence, un besoin de le sortir de moi. Et voilà, en mettant toutes ces choses bout à bout, le thème de l’album était une évidence.

La Vague Parallèle : Tu termines l’album avec le morceau Out Of My Hands qui est à la fois très beau et un peu triste puisqu’il m’a semblé un peu fataliste par rapport au thème général de l’album. Tu peux en dire un peu plus ?

D’une certaine manière oui, j’ai l’impression que j’ai beau souhaiter tout le meilleur aux gens autour de moi, au final, je suis un peu impuissant. C’est la vie, l’univers qui contrôlent les choses. Et j’ai vraiment l’impression que c’est un sentiment que tout le monde a parfois, face à tout ce qui se passe dans le monde autour de nous. Donc c’est un peu ça le message du morceau au final, que malgré le fait qu’on puisse se sentir impuissants face aux problèmes auxquels on est tous confrontés, c’est possible de trouver du positif et faire de notre mieux pour apporter le meilleur aux gens qu’on aime.

La Vague Parallèle : C’est ta deuxième collaboration avec Oddisee. On peut déjà parler de bromance ?

(rire) Je ne sais pas si on peut parler de bromance, mais clairement c’est une sorte de mentor pour moi. Je le suis depuis déjà presque dix ans et j’ai toujours été un grand fan. Puis j’ai eu la chance de faire sa première partie en 2015 à Bruxelles, au VK je pense. Et c’est comme ça qu’on a fait connaissance et qu’il m’a filé son numéro après le show. Le gars était super sympa et humble, vraiment les pieds sur terre, et grâce à cette rencontre, j’ai pris la confiance et je lui ai envoyé un morceau en lui demandant s’il voulait bien poser dessus, et il a tout de suite accepté. Et voilà du coup je me retrouve à avoir deux morceaux avec mon rappeur préféré, c’est un peu dingue…

La Vague Parallèle : Dans tes influences, j’ai vu que tu citais aussi des artistes comme Kendrick, J. Cole… Pourtant en t’écoutant, difficile d’imaginer que tu t’inspires uniquement du rap. Qu’est-ce que tu écoutais d’autre dernièrement ?

J’écoute énormément de choses pour le moment, j’essaie vraiment de puiser partout où je peux, ça serait dommage de se limiter au hip-hop ! Du coup là j’ai digué pas mal de funk, du rock aussi, du jazz,… Tout ce qui peut m’inspirer en fait. Un petit rituel que j’ai avant de bosser sur ma musique, c’est d’aller mater des Tiny Desk sur Youtube, ça m’aide à me lancer, à avoir la petite étincelle. J’ai pas mal écouté Anderson .Paak aussi récemment.

La Vague Parallèle : La grosse nouveauté sur ce projet, c’est le groupe live qui t’accompagne en studio, c’est devenu assez rare dans ce genre de projet et il faut dire que le résultat est assez concluant. D’où t’est venue cette envie ?

C’est le live band qui me suit sur scène depuis deux ans maintenant. J’adore jouer avec eux en live et l’énergie qu’on dégageait ensemble a toujours été dingue. Du coup, je ne me suis pas imaginé enregistrer cet album sans eux. Ça sonne plus dynamique, plus gros, plus vivant.

La Vague Parallèle : C’est clair ! Est-ce que tu as senti que ça t’influençait dans ton processus créatif ?

Ça dépend des morceaux en fait. La plupart du temps, je prépare quand même les maquettes en solo. Après, je les apporte au studio pour les faire écouter au reste du groupe et on construit ensemble autour de ça, c’est hyper stimulant !

La Vague Parallèle : La chanson Black Flower sort un peu de nulle part au milieu de l’album, c’était quoi l’idée ?

Écoute, exactement ça ! (rire) Elle marche un peu comme un interlude. J’avais envie de surprendre les gens et de chambouler un peu l’album.

La Vague Parallèle : Pour le moment on sent une forte émulation autour des artistes anversois•es. Comment tu te positionnes vis-à-vis de cette scène ?

En fait je me sens un peu comme un « loner ». C’est clair qu’il se passe plein de trucs cool à Anvers, j’avais déjà fait des feat avec Darrell Cole et WAHY mais simplement cette fois ça ne s’est pas mis. Mais c’est vrai que j’ai tendance à vraiment faire mon truc de mon côté sans trop vouloir absolument faire des collab avec tous les artistes du coin. Après c’est pas pour autant que je ne suis pas hyper content de voir qu’une vraie scène musicale est en train de se construire en dehors de Bruxelles.

La Vague Parallèle : À quoi ressemble la suite du programme pour TheColorGrey ?

Dans l’immédiat le plan c’est de se chauffer encore pas mal sur l’album. Avec le label, on a prévu d’en sortir encore deux ou trois singles, puis un clip pour bientôt. J’ai aussi quelques démos qui n’ont pas été intégrées à l’album et sur lesquelles j’ai encore envie de bosser, donc pourquoi pas les placer sur un plus petit projet. Pour le reste malheureusement, il faut prendre son mal en patience et attendre d’enfin pouvoir défendre mon album en live. En tout cas ça me démange, j’ai hâte !

La Vague Parallèle : Nous aussi !


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