This Never Happened de Yan Wagner : chronique retardataire
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Auteur·ice : Charles Gallet
05/01/2018

This Never Happened de Yan Wagner : chronique retardataire

Les absents ont toujours tort, les retardataires aussi. On ne se cherche pas vraiment d’excuses, parce qu’il est tout à fait normal de passer à côté de certains albums. Là où on est un peu plus gêné, c’est lorsqu’on découvre avec plusieurs mois de retard un album qu’on attendait, et qu’on s’était procuré.

Parce qu’on l’aime bien Yan Wagner. Son précédent album Forty Eight Hours sorti en 2012 nous avait fait un gros effet, on l’avait encore plus aimé en live : on attendait donc forcément This Never Happened.

Et puis l’album s’est perdu dans les limbes de notre collection musicale téléphonique. Surement parce que finalement, on écoute toujours la même chose dans les transports en commun, mais aussi parce que la découverte d’un album nécessite un peu plus de concentration que d’habitude et qu’on hésite toujours un peu avant de se lancer dans une nouvelle écoute.

C’est comme ça qu’on se retrouve, 4 mois après la sortie du disque, à se prendre une bonne claque par un album qu’on aurait pas du laisser dans un coin.

La première chose qui marque dans l’album de Yan Wagner, c’est son visuel. Il parait au premier abord simpliste, influencé par certaines pochettes de classiques des années 80. Et pourtant, quand on y regarde de plus près, la vérité nous frappe, on est en réalité face à la une d’un journal papier dont tous les articles ont été barrés, rayés de la carte, un peu comme dans un rapport secret de l’armée, comme si rien n’était arrivé. This Never Happened, donc, qui donne son titre à l’album mais aussi à la première chanson de celui-ci. Et à son écoute, surprise, contrepied total, bien loin de la techno froide et carrée de Forty Eight Hours, le garçon a décidé de nous emmener ailleurs.

Que ceux qui étaient fans de son premier effort se rassurent, il a gardé sa maitrise classieuse des machines et son sens de la mélodie mais les a mis au service d’un autre versant de son prisme musical. Plus influencé par les années 80, ce nouvel opus fait fondre la glace qui entourait le précédent, renforce le côté pop sans jamais perdre son efficacité première, à savoir le sens de la mélodie pure, simple et efficace.

L’autre grand changement sur This Never Happenedc’est que la plupart des morceaux ont été construits autour de la voix, alors qu’auparavant celle-ci passait derrière la production. Cette voix de crooner, grave et entêtante se retrouve donc au centre de toutes les chansons, elle est assumée et mise en avant avec talent.

Qu’il nous offre des titres tubesques comme Blacker, No Love ou Grenades, qu’il rende un hommage  ébouriffant au Bowie 80’s avec Slam Dunk Cha Cha,  qu’il s’amuse au jeu de la reprise décalée et hypnotique avec It Was A Very Good Year de Sinatra, la voix de Yan Wagner est au centre de tous les combats, de toutes les ambiances. A la fois mélancolique, frontal et doux, il nous prouve qu’il est possible de tirer du glamour et du romantisme d’instruments plus souvent utilisés pour faire secouer la tête.

C’est donc avec quatre mois de retard, et un peu de regret au bout des doigts, qu’on voudrait présenter nos excuses à Yan Wagner, et vous conseiller de vous jeter sur This Never Happened, qui dévoile une nouvelle facette du bonhomme, plus centrée sur sa voix tout en continuant à offrir des mélodies classieuses, efficaces et donc forcément imparables. En résulte un album varié, parfois hypnotisant et jamais ennuyeux.

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