Jeudi 18 mai, Tim Dup se produisait au Botanique dans le cadre des Nuits 2017. S’il a enchanté la Rotonde avec un set de dix titres dont une poignée d’exclus, ce jeune pianiste a à cœur de garder les pieds sur terre. Enfin, pas toujours. Portrait d’un mec à peu près comme les autres.
« Matin et soir, soir et matin, je change de wagon, je change de train. Sans entrain, pour assurer mon train-train quotidien. » Inlassables, les paroles du titre TER Centre de Tim Dup résonnent dans les têtes après une simple écoute. Nous sommes en avril 2016, ce jeune homme à la silhouette plutôt banale, yeux bleus et cheveux en bataille lance son premier titre sur Youtube. Des textes légers, toujours en français et des mélodies tantôt classiques, tantôt électro. Tant d’ingrédients qui font que beaucoup prédisent un avenir prometteur à ce nouvel artiste. Cette fois-ci après deux heures sur les rails, le jeune homme est à Bruxelles. Il est vingt heures, dans un peu plus d’une heure, il foulera la scène de la Rotonde. Assis sur les marches qui font face au jardin botanique de la capitale belge, il se confie : « C’est la deuxième fois que je joue ici en fait. L’année passée, j’ai fait la première partie de Feu! Chatterton à l’Orangerie ».
Physiquement, Tim Dup se fond dans la masse. Une allure passe-partout dont il est conscient et qu’il alimente au gré de ses titres. « L’humilité et la sincérité, ce sont des choses qui me parlent, lance-t-il. À côté de ça, j’aime beaucoup les artistes qui sont des personnages comme Stromae ou Christine and the Queens par exemple. Ça leur ressemble bien. Pour le moment, ma façon à moi d’être un personnage, c’est d’être moi-même ». Pour le pianiste, tout est un souci de cohérence, si les années qui viennent l’inspirent à créer un univers plus sophistiqué, il s’y risquera. Peut-être, ou pas.
L’incertitude du lendemain, le musicien connaît bien. A sept ans, poussé par son père, il suit la route initiée par ses frères et sœurs avant lui et s’inscrit à des cours de musique. Pour la première fois, il pose ses doigts sur un piano. Son futur ? Petit, il l’idéalise d’une manière différente chaque semaine : « ce que je voulais faire plus tard, c’était un peu comme les amoureuses, ça changeait ! J’ai d’abord voulu être militaire. J’adorais l’histoire, les grandes batailles. Ensuite, j’ai voulu être avocat puis comme beaucoup de petits garçons, astronaute ». Rien ne présageait une carrière artistique pour le jeune Tim.
« C’est étrange car je viens d’une famille où il n’y a pas d’artistes. Mes parents m’ont toujours ouvert à l’art. On allait à des expos. Par contre, la musique était vue comme quelque chose de jet-set avec tout ce qui va avec : l’alcool, la drogue, les meufs et forcément le sexe », se souvient-t-il. Soucieux de garantir son avenir, il s’engage dans des études de Médias et Communication à Paris : « Les études, ça t’inscrit dans une réalité de vie, comme tous les jeunes de ton âge, c’est important ». Une formation à laquelle il a mis un terme il y a trois mois : « en fait, j’ai mis tout le monde devant le fait accompli. Ils n’ont pas vraiment eu le choix ».
Quand on l’interroge sur la route qu’il entend prendre dans les prochaines années, Tim passe sa main dans ses cheveux. Il hésite : « D’ici dix ans, j’aimerais avoir des enfants, un chez moi et bien sûr, un piano. Transmettre le piano à mes enfants. J’aime beaucoup l’idée de transmettre, donner un petit peu de toi à quelqu’un d’autre ». Si on se délecte du premier EP de quatre titres de ce jeune homme que de nombreux médias qualifient comme le jeune prodige de la variété française, l’album fait son chemin. Suite logique du projet, il est prévu pour octobre 2017.
« Je vais ici et là, jouer de mon piano », chante-t-il. Pour preuve : il sera le 7 juillet aux Ardentes (Liège) et les 21 aux Francofolies de Spa. Ce soir-là, c’est le Botanique qu’il a emmené en voyage. Dans son TER Centre ou encore Vers les Ourses Polaires, le public semblait comblé. Combien de temps cela durera-t-il ? Peu importe : « j’aime pas trop prévoir en fait, car ça fige un idéal. Après, si tu ne l’as pas atteint, t’es forcément déçu ».
Photo : Diane Sagnier
Doux rêveur à l’accent ravageur. Se laisse vibrer tant sur des rythmes endiablés que sur des mélodies mélancoliques, et en français, s’il-vous-plaît.