La Rosalìa a encore frappé ! Et accompagnée, cette fois-ci, de nul autre que le prince du rap autotuné le plus efficace du globe : Travis Scott. Ces deux-là se sont bien trouvés et ont déjà eu l’occasion de prouver toute l’alchimie de leur fusion, avec un remix renversant du célèbre HIGHEST IN THE ROOM. Un titre sur lequel le rappeur conviait la chaleur hispanique de la jeune artiste, pour un résultat flambant. Ce TKN suit la même voie, et nous emporte dans un torrent agressif et alléchant de flamenco-trap électrisant. On y retrouve Scott ponctuant son rap de lignes en espagnol, ainsi que El Guincho, l’excellent producteur attitré de le chanteuse, ravivant une nouvelle fois les beats brûlants de l’univers incandescent de Rosalìa. Attention, ça brûle.
Le dernier move de la mama remonte à mars dernier, lorsqu’elle décidait de nous dévoiler son délicat Dolerme. Une façon pour elle de manifester son soutien, en musique, à toutes les personnes confinées chez elles et qui avaient besoin d’un peu de douceur et de tendresse. Ici, on est dans un tout autre registre. “J’ai l’impression que c’est un bon moment pour sortir ce morceau. Après tant de mois passés à la maison, en manque de liberté ou des personnes que nous aimons. L’objectif, c’est que TKN vous donne de l’énergie, vous fasse danser et vous donne de la force si vous traversez des moments difficiles”, confie l’artiste. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi. Le mélange des deux univers fonctionne à merveille et le dernier refrain, sur lequel leurs deux voix se superposent, nous offre un instant musical affolant, qui réunit deux des plus grandes pointures du paysage musical actuel sur la même mélodie. Plus qu’une simple collaboration où les deux artistes se donnent la réplique, ils lient ici les forces de leurs univers pour un résultat cohérent, efficace en tout point et indéniablement dansant. Qui dit mieux ?
Travis est un artiste que j’admire depuis le début de sa carrière, et je n’aurais pas pu imaginer un meilleur artiste pour collaborer sur ce son.
Le clip est signé Nicolas Méndez (aka CANADA), qui avait déjà brillé sur l’incroyable visuel de Malamente. Il nous plonge ici dans une version urbaine du Pays Imaginaire, où un groupe d’enfants emprunte les codes des cartels de banlieue pour s’adonner à des danses fiévreuses aux côtés de Rosalìa et nous faire revivre avec nostalgie les aventures de Peter Pan, version gangster. “Ni un amigo nuevo, ni una hería” (traduit : “Pas de nouveaux amis, pas de blessure.”) La narrative fait écho au sujet du morceau, qui s’inspire du jargon mafieux sicilien (avec notamment l’évocation de la fameuse omerta), pour mettre en lumière le thème de la loyauté amicale.
“Lo’ capo’ con lo’ capo’ y yo soy la mamá” (traduit : “Les boss avec les boss, moi je suis la patronne.”), des lignes qui viennent souligner toute la fièvre féministe qui se dégage de chacune des œuvres de Rosalìa, exemple fulgurant d’une jeune artiste au service de la condition des femmes dans le milieu. On ne sait pas encore si cette pépite figurera sur le prochain album de la Catalane, mais une chose est sûre : TKN siègera sur nos playlists de l’été.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.
