Top Albums 2021 – La Vague Parallèle
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Auteur·ice : Rédaction
23/12/2021

Top Albums 2021 – La Vague Parallèle

Ce n’est un secret pour personne : cette année 2021 aura livré son lot de galères. Promis, on ne vous refera pas l’historique des ravages de celui-dont-on-ne-prononce-plus-le-nom – aka ce foutu Covid. Si on s’apprêtait à se ramasser dans la face une pelletée de disques semi-inspirés aux themes pandémiques plombants, il n’en est rien ! Les artistes des quatre coins du globe ont visiblement rentabilisé leur confinement en nous offrant une année remplie de découvertes, de surprises et de comebacks (plus ou moins attendus, plus ou moins réussis). Bref, la musique n’est pas morte, et la rédaction de La Vague Parallèle t’a compilé celle qui l’a fait vibrer en 2021 (pour la playlist c’est par ici). A l’année prochaine pour de nouvelles aventures sonores ! 


Turnstile – Glow On (Roadrunner Records)

| Sélectionné par Augustin

Dans le vaste monde de la chronique musicale internationale, La Vague Parallèle doit faire partie des 5% à ne pas avoir couvert (d’éloges) le dernier album de Turnstile. Et pour cause, puisque Glow On est sans conteste l’un des disques les plus excitants et fédérateurs à émerger de la vague punk hardcore de ces dernières années. L’album, jouissif de bout en bout, apporte au genre une portée inédite grâce à un rythme frénétique qui n’oublie cependant jamais de reprendre son souffle à l’occasion de moments de grâce témoignant d’un sens de la mélodie remarquable. Coucou ALIEN LOVE CALL. Pour ne rien gâcher, les textes de Brendan Yates se révèlent d’une profondeur rare pour un genre qui a parfois un peu trop tendance à tout miser sur la puissance de frappe de ses lives. Et pourtant, c’est bien cette capacité à ne jamais délaisser le fond au profit de la forme qui permet à Glow On de se placer bien loin devant la concurrence, et qui, à terme, devrait en faire un des piliers du genre.


Lala &ce – Everything Tasteful (&ce Recless)

| Sélectionné par Mathilde

Lala &ce est à présent l’effigie de la sphère du rap féminin avec son album Everything Tasteful. Ce projet, surnommé E.T. pour le caractère extraterrestre de l’album, propose une compile d’histoires d’amour, brouillée de sonorités captivantes et de performances vocales autotunées. La force de cet album est certainement sa diversité. Lala &ce a pris la liberté de contacter des producteurs différents pour chacune des tracks. Une alternative qui contribue à la conception d’un album très éclectique. Cette approche justifie l’appellation du projet « Everything Tasteful », comme quoi tout est de goût même si tout est différent. Cet album offre non seulement des sonorités et collaborations très qualitatives mais aussi des clips d’un esthétisme rare. Avec les réalisations visuelles de ses titres Show Me Love et Sipa, la jeune femme s’affranchit même davantage des codes et impose son univers. Dans une course effrénée de consommation musicale, Everything Tasteful est le projet intemporel qui nous suivra certainement encore en 2022.


Sons of Raphael – Full-Throated Messianic Homage (Because Music)

| Sélectionné par Guillaume

Sept ans. C’est le temps qu’il aura fallu aux deux frères Ronnel et Loral Raphael pour pondre ce premier album, entre Paris, Londres et Los Angeles mais aussi entre grosses galères et réjouissances. Si l’album est malheureusement passé trop inaperçu, il n’a par chance pas échappé à nos oreilles. Tout droit sortis des années 60, les frangins britanniques ont sorti une œuvre magistrale sur fond de questionnements théologiques. Une toile post-moderne où se mêlent wall of sound, orchestre symphonique et guitares distorsionnées. Le tout, mixé à Motorbass par le pur génie qu’était Philippe Zdar, qui a effectué un travail monumental : certains morceaux comportaient plus de 350 couches d’instruments, voix ou autres sonorités ! La claque de l’année…


Little Simz – Sometimes I Might Be Introvert (Age 101 Music et AWAL)

| Sélectionné par Diego

S’il faut retenir un album cette année, c’est peut-être le splendide Sometimes I Might Be Introvert dont on vous parlait ici lors de sa sortie en septembre dernier. Quatrième album de la Britannique Little Simz, il confirme la pertinence de l’artiste et son statut de très grande rappeuse. Situé entre My Beautiful Dark Twisted Fantasy de Kanye West et The Miseducation of Lauryn Hill, le nouvel LP de Little Simz trouve sa place dans les albums de rap qui impressionnent par leur production, surprenant par sa justesse à chaque titre et chaque interlude. Construisant un subtil point de rencontre entre une multitude de genres contemporains et des sonorités soul, hip-hop voire funk, Little Simz en impose par sa capacité à délivrer un opus dense et foisonnant tout en gardant une ligne directrice, une homogénéité et finalement une lisibilité tout le long de son album. Sur fond de considérations tant sociétales que personnelles, elle frappe juste où il faut avec son flow percutant qui n’est pas sans rappeler celui de Lauryn Hill (dont elle a fait les premières parties en 2019). Elle réussit finalement l’exercice de trouver l’équilibre dans son art, ravivant notre espoir caché que la musique n’est pas qu’un produit commercial, mais, comme tout art abouti, un juste milieu entre une forme et un fond.


Nick Murphy & The Program – Take In The Roses (Details Records)

| Sélectionné par Hugo

On peut dire que Nick Murphy en a vécu des aventures depuis ses débuts, il y a dix ans. Plus connu sous le pseudonyme de Chet Faker, l’Australien n’a cessé de faire remuer nos corps et chambouler nos cœurs. On vous en parlait à l’occasion de la sortie de l’éblouissant Hotel Surrender – soulignant le retour inattendu de ce fameux Chet Faker -, Nick Murphy s’est enfin trouvé. Voyageant entre plusieurs projets musicaux, c’est accompagné de The Program que Nick Murphy est venu illuminer notre fin d’année. En effet, sans aucune annonce, c’est durant cette seconde semaine grisonnante de décembre que celui-ci est réapparu sous le nom de Nick Murphy, et ce pour nous présenter Take In The Roses. Plus qu’un album, c’est une véritable claque musicale que ce doux mélange entre la voix de Murphy et le talent des membres de The Program représente. Un enregistrement presque live qui regorge de mélancolie et de béatitude, avec des titres oscillants entre instrumental hypnotisant et storytelling romanesque. De par sa nature sensible et honnête, Take In The Roses représente l’un des chefs-d’œuvre de cette année. Je dirais même plus, à titre personnel, le chef-d’œuvre de cette année.


Joy Crookes – Skin (Insanity Records)

| Sélectionné par Flavio

L’art de raconter des histoires, c’est une chose. L’art de nous les faire vivre en est une autre. Avec son premier album Skin, la Britannique Joy Crookes aura su garder la consistance de ses débuts (on vous en parlait déjà ici) tout en mûrissant les sonorités et les structures de ses œuvres. En résultent treize titres renversants, qui puisent autant dans l’énergie cuivrée de la ska (When You Were Mineque dans la finesse de la soul mélancolique (Skin, To Lose Someone) en s’assurant d’y laisser de solides lignes personnelles (19th Flooret d’autres plus politiques (Feet Don’t Fail Me Now et Power). Un album qui assure le jeu des équilibres les doigts dans le nez, entre envolées cinématographiques ou piano-voix intimistes, et qui présage une longévité méritée à l’une des futures figures de la scène britannique. Tous nos paris sont sur elle.


Tyler, The Creator – CALL ME IF YOU GET LOST (Columbia Records)

| Sélectionné par Laura

Véritable bijou dans la discographie de Tyler, The Creator, CALL ME IF YOU GET LOST réunit toutes les couleurs musicales qui font l’univers du rappeur américain. Sous le nom de Tyler Baudelaire, un clin d’œil au poète français, l’artiste aux multiples visages nous invite à voyager dans son monde, déversant toute l’éclectisme présent dans son cerveau en constante ébullition dans un seul projet. Un voyage entre les diverses sonorités de son répertoire : la colère de Bastard avec LUMBERJACK et MANIFESTO, la soul lumineuse de Flower Boy avec SAFARI et WUSYANAME, les beats explosifs de Cherry Bomb avec CORSO et LEMONHEADMention spéciale à SWEET / I THOUGHT YOU WANTED TO DANCE, sublime double-morceau débutant sur une douce ballade R&B en compagnie de Brent Faiyaz, et qui se termine par un bouquet final : de savoureuses notes de reggae et un duo magique entre Tyler et Fana Hues. Une invitation au voyage – comme le poème de Baudelaire présent dans son recueil Les Fleurs du Mal – qui nous emmène au cœur de l’album idéal de Tyler, The Creator, où sa créativité infinie s’exprime librement sans aucune limite.


Men I Trust – Untourable Album (Independent)

| Sélectionné par Caroline

Le prix de l’album doux et gracieux revient à Men I Trust avec Untourable Album. D’un projet qui était censé rester virtuel, d’où son nom, on arrive à un projet dont le rayonnement est bien plus grand. La particularité de Men I Trust n’est pas seulement dans ce downtempo qu’on reconnaîtrait entre mille. C’est plutôt la capacité du groupe à nous mettre dans une atmosphère qui ne s’explique pas, transporté·es par un lyricisme mystérieux. Dans cette optique, cet opus n’échappe pas à la règle et suit la courbe qui a été préparée pour lui. Il arbore la poésie et la beauté qu’il manque à ce monde et aux individus qui le composent. Mais bien plus important, il peut à la fois faire planer et groover. On passe alors du profond Always Lone à l’impressionnant Oh Dove. Des lignes de basses qui se font discrètes par moment pour ensuite résonner telles des grenouilles sur d’autres. Et surtout, surtout, la voix d’Emma Proulx, qui lead le groupe avec beaucoup d’humilité et c’est peut être ceci qui nous touche le plus. Les canadien·nes frappent où ça fait mal mais viennent déposer un doux baiser pour panser nos plaies. A écouter en toutes circonstances, histoire de retrouver foi en l’humanité. 


Venerus – Magica Musica (Asian Fake)

| Sélectionné par Giulia

Mystique, surréaliste, coloré, on vous présente Magica Musica. La Vague Parallèle ouvre ses horizons pour atteindre la péninsule italienne et vous parler de Venerus. Sensible et beau, c’est ainsi qu’on peut définir le premier album de ce jeune artiste italien sorti en février dernier. Parler de Venerus et de son univers n’est pas facile. Souvent on dit qu’il mêle pop, jazz, électro, rap et soul ; mais ce qui le caractériserait le mieux c’est de dire qu’il est un style à lui tout seul. Si sa cover onirique nous laissait déjà apercevoir son monde magique, la confirmation arrive avec sa voix hypnotique. Venerus est un grand magicien qui emporte en voyage son fidèle producteur et acolyte MACE, mais aussi d’autres artistes italiens faisant partie de la scène rap/trap italienne actuelle comme Frah Quitale, ou encore Rkomi et GemitaizOgni pensiero vola ouvre ce périple mystique. Ce premier titre nous propulse dans un monde aux saveurs sucrées. Lorsque l’on parle de Magica Musica, il est impossible de ne pas mentionner un titre qui réchauffe le cœur : Canzone per un amico. Dès les premières notes de la prod délicatement jazzy, le temps s’écoule, tout doucement, comme si la vie ralentissait. Une suspension pour nous faire revivre des fragments de vie passés avec cet être que l’on peut nommer « ami ». Le jeune artiste lève le voile sur une partie de son intimité : pas facile de parler aussi simplement d’amitié, et pourtant Venerus le fait à merveille…


Balthazar – Sand (PIAS)

| Sélectionné par Joséphine

Sand : un si petit mot pour un tel bijou. Avec ce disque magistral dont on vous parlait ici, Balthazar suit son ascension vers les sommets cette année. De disque en disque, le groupe belge ne cesse de nous surprendre par ses couleurs toujours plus profondes. Le mariage entre la voix de crooner désinvolte de Marteen Devoldere et le groove éloquent de Jinte Deprez y est une fois de plus délicieux. Une balade dans ce disque suffit à le laisser se glisser sous la peau, du grisant Losers au suave You Won’t Come Around, jusqu’à la délicatesse de Leaving Antwerp, pour finir sur la plus belle antithèse de l’année avec un Powerless à la puissance inouïe. Avec toujours plus d’élégance, de nuance dans les cuivres et les chœurs, de fougue dans les codas si caractéristiques et de beauté nébuleuse, Balthazar aura soigneusement nourri nos oreilles une année de plus.


Snapped Ankles – Forest of Your Problems (The Leaf Label)

| Sélectionné par Mab

Si l’on avait un doute, ce troisième album nous confirme que ces drôles de créatures sylvestres viennent bien d’une autre galaxie. Toujours en ligne avec leur amour pour la forêt et un goût certain pour les expérimentations audacieuses, Forest of Your Problems est un nouveau tour de force sonore où post-punk tribal et émanations krautrock s’entremêlent avec brio et souvent de manière inattendue. Malgré une effusion de sons disparates, qui parfois donne le tournis, Snapped Ankles parvient toujours à retrouver l’équilibre tel un funambule. Alors que les sections rythmiques (notamment celle de The Prince Is Back) nous donnent envie de danser frénétiquement, le sprechgesang du frontman Paddy Austin vient quant à lui ternir notre élan d’insouciance en dépeignant une réalité alarmante que nous connaissons bien. Au-delà des pirouettes instrumentales, c’est une féroce critique de la société contemporaine qui s’exprime dans l’album, mettant en opposition urgence environnementale et capitalisme. Finalement, ce que Snapped Ankles essaye de nous dire c’est que, certes, notre futur s’annonce bien sombre, mais que pour l’instant, nous sommes bel et bien vivants, alors… dansons !


Lorde – Solar Power (Universal)

| Sélectionné par Philomène

“I hate the winter, can’t stand the cold” OUI ! Nous aussi on en a marre d’avoir froid, ras-le-bol de l’hiver ! Serait-ce la dépression saisonnière qui parle ? Peut-être bien. Toujours est-il qu’il n’aura fallu à Lorde que ces quelques paroles pour s’immiscer à nouveau dans nos cœurs après quatre ans de cruelle absence. Adieu adolescence dans les suburbs néo-zélandais et rythmes effrénés d’amoureuse déchue, bonjour vitamine D et eau salée. Solar Power, album caniculaire, plante le décor de l’été 2021 : guitare acoustique et harmonies vocales – avec Clairo et Phoebe Bridgers en guise de choristes sur le single éponyme, rien que ça. Auteure de génie, Lorde livre ses pensées, les nôtres un peu aussi : de l’envie de balancer son téléphone à la mer, à la recherche effrénée de sens. Un sens, n’importe lequel, dans Moodring. Elle a grandi et veut nous le faire savoir. La maturité, c’est ce qu’exsudent Secrets from a Girl (Who’s Seen it All), Fallen Fruit ou Dominoes. Refuser d’être une prophète Gen-Z, s’affranchir de la dictature Instagram, Lorde suit son propre chemin vers la sérénité. Lassée d’être une Writer in the Dark, l’ancienne ado tumblr a décidé d’aller faire un tour au soleil et, nous, on la suivrait au bout du monde sur un radeau de fortune.


Nothing But Thieves – Moral Panic II (Sony Music)

| Sélectionné par Chloé

Depuis 2015, Nothing But Thieves concocte des cocktails parfaits, loud et spleen, “on the rocks”. On ne pouvait pas passer à côté de cet EP qui constitue la pièce manquante de Moral Panic, sorti en 2020. Ce 2.0 n’a pas grand chose à envier à son grand frère. Le groupe revient en force, avec son identité plus affirmée que jamais. Dans cet opus, tout y est. Un vicieux mix de bon rock, des sonorités nouvelles, toujours teintées de mélancolie grâce aux textes de Joe Langridge Brown. Si la voix de Conor Mason nous rappelle celle d’un ange tombé du ciel, le groupe n’hésite pas à nous sortir Ce n’est rien, un titre qui donne envie aux plus frêles d’entre nous de lancer un wall of death en plein milieu de l’Ancienne Belgique. Et c’est pour ça qu’on aime ces petits Anglais, ils arrivent toujours à cuisiner un mélange parfait de larmes et de head bang sur un même album. La cerise sur le gâteau de cet EP, c’est son puissant Your Blood grâce auquel on boucle cette quinzaine de minutes un large sourire aux lèvres.


Black Marble – Fast idol (Sacred Bones)

| Sélectionné par Lea

Sans doute un des meilleurs albums de synthwave de cette fin d’année — on vous en parlait d’ailleurs ici. Sorti en octobre dernier chez Sacred Bones, Fast Idol évoque instantanément soleil et nostalgie et on peut dire qu’il y a mis tous les ingrédients pour en faire une recette qui saura à coup sûr titiller vos organes auditifs. C’est un quatrième album plein de pépites, à commencer par Ceiling. Un titre qui se démarque dès la première écoute et provoque un élan mêlé de joie et d’apaisement, grâce à sa mélodie lumineuse et entêtante et son rythme rapide. Black Marble opère ici un véritable retour aux sources qui ne manquera pas de plaire à ses fans de la première heure. Onze titres offrant une véritable palette de couleurs, précieuse en cette fin d’année. C’est donc l’un des meilleurs cadeaux de Noël qu’on puisse faire à vos oreilles.

 


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