| Photo : Colin Solal Cardo
Elle avait 16 ans quand elle a écrit les morceaux de son premier EP I Was Wrong. Aujourd’hui, Crystal Murray a grandi et sa musique aussi. Elle revient avec Twisted Bases, un EP aux allures d’expériences où la chanteuse dévoile l’intégralité de son énergie. Un projet vrai et éclectique où se confrontent hip-hop, électro et R&B.
Dans I Was Wrong, elle chante l’amour avec son timbre de voix suave et envoûtant et fait sensation avec des singles comme Princess ou Easy Like Before. Rapidement, Crystal Murray devient la révélation Soul/R&B. En cinq morceaux, la chanteuse franco-américaine dévoile son univers et fait sensation avec un projet entre pop et soul teinté de modernité. Mais à son jeune âge, elle refuse les étiquettes que l’on lui colle. La jeune Parisienne évoquait une relation amour-haine avec I Was Wrong, constitué de titres qu’elle a écrit à l’âge de 16 ans, dans une précédente interview avec La Vague Parallèle : « C’est tellement loin de ma personnalité d’aujourd’hui, qui a grandi, qui a changé ». Et elle le prouve aujourd’hui avec la sortie de son deuxième EP, Twisted Bases.
Le projet s’ouvre avec la première partie : la side A. BOSS, premier single dévoilé à l’occasion d’une performance sur la chaîne berlinoise COLORS, ouvre le bal. Un hymne d’empowerment dédié à toutes les femmes, faisant office d’introduction. Si l’instrumentale paraît minimaliste à la première écoute, elle dégage en réalité une puissante énergie canalisée grâce à l’envoûtante voix de la Parisienne. Son timbre guide la musique : c’est elle qui mène la danse. « J’ai bien aimé avoir ce challenge au studio où je dois créer ma propre cadence, et ce n’est pas l’instrumentale qui l’a créée, raconte l’artiste au téléphone. C’est cool de sentir quand tu vas quelque part avec ta voix et ton flow, que tu trouves une sorte d’identité ». Produit par Sacha Rudy, il donne le ton à Twisted Bases, et l’évolution de la chanteuse est au coeur du projet.
Un projet expérimental
« Quand j’ai commencé l’EP, le premier son que j’ai fait était BOSS, et le deuxième était GAMES », raconte-t-elle. Elle poursuit : « Je voulais montrer ces deux morceaux, donc la question était “qu’est-ce que je mets au milieu ?” » Et tout est alors parti de ces sons. Au fur et à mesure que les titres défilent, la personnalité de Crystal Murray se dévoile. « Je suis très versatile dans mes goûts et dans mes choix », explique-t-elle. Le 22 juin 2021, elle dévoile Like It Nasty, second extrait de Twisted Bases. Un morceau sexy et extravagant. « C’est important pour moi de montrer cette étape de développement de mes sons, explique la jeune femme. C’est une continuité, la première étape d’une musique qui sera plus précise bientôt ». Car dans ce projet, la chanteuse ne s’est mis aucune barrière. En puisant au coeur même de la source de son talent, à savoir sa voix, Crystal Murray explore toutes les sonorités qui lui parlent et sort de cette boîte de « neo-soul girl » dans laquelle on l’a enfermée : « J’ai forcé et appuyé sur tous les accents, de la drum and bass à la pop, en passant par le rock. Tout va plus vite dans ce projet ».
Les dernières notes de Like It Nasty retentissent et une nouvelle facette de Crystal Murray se fait entendre dans la foulée. Une pop colorée, électrisante et ensorcelante : c’est Too Much Too Taste. « Dans ce projet, je me suis trouvée. L’image est précise, la musique et les visuels aussi », explique-t-elle. Un personnage se dévoile au centre de cette direction artistique : elle-même. « C’est une histoire que je raconte, c’est basé sur moi, Crystal. Et j’embellis un peu ce personnage ». La side A continue de se dévoiler avec Slow Cadence, une ode à la nuit. Aux côtés de Crystal Murray sur ce morceau très club, Thee Dian, jeune artiste signée sur le label de la Parisienne Spin Desire. « Avec Thee Dian, on aime faire la fête ensemble » avoue la chanteuse. « On est bien liées et c’est une fille hyper forte qui a une énergie que j’ai envie de pousser ».
Une personnalité éclectique
Dans cette première face du projet, le personnage de Crystal Murray navigue entre les différentes couleurs de la pop, ajoutant au tout une pincée de folie et d’expérimentations de flow électriques. Une confiance accentuée, une extravagance assumée, des côtés de la personnalité de la chanteuse qu’elle surjoue pour décupler toutes les émotions qu’elle y a incorporées. C’est Other Men, en featuring avec Le Diouck, qui effectue la transition vers la side B. Un morceau mystique et planant, que la chanteuse décrit comme « très vrai ». Une mélodie sobre mais qui accompagne nébuleusement les voix des deux artistes. Un titre plus sombre qui laisse place « à une partie encore plus folle que la première ».
Après avoir bougé tout son corps sur le rythme effréné de Slow Cadence, on découvre le milieu de la nuit sous un regard plus toxique dans Hot Mess, « cette relation amour-haine qu’on peut avoir avec la fête, la drogue ». L’expérimentation monte d’un cran avec Break, en featuring avec Zelooperz. Le morceau nous plonge tête première dans un flux énergétique ardent, grâce à cette production électro underground. Le hip-hop prend ensuite le relais sur EGO, où Crystal aborde la relation amoureuse toxique qui la hante. Le tempo ralentit avec Bags on Bags, où la voix de la Parisienne monte dans les aigus, procurant un subjuguant frisson. Le morceau se termine sur un changement d’ambiance : « Love is dead, there is nothing to keep », chante-t-elle.
GAMES clôture alors le projet avec une intensité rare menée par une production drum and bass explosive. « The game is over », annonce Crystal Murray après être passée par différentes émotions et différentes couleurs tout au long du projet. Une conclusion à un projet façonné par de fortes énergies, de forts sentiments et une envie folle de les extérioriser. Avec Twisted Bases, la jeune chanteuse s’assume et fait confronter les différentes facettes de sa personnalité dans des sonorités expérimentales. La curiosité est rapidement attisée, et en résulte un disque ondoyant, frénétique et incroyablement captivant entre R&B, hip-hop et électro.
