Après des sorties prometteuses comme son premier projet solo REP BEUNI ou la peau des yeux – album en commun avec Ryo – Ucyll dévoile une nouvelle facette de son personnage artistique. Si au premier abord, on peut croire qu’il se détache de son alter-ego Beuni qui était toujours masqué, il continue à faire vivre ce personnage à travers sa véritable identité. Car au fond, l’Ucyll dans La chose est toujours le même, simplement évolué.
Dans REP BEUNI, Ucyll avait construit tout un fil rouge autour de son alter-ego Beuni. De son rap chanté ainsi que de sa voix et de ses productions saturées, il mettait en avant son côté sombre et dépressif représenté par Beuni et sa cagoule de lapin bleu. Beuni était comme une sorte de masque pour explorer ses émotions obscures, une incarnation de ses parts d’ombre.
Si les éléments caractéristiques de ses morceaux – comme les basses de synthé saturées – sont toujours présents, son flow apporte un nouveau souffle à son projet. Il opte pour un débit plus old school, moins chanté, mais toujours en adéquation avec son univers.
Bien qu’il ait mis de côté la cagoule de Beuni, cela ne signifie pas que ce personnage n’existe plus. Son essence persiste à travers sa façon de délivrer son message et de faire évoluer le morceau : une structure déconstruite accompagnée d’un piano feutré qui tisse une continuité.
“C’est toujours moi sous le masque et tout et tout, sauf que c’est pas vrai. Déjà j’porte pas de masque et puis avant je portais pas de masque en vrai. En vrai j’ai toujours du mal à dire les choses face à tout le monde, sauf que maintenant je me fais du mal face à tout le monde.”
Visuellement, Ucyll soigne chaque détail. Parmi ses influences, on retrouve l’esthétique des films de Wes Anderson avec leurs décors rétro et les couleurs chaudes et contrastées. Déjà dans Eau salée – également réalisé par Simon Stewart et Sacha Lenoir – il s’amusait à jouer sur le contraste entre les images de couleurs vives et le scénario beaucoup plus sombre.
Dans La chose, Ucyll délivre un message rempli de vulnérabilité qui marque son évolution artistique : un personnage toujours hanté par des questionnements parfois paradoxaux, envahi par ses parts d’ombre, mais cette fois-ci conscient de son cheminement.
“J’ai conscience que t’es innocent et conscience que c’est moi le pro. Un peu de silence maintenant parce que c’est moi qui dit c’est quoi le beau.”
Ucyll semble annoncer un retour, marqué par une détermination – “j’arrive avec une dalle de fou” -, qu’il sait attendu – “j’sais bien que je vous ai manqué” – même s’il est toujours habité par des incertitudes – “ça m’arrive de me demander : qu’est-ce que je fais là ? Qu’est-ce que je raconte ?”
En tout cas, on attend impatiemment la suite…
Mélomane en quête d’émergence, amoureuse du rap et des mélodies alternatives.