Il y a un an, Bagarre explosait à la face du monde musical français de manière rageuse. Groupe inclassable, unique, intense, il nous offrait en octobre 2015 un second EP de 5 titres, se présentant alors comme une profession de foi. Musique de Club avait un objectif assez clair : réunir les gens, mélanger les genres, amener les clubbers dans les salles de concerts, et convaincre les amoureux des concerts de se laisser tenter par le club.
Porté par le succès grandissant de leur musique à Paris et ailleurs, le groupe a donc décidé de pousser le concept encore un peu plus loin en créant les Bagarre Club Makers, des soirées gratuites (oui c’est important de le préciser) durant lesquelles ils proposent à des potes musiciens ou des groupes qu’ils appréciaient beaucoup, de venir jouer, faire des DJ Set .. Bagarre usait alors de son nom pour se faire prescripteur de mode, pour ouvrir encore plus la voie aux mélanges, à la découverte et à l’amour tout simplement. Car malgré un nom assez guerrier, Bagarre n’est au final que de l’amour, même si chacun de leur concert est un véritable combat.
Un an plus tard et avec des concerts un peu partout en France, en Belgique, en Suisse et même au Québec, à leur actif, le groupe décidait donc d’organiser une ultime soirée à La Machine Du Moulin Rouge intitulée la MEGA CLUB MAKERS. Et vu le public de ce soir-là, on se dit que le pari était entièrement réussi: le mélange des genres est absolu, tout le monde se réunissant autour d’idées aussi simples que la fête et le plaisir. Des rappeurs, des hipsters, des clubbers, des gens connus, des gens en veste adidas (forcément!), des gens un peu discrets, des gens extravagants… En observant le public qui se masse devant la grande scène, on se retrouve donc face à tout ce qui fait l’âme de Bagarre.
On ne va pas se mentir, même si la line up du soir était plus qu’alléchante, la plupart des gens n’étaient là que pour voir les héros du soir s’approprier une autre scène, nous offrir un autre moment fou et autant couper le suspens tout de suite : la mission fut accomplie avec grandeur (et décadence).
Il est environ 1h45 lorsque les lumières s’éteignent et qu’un compte à rebours commence à défiler sur l’écran de la scène, la tension monte, les gens crient l’appel à la bête “Bonsoir nous sommes Bagarre“… et d’un coup le nom du groupe s’affiche en grand et les cinq débarquent sur scène pour nous offrir leur pyramide, la salle a déjà pris 10 degrés et pourtant le concert n’a pas encore commencé. Ça promet !
Le groupe nous avait promis une soirée plein de surprise, et après un Bonsoir de toute beauté c’est Master Clap qui se présente au micro pour nous offrir Querelle, ancienne chanson du groupe retravaillée pour l’occasion, et nous envoie un mur sonore d’une puissance assez éblouissante. “Ecoutez-moi” nous ordonne le bonhomme et c’est avec obéissance qu’on se soumet.
Le charisme est là, presque animal, on est hypnotisé par ce qui se passe devant nous, par ce qui vient frapper nos oreilles. On se lâche complètement. C’est ce qu’on aime chez Bagarre c’est qu’ils arrivent à nous provoquer pendant une heure une sensation totale d’oubli, de soi et des autres, on ne vit que pour l’instant présent, que pour ce qui se passe là devant nous, le corps se relâche et danse, même si il n’aime pas ça, il le fait. En à peine deux chansons, les parisiens mettent le public dans une transe totale qui ne lâchera personne tout au long du concert, qui est surement le meilleur que j’ai pu voir du groupe à ce jour.
C’est une véritable hydre musicale. On pourrait aussi parler de démocratie musicale, les chanteurs se succèdent au micro pour les hits bien connus du groupes, tous repris en cœur par un public plus que conquis. C’est un tsunami d’amour et de sueur qui s’abat sur nous … Le Gouffre, Claque Le, Ris Pas, Mourir au Club, toutes les “hits” du groupe sont joués, avec une rage et une intensité rare. On aurait pu croire qu’en terrain conquis, ils se calmeraient mais non, cette envie de conquête est toujours présente, le groupe est bien décidé à faire sauter les derniers verrous de volonté de son public, qui une nouvelle fois devra s’incliner ce soir devant un groupe définitivement fait pour la scène.
On notera aussi avec un plaisir non dissimulé, la réapparition dans la playlist de la fabuleuse L’étrange Triangle.
Au bout d’une heure, le groupe quitte la scène mais personne n’y croit vraiment. Ils ne jouent pas l’attente trop longtemps, ce sont les premières notes de La Bête Voit Rouge qui résonnent dans nos oreilles. Le public use les dernières parts de son énergie pour se déchainer sur cet appel à l’amour, où l’on envoie chier ceux qui ne veulent pas que j’aime un autre comme moi. La bête est possédée, en plus d’être amoureuse, et rejoint la foule pour les derniers moments de la chanson.
Bagarre nous aura donc prouvé une fois de plus toute sa puissance scénique, son amour pour son public, et nous aura offert un concert rare, sans pudeur, sans cynisme, sans défaut… On a assisté à un véritable moment, quelque chose d’unique et de puissant. L’amour était là, et comme dans toute Bagarre, il faut un vaincu, et avec un crochet dans les oreilles, un uppercut au cerveau et un violent direct au coeur, c’est le public qui à la fin se retrouve K.O, assommé mais heureux de cette Bagarre de toute beauté.
Chaque concert de Bagarre est une véritable vague d’émotions, qui permet de recharger ses batteries contre les merdes du monde qui nous assaillent par moment, et par les temps qui courent c’est quelqu’un chose qui est non seulement utile, mais nécessaire, alors tout ce qu’on peut dire c’est merci.
L’avenir s’annonce radieux pour ce groupe magnifique, et c’est avec plaisir et dévotion qu’on continuera à les suivre encore longtemps.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.