Début juin, nous avons posé nos valises à Toulouse pour quelques jours, le temps de retrouver le Weekend des Curiosités qui faisait son grand retour après deux ans d’absence. Au sein d’une programmation particulièrement pertinente, un nom a éveillé notre intérêt dès la première écoute : Quasi Qui. Lorsqu’Epoch a résonné dans nos oreilles, quelque chose s’est glissé dans nos veines et ne nous a plus quitté·es depuis. Alors que vient de sortir leur troisième titre Directorial Debut, un petit bijou tout autant addictif, nous nous sommes empressé·es de les rencontrer après leur concert en plein cœur de la nuit au Bikini, pour les laisser éclairer leur projet aux mille facettes.
La Vague Parallèle : Salut Zadi et Yehan ! On se rencontre juste après votre concert au Weekend des Curiosités, comment vous sentez-vous ?
Zadi : Très bien ! L’endroit est génial, on est entouré·es de nature et le volume sonore est vraiment impressionnant. On ne s’entendait même pas parler entre nous sur scène. Le concert était fun et on a eu très chaud. C’était fou ! Je suis aussi très foodie et on a mangé du canard, j’adore Toulouse !
LVP : C’est la première fois qu’on se rencontre en interview pour La Vague Parallèle. Vous pouvez nous raconter comment votre projet est né ?
Yehan : Quasi Qui s’est créé il y a presque un an et demi, quand ma sœur et moi avons pu avancer ensemble dans un projet. J’évoluais dans d’autres formations avant, et tout à coup le moment était parfait pour faire quelque chose ensemble.
Zadi : On a toujours baigné dans la musique dans notre famille, que ce soit notre grand-mère ou grand-père, la liste remonte à loin ! Yehan faisait de la musique de son côté et il m’a demandé si je voulais monter un groupe avec lui, j’ai accepté de suite, et le nom est venu après.
LVP : Que signifie Quasi Qui d’ailleurs ?
Yehan : Une fois que les morceaux sont déjà là, c’est difficile de trouver un nom. C’était plutôt délicat pour nous de dénicher quelque chose qui représente la musique. On a décidé de baser notre nom sur le premier album à venir. On y retrouve beaucoup de thèmes et de concepts, et le nom les rassemble. Il a aussi différentes perspectives et significations dans plusieurs langues. Le disque traverse le passé, le présent et le futur, mais aussi le monde réel et celui des rêves. C’est pourquoi la question de la réalité physique sera le fil rouge de l’album. On voyage dans le temps, l’espace, et les différentes expériences qu’on vit à travers notre conscience.
LVP : Vous êtes donc frère et sœur. Travailler en famille, ça vous plaît ?
Zadi : C’est beau et naturel. On a grandi ainsi, en jouant avec toute la famille.
Yehan : C’est une belle chose, mais qui a aussi ses propres challenges. Ça peut parfois être difficile car on se ressemble trop, ou bien on a parfois du mal à se comprendre dans les moments intenses. Mais on apprend plus vite ainsi. Je pense que la relation fraternelle est beaucoup plus éprouvante dans un projet musical qu’une relation amicale ou amoureuse.
Zadi : Parce qu’on ne peut pas se dire au revoir du jour au lendemain.
Yehan : Oui, on ne va pas se dire qu’on ne se parlera plus jamais (rires).
Zadi : Mais c’est ce qui rend le projet si spécial, comme on se connaît si bien !
Yehan : Ça aide à traverser les obstacles et les challenges plus rapidement. La plupart du temps, ça reste juste limpide. On est exactement à l’endroit où l’on a envie d’être, et on essaie de nouvelles choses. Par exemple, ce soir c’était seulement notre deuxième concert, c’était un test pour nous. On est au tout début de l’expérience live, alors que la musique est là depuis longtemps. On a commencé les concerts une fois l’album terminé, on doit maintenant l’adapter à la scène.
LVP : Vos deux voix s’accordent d’ailleurs particulièrement entre elles, sur scène comme en studio. Vous chantez ensemble depuis tout petits ?
Zadi : Oui, parfois quand on était plus jeunes. J’ai aussi accompagné Yehan sur son projet solo, je faisais les chœurs. Là, ça a marché dès le début, car nos deux voix ont fusionné.
Yehan : Sur l’album, ça donne cette impression de troisième voix, qui fonctionne de manière unique. La texture de nos deux voix s’harmonise pour créer une entité sur certaines parties de l’album. C’est plutôt intéressant. Parfois aussi, on distingue nos deux voix qui sont totalement différentes. Mais je pense que la production de l’album joue beaucoup sur cet aspect, parce que c’est très condensé.
LVP : Et à l’écriture, c’est un travail à quatre mains également ?
Zadi : C’est mon frère qui a écrit ce premier album. Mais on a déjà commencé un second disque, où l’on écrit tous les deux.
LVP : Donc le premier album n’est pas encore sorti que vous écrivez déjà le second !
Zadi : Bien sûr ! (rires)
LVP : Vous avez sorti deux titres pour le moment : Gentle Squeeze et Epoch. Pourquoi ces titres en particulier ?
Yehan : Chaque chanson de l’album représente un bout de l’histoire. On ne peut évidemment pas commencer avec la fin, enfin c’est possible, mais ces deux morceaux font un bon équilibre pour commencer le récit. Et il reste tellement de choses à sortir pour que tout prenne sens quand l’album viendra !
Zadi : Chaque titre est tellement différent des autres. C’est un monde entier rempli de scénarios.
LVP : J’ai l’impression qu’on retrouve différentes époques de l’histoire de la musique dans vos influences.
Yehan : Oui. Tous mes artistes préférés assimilent le plus de musique possible pour être capable de tout fusionner et créer leur propre univers. Quelqu’un qui écoute le même genre de musique pendant des années ne jouera probablement que ça. Alors que si on juxtapose différents genres et intérêts, on crée immédiatement quelque chose de nouveau. Je pense que c’est important de garder de la diversité dans nos goûts en tant qu’artiste, pas seulement en musique mais dans tous les domaines. Il faut tout digérer, même ce que l’on n’aime pas particulièrement. Parfois, on se rend aussi compte qu’on n’apprécie pas certaines choses juste parce qu’on suit le mouvement. C’est évolutif, et tout ce avec quoi on a grandi revient vers nous de manière plus ou moins consciente.
LVP : Justement, dans les guitares de Gentle Squeeze, je trouve qu’on entend Dire Straits par exemple. Ça fait partie de vos influences directes ?
Yehan : Oui, c’est vrai ! Mais ce n’est pas forcément là sur tout l’album, simplement à ce moment-là. En termes de production, l’album a été nourri de beaucoup de références spécifiques. Parfois, ça peut aussi être la guitare ou bien la batterie d’une certaine chanson qui sont jouées en hommage, comme une influence plus subtile. C’est pour tout cela qu’on a besoin de se nourrir du plus de musique possible. Sur chaque chanson, on peut dire qu’il y a au moins cinq inspirations différentes.
LVP : Pendant votre concert, j’ai été étonnée de voir la place que prenaient les machines et synthétiseurs. On l’entend moins sur vos deux titres déjà sortis.
Yehan : Oui, c’est quelque chose que l’on met plus en avant sur le live.
LVP : Quel est votre rapport à l’électronique par rapport aux instruments acoustiques ?
Zadi : Ça fonctionne si bien ensemble lorsque l’électronique permet de faire sonner les instruments acoustiques différemment.
Yehan : Et l’électronique est aussi imprévisible. Un ordinateur peut être plus prévisible, tandis qu’un synthétiseur va toujours sonner un tout petit peu différemment par rapport à la dernière fois qu’on l’a touché. C’est peut-être aussi parce qu’on apprend à notre manière. Il s’agit toujours de trouver les limites et là où l’on peut pousser. La guitare et la batterie sont des instruments plus primitifs, même si les musiciens trouvent toujours un moyen de les faire sonner différemment alors qu’ils sont limités par six cordes et douze frettes. Mais les synthés ont beaucoup plus de capacités. Et avec un ordinateur, ça devient infini. C’est précisément le genre de problème auquel il faut faire face : savoir quoi faire avec, plutôt que d’avoir toutes les options possibles à portée de main.
- © Louis Derigon
- © Louis Derigon
Quasi Qui au Weekend des Curiosités © Louis Derigon
LVP : On se rencontre aujourd’hui dans le cadre d’un festival. Quel est votre rapport à la scène et au public ?
Zadi : Même si jouer ensemble c’est tout neuf pour nous, j’ai le sentiment que c’est très naturel. J’adore être sur scène et voir les gens danser. L’énergie passe instinctivement du public jusqu’à nous.
LVP : Qu’est-ce qu’on peut attendre pour Quasi Qui dans les prochains mois ?
Yehan : L’album va arriver à la fin de l’année, et un autre morceau très prochainement. Le disque est terminé, on n’attend plus qu’une chose : c’est qu’il sorte. On a vraiment hâte !
LVP : Pour finir, quel est votre coup de cœur dans la programmation du Weekend des Curiosités cette année ?
Yehan : November Ultra avait joué juste après nous lors de notre premier concert à Paris à l’Église Saint-Eustache, et Lulu Van Trapp juste après. Ce sont des amis à nous de Paris.
Zadi : Pour ma part, j’aurais vraiment adoré voir Lewis OfMan !
En perpétuelle recherche d’épaules solides sur lesquelles me hisser pour apercevoir la scène, je passe mes concerts à faire les chœurs depuis la foule.