Un pas de plus dans l’univers de Green Montana avec Alaska
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Auteur·ice : Paul-Louis Godier
09/12/2020

Un pas de plus dans l’univers de Green Montana avec Alaska

Green Montana, le jeune rookie belge, était attendu avec son premier album Alaska. Après avoir patienté assez longuement avant de sortir un véritable premier projet, il s’est lancé directement dans le grand bain en dévoilant un album. Un gros défi pour le rappeur de Verviers, qui avait signé sur le label du 92i quelques mois plus tôt. Un premier album prometteur, qui nous plonge dans un univers frais et nouveau.

La Vague Parallèle : Ton premier album est sorti depuis plus d’un mois maintenant. Ça fait deux ans que tu bossais dessus. Comment tu te sens et quels sont les retours ?

Green Montana : Les retours sont grave positifs ! Je m’étais fait des petits pronostics sur les sons que les gens allaient préférer et c’était bien comme je pensais. Je savais pour PALM ANGELS, RÊVES MAGIQUES et GANJA. On a vendu très correctement donc je suis content.

LVP : Ça fait quelques années que tu fréquentes Isha, il t’a pris sous son aile en quelque sorte. Est-ce que tu peux nous parler de votre relation ? J’imagine qu’il est très présent sur ce projet, sans l’être à proprement parler. 

GM : Il fait ma direction artistique ! Il m’accompagne quand je suis en studio. Il est avec moi depuis le début comme mon grand frère. Il a été bienveillant dès le début de mon parcours, il a pris la matière en main, il m’a fait bosser et il m’a présenté à mon équipe actuelle. C’est vraiment la famille.

LVP : Tu as signé sur le label du 92i. Est-ce que tu peux nous parler de cette signature et de ce que cela change véritablement pour toi ?

GM : C’est une grosse prise de conscience ! Déjà, ça me permet de prendre au sérieux ce que je fais. À partir de ce moment-là je prends conscience que c’est mon métier, que je suis encadré par des grands noms et des grosses boîtes. Il y a forcément un peu de pression, mais aussi beaucoup d’assurance et de confiance. Ça me donne envie de me dépasser encore plus, parce que j’ai des responsabilités maintenant. 

LVP : C’est un gros challenge de signer sur un label. Souvent il y a des contraintes artistiques, mais j’ai quand même l’impression que tu étais assez libre sur cet album. Comment tu as travaillé à ce niveau-là ? Quel était le rôle de Booba sur ce projet ?

GM : Franchement je suis hyper libre. Booba me conseille beaucoup en termes de stratégie. Il sait dire quel son sortir en single, quel titre placer à tel endroit sur un album. Il a l’oreille et l’expérience pour cet aspect-là. Mais au final je peux faire la musique que j’aime faire ! C’est sûr que le fait d’avoir des retours de personnes comme Kopp, ça me permet de sortir de ma zone de confort et d’aller vers des choses plus ouvertes.

 

LVP : Green Montana, c’est un univers dans lequel il faut rentrer pour pouvoir apprécier pleinement la musique. Tu n’as pas trahi cet univers sur ce projet, mais il y a peut-être un choix qui m’a étonné, avec le morceau SALE TCHOIN. J’ai l’impression que c’est un peu l’ovni de l’album. Tu peux nous parler de ce morceau ?

GM : On l’avait déjà qualifié d’ovni avant de l’appeler SALE TCHOIN. Parce qu’il n’a vraiment rien à voir avec le reste de l’album et c’est une autre facette de ce que je sais faire. Une facette que je n’ai pas encore trop explorée. Donc c’était un petit challenge de le sortir directement afin de briser la glace, d’avoir des retours et de savoir jusqu’où je pouvais aller.

LVP : Une particularité chez toi, c’est que tu as horreur du remplissage. Sur le projet on retrouve beaucoup de sons avec un seul couplet. D’ailleurs il y a beaucoup de morceaux qui sonnent presque comme des interludes à certains moments. Tu peux nous parler de cette touche Green Montana ?

GM : Les interludes, ça m’a toujours parlé. J’ai toujours trouvé qu’il y avait un petit côté ovni, quelque chose qui sort du lot… Des fois ce n’est même pas un son, d’ailleurs. C’est aussi comme ça que je consomme la musique. Je n’aime pas les morceaux longs. J’écoute très peu de morceaux de plus de 2min30, donc forcément ça va se ressentir sur ma musique. C’est vraiment quelque chose que je voulais amener sur mon premier album. J’en ai, des morceaux plus longs, mais ils sont à retravailler pour plus tard. Je suis moins à l’aise, j’ai vite l’impression de me répéter.

LVP : Tu fais beaucoup le contraste entre le chaud et le froid. Sur cet album, j’ai plus senti la fraîcheur, c’est sûrement pour cette raison que tu as penché sur ALASKA. Mais il y a quand même des morceaux où on s’écarte de cet aspect plus froid. Tu peux nous en dire plus là-dessus ? Comment as-tu construit l’album finalement ?

GM : J’ai toujours fait ça oui ! Ça dépend aussi beaucoup de l’instru. En soi, ce dont je parle c’est toujours la même chose. C’est dans l’interprétation que tu vas le prendre plus ou moins chaleureusement grâce à l’instru. Je peux aimer des prods plus lumineuses parfois, mais ma zone de confort c’est clairement ce côté plus frais. Et c’est le squelette du projet oui !

LVP : En parlant du squelette du projet, parlons de la pochette d’ALASKA. Ton visage est divisé en deux. Une partie squelettique et l’autre vivante. Quand j’écoute le projet, je rentre dans l’univers Green, mais je n’ai pas l’impression de rentrer dans ta vie. Au final j’en sais très peu sur toi. Est-ce que c’est un peu ce que tu voulais retranscrire avec cette cover ?

GM : Oui c’est une bonne analyse ! Le but est clairement de ne pas tout dévoiler directement, mais que l’on me comprenne quand même et que l’on adhère à l’univers dans lequel je veux emmener l’auditeur. C’est un accès à la suite ! Aussi, cette double-face c’était vraiment pour représenter les deux couleurs que l’on retrouve sur le projet. Quelque chose de plus lumineux et quelque chose de plus sombre. On voulait le représenter de manière assez forte. La cover est de Frederic de Pontcharra et Romain Garcin.

 

LVP : Les thèmes que l’on retrouve dans ce premier album ne sont pas si différents de ceux que tu abordais dans tes premiers sons finalement. Mais est-ce que ta manière de parler de certains sujets a évolué avec le temps ? 

GM : En fait, il y a une évolution tout au long du projet. L’album s’est construit sur une durée de temps assez longue et les morceaux sont éparpillés sur la tracklist (en termes de temporalité). Certains datent d’il y a deux ans et d’autres sont très récents. Je parle de la même chose, mais ce n’est jamais la même façon d’en parler d’un morceau à l’autre.

LVP : Sur cet album tu parles beaucoup des liens que tu as avec tes proches, mais surtout des personnes qui pourraient retourner leur veste. On a l’impression que tu te méfies de chaque personne. Ça vient d’où ?

 GM : C’est du vécu ! C’est des choses qui arrivent vite dans la vie. Il y a très peu de personnes en qui tu peux vraiment avoir confiance. Il faut les localiser et rouler avec eux. Inévitablement la musique et la vie privée vont se lier, mais j’essaye quand même de dissocier les deux. Mais les deux se mélangent que tu le veuilles ou non.

LVP : Tu dis souvent que tu aimes la drogue, l’argent et les femmes. D’ailleurs tu dis à plusieurs reprises que l’argent passe avant les femmes. Qu’est-ce qui t’a amené à avoir plus confiance en du papier qu’en une femme/relation ?

GM : Tu me mets mal là (rires). L’argent c’est plus sûr ! Tu peux investir dans la pierre, ça ne bougera jamais. Mais les relations tu ne sais pas. Tu ne peux pas te projeter dans l’avenir… C’est malheureux, mais pour moi c’est ça.

LVP : On a presque l’impression que c’est plusieurs mauvaises expériences qui t’amènent à dire que les relations amoureuses c’est plus ton truc et que tu fais plus confiance aux femmes ? Est-ce que c’est une des raisons pour lesquelles tu t’exprimes de manière très crue ?

GM : Franchement je ne sais pas vraiment. Je ne me prends pas trop la tête sur l’écriture. Je fais beaucoup plus attention à comment je pose ma voix et au flow que je vais avoir. Je privilégie vraiment les placements et les mélodies.

LVP : On arrive à la fin de l’année. De très gros projets sont sortis. Est-ce que tu peux nous donner les trois albums que tu as le plus écoutés en 2020 ?

GM : Mon numéro un c’est Wunna (Deluxe) de Gunna. C’est sûr ! Après je mets Alaska deux fois (rires).


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