Un peu de colère pour beaucoup d’amour, néomí se hisse au sommet sur somebody’s daughter
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Auteur·ice : Hugo Payen
04/06/2024

Un peu de colère pour beaucoup d’amour, néomí se hisse au sommet sur somebody’s daughter

| Photos : Liz van den Akker

Entre la sortie en novembre dernier de Garden et son passage récent entre les murs de l’Ancienne Belgique, on peut dire que néomí fait indéniablement partie de nos coups de cœur musicaux de l’année. À l’occasion de la sortie de son premier album, Somebody’s daughter, il nous était donc impossible de ne pas nous immerger un peu plus dans toutes ces histoires en permanente oscillation entre chaos et lueur d’espoir. Rencontre.

Une plume aussi belle que tempétueuse sur un éventail de sonorités qui nous emmènent dans ce monde entre Bon Iver et boygenius, évidemment, on adore.

Pour rappel, rien ne laissait présager que la musique occupe un jour tant de place dans la vie de l’auteure-compositrice hollandaise aux origines surinamaises. « Forcée de suivre des leçons de piano dès son plus jeune âge, c’est le cœur lourd que la jeune auteure-compositrice se promet après cinq ans de calvaire qu’elle ne retomberait jamais dans la musique », nous expliquions-vous il y a de ça quelques mois.

Mais ça, c’était sans compter sur le don d’envoûtement de Ben Howard qui la poussera, quelques années plus tard, à s’inscrire dans la prestigieuse école de musique d’Amsterdam. Une école qui lui ouvrira d’ailleurs ses portes grâce à une simple erreur administrative – et on en est sûr·es, surtout grâce à son talent manifeste. Entre la sortie de son premier morceau et celle de ses multiples EP tous aussi irrésistibles les uns que les autres, on laisse Néomí vous raconter la suite de l’histoire.

La Vague Parallèle : À l’heure où on discute, ton premier album vient tout juste de sortir. Un album sur lequel tu travailles depuis un bout de temps. Comment elle a débuté, l’histoire de cet album ?

Néomí : C’est fou parce que tu bosses tellement dessus, ça prend du temps. L’album est terminé depuis quelques mois déjà et le fait qu’il soit enfin disponible partout, j’ai toujours un peu de mal à le réaliser (rires). Le fait que toutes ces choses, ces morceaux, que tu gardes précieusement pour toi ne soient plus secrètes finalement, c’est incroyable. On a débuté l’album l’été dernier. J’avais pas mal de démos qu’on a commencé à retoucher avec Will (Knox), mais sans qu’on se mette de pression en réalité. De août à décembre, on était en studio, sans réellement avoir une direction bien précise en tête. On explorait les couleurs qu’on voulait donner à ces histoires. Ce n’est que fin décembre que l’on a réellement commencé la production de l’album en tant que telle. Donc oui, ces chansons ne sont pas si neuves ! (rires). Par contre, ce qui rend la chose nouvelle pour moi, c’est l’interprétation que chaque auditeur·ice va se faire de ces histoires. J’ai ma propre version de ce que j’essaye de raconter, mais l’idée que d’autre personnes puissent avoir une toute autre interprétation, ça me réjouit !

LVP : Est-ce que tu sens que la relation que tu as avec ces morceaux évolue finalement, depuis qu’ils ne sont plus « secrets » ?

Néomí : Clairement ! La relation que tu as avec tes morceaux change instantanément. J’ai l’impression qu’ils ne m’appartiennent plus, d’une certaine manière. Dans le sens où mon histoire n’est plus que la mienne, mais aussi celles des personnes qui l’écoute. C’est aussi la leur maintenant, et je trouve ça assez chouette finalement. J’ai passé tellement d’heures à écouter des fichiers wav dans mes écouteurs que le simple fait de l’écouter sur Spotify aujourd’hui me donne une impression différente quant à la manière dont il sonne (rires).

LVP : Quand on écoute l’album, on sent que ton univers musical et que tes sonorités ont pas mal évolué. On y trouve plus de couches, plus d’arrangements, qui viennent embellir cet album de pas mal de couleurs différentes. Pourtant, on y retrouve aussi ces influences très acoustiques, très folk, notamment sur Low. Des influences qu’on retrouve sur tes premiers morceaux. La folk, c’est un peu ce qui t’as poussé à explorer et à créer ton propre univers musical finalement.

Néomí : J’ai longtemps douté de moi-même et de tout ça, en réalité. J’ai commencé à écrire l’album peu de temps avant de commencer une thérapie, et je n’avais jamais ressenti autant de colère de ma vie qu’à ce moment-là. Ce qui fait qu’au moment d’écrire ces histoires, j’étais emplie de colère. Énervée sur le monde qui m’entourait, sur les gens autour de moi. Et je pense qu’inconsciemment, cette colère a joué un rôle sur la manière dont l’album sonne. Aujourd’hui, alors que je ne suis plus du tout dans le même état d’esprit, je me demande si je n’ai pas été trop loin à quelques endroits (rires). Écrire ces morceaux a clairement été thérapeutique, mais je réalise encore plus aujourd’hui que je ne suis peut-être plus la même personne qu’à l’époque. Comme si cet album dévoilait un alter-ego de moi-même. Après, attention : j’aime chaque morceau de l’album, ça reste mes histoires et mon univers, mais au fin fond de mon cœur, c’est la folk qui m’anime. Puis cet album nous permet de découvrir de nouveaux horizons aussi, et j’adore ça ! On a la chance de jouer dans des festivals comme le Best Kept Secret, de jouer à Austin et j’en passe. J’en suis tellement reconnaissante. Au même titre que rien ne dit que je ne reviendrais pas à cet univers folk dans le futur ! Cet album m’a aidé à purger les émotions que je ressentais à l’époque, cette autre version de moi-même. Mais dans le fond, c’est la folk qui a mon cœur.

LVP : Je suppose que travailler avec Will Knox t’a aussi permis d’explorer ces nouveaux horizons musicaux, ces sonorités et ces arrangements ?

Néomí : Ah mais c’est clair ! C’était une expérience permanente et magnifique. Pour nous deux d’ailleurs. Ça nous a aussi permis de découvrir de nouvelles facettes de nos propres personnalités, c’était vraiment chouette de partager ces nouvelles choses ensemble. On essayait de pas trop se poser de question, en réalité. « Est-ce que c’est trop pop ? », « est-ce que ça sonne pas trop bizarrement ? » : on mettait ça de côté !  Et je pense que ça a du bon parfois, de se faire confiance, de mettre tous ces questionnements de côté et d’aller explorer ce que le chaos peut nous apporter. C’est ce qu’on a fait et j’en suis tellement fière.

LVP : Au départ, on peut dire que tu n’étais pas trop attirée par la musique. Les cours de piano, tu y allais en trainant des pieds. Autant que l’école dans laquelle tu étais. Pourtant, au fil du temps, cette relation a changé : en février 2022, tu sors If I Wasn’t Made For Love. Ton premier morceau sous Néomí. Un morceau qui a changé pas mal de choses au final ?

Néomí : Pendant pas mal de temps, l’idée d’arrêter la musique me trottait en tête. Notamment parce que je n’ai pas passé des supers années à l’école. Pourtant, impossible de ne pas écrire. Puis, un peu par hasard, j’ai rencontré mon manager. Tout est parti d’une vidéo de moi sur Facebook. Il est tombé dessus et m’a dit qu’il adorait ma voix. Cette vidéo, c’était celle d’If I Wasn’t Made For Love. À l’époque, et toujours maintenant en réalité, j’écrivais seule dans ma chambre. Mettre sur papier toutes les choses qui me traversent l’esprit, toutes les émotions qui en découlent. Ce morceau, il m’a apporté beaucoup ! C’est le premier morceau que l’on a enregistré et que l’on a envoyé aux labels, qui ont tout de suite accroché d’ailleurs. J’ai eu la chance de partir à Londres, et de ne pas mal bouger grâce à la musique. Je dirais qu’If I Wasn’t Made For Love est clairement le morceau qui m’a permis d’ouvrir toutes ces portes.

LVP : Un premier morceau qui te permet de mettre de côté ces doutes quant à ta musique aussi ?

Néomí : Honnêtement, je pense que je n’ai toujours pas assimilé le fait que je puisse être artiste aujourd’hui (rires). Pour moi, je suis juste quelqu’un qui aime écrire des chansons dans sa chambre. Puis parfois, j’ai ces moments où je réalise un peu ce que je suis en train de vivre (rires). Pendant la tournée que j’ai eu la chance de faire aux côtés de SYML par exemple, tu joues dans des grandes salles, c’est magnifique. C’est dans ce genre de moment que je réalise pleinement que finalement, c’est peut-être bien ma carrière (rires). Mais je pense que je ne le réaliserai jamais réellement, même si ce premier album m’aide un peu à le faire, c’est clair !

LVP : Dès la sortie de tes premiers morceaux, tu attires assez vite l’attention. Tu remportes le prix 3FM, les radios de la BBC en Angleterre t’encensent, certaines radios en Belgique et aux Pays-Bas passent tes morceaux puis récemment, tu pars jouer à Austin au Texas pour le SXSW Festival. C’est nouveau pour toi. Est-ce que cette mise en lumière s’accompagne de pressions parfois, personnelles ou non ?

Néomí : Je dirais que la pression est presque inévitable. Mais surtout parce que jusqu’à la sortie de l’album, j’avais tendance à ne pas trop me prendre au sérieux. Alors que là, tout est plus concret on va dire. Je réalise maintenant que j’avais pas mal de choses à prouver. C’est à ce moment-là que tu commences à douter de toi-même et de chaque petite chose, chaque détail. Après, dans ce genre de moment, j’essaye aussi de me rappeler pourquoi je fais tout ça : parce que j’aime la musique, tout simplement. J’essaye de me rappeler que peu importe ce qu’il se passe, c’est la musique qui passera avant tout. C’est parce que j’aime cette musique que je me suis lancé dans l’aventure, finalement. Je suis hyper reconnaissante de jouer dans des grands festivals, d’avoir un super label, d’être aussi bien entourée, mais au final, tant que je peux faire ma musique, je suis heureuse. Même si ça veut dire jouer devant dix personnes. C’est ce que j’essaie de me dire à chaque fois que je sens cette pression monter en moi. Tu as beau exposer ton meilleur tableau dans un musée, ça ne veut pas dire que tout le monde va l’aimer. En tant qu’artiste, tu dois accepter ça aussi. Tout le monde ne va pas adorer ce que tu fais, et c’est OK. Je ne dis pas que c’est facile, c’est même souvent assez compliqué de gérer ça et parfois ça m’arrive d’être submergée. Surtout quand tu fais des gros festivals où on t’attend un peu au tournant. Mais quand c’est le cas, je fais tout pour revenir aux bases, à ce qui m’a poussée à être là.

LVP : Tu parles de gros festivals, de jouer devant des centaines voire des milliers de personnes qui ne sont pas forcément venues pour toi en particulier mais qui pourtant, en attendent peut-être plus. C’est quelque chose d’assez particulier à gérer quand tu commences, je suppose.

Néomí : Ce n’est vraiment pas facile de jouer en festival. À l’heure où l’on parle, je joue mon album à travers quelques petites salles. Les gens ont payé pour venir te voir jouer, toi. Si tu fais quelques erreurs, ça va. C’est le début d’un peu tout, on essaye de construire quelque chose, tu vois. Les gens sont là pour passer leur soirée avec toi. En festival, c’est presque comme si je m’excusais d’être là (rires). Non, mais ce truc de savoir si les gens sont là pour voir ton set ou voir l’artiste d’après, ce n’est pas évident quand tu commences. C’est vraiment un processus différent, que l’on apprend à aimer avec le temps.

LVP : Tu nous parlais de ta tournée avec SYML tout à l’heure, mais tu as également tourné aux côtés d’autres grands artistes comme Matt Corby, Novo Amor, Jonathan Jeremiah. Des expériences qui t’amènent à découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles personnes aussi. Des expériences qui t’ont aussi pas mal formée en tant qu’artiste ?

Néomí : Avoir eu la chance de prendre la route et de partir en tournée avec ces artistes, c’était juste incroyable. J’ai appris beaucoup de choses, que ce soit sur moi ou sur ma musique. Matt Corby a toujours quelque chose de beau à dire (rires). Pouvoir discuter avec des personnes qui sont déjà passées par le chemin sur lequel tu viens à peine de te lancer, c’est trop chouette. Elles te disent quoi faire ou ne pas faire justement, et t’expliquent pourquoi. Pourquoi c’est important de rester fidèle à toi-même, surtout. C’est le genre de discussions qui aide pas mal, c’est clair. Puis quand on y pense, Phoebe Bridgers a d’abord commencé à faire les premières parties de Matt (Corby). Maintenant, c’est une légende ! En en parlant un soir, lui-même me disait : « tu ne sais pas ce qui peut se passer. Tu ouvres pour moi ce soir mais qui sait, peut-être qu’un jour ce sera l’inverse » (rires). Non mais, la manière dont ces expériences m’ont le plus impactée, je pense que c’est vraiment vis-à-vis de l’album. J’avais pas mal de doutes dessus, notamment pour les raisons dont on a parlé plus tôt : cet album c’est moi sans être moi. J’avais besoin de pousser à fond le chaos qui m’habitait à l’époque et d’être quelqu’un d’autre. Que ce soit Matt (Corby) ou Ali de Novo Amor, ils m’ont rassurée sur la chose. Du moment que tu restes fidèle à toi-même encore une fois, tout ira bien. Ça fait du bien d’entendre ça de leur part ! Puis je ne vais pas te mentir, je suis une grande fan de Matt Corby depuis des années (rires). C’était des moments incroyables. Tu réalises qu’au final, toutes les légendes que tu adores depuis des années sont toutes aussi humaines que toi et partagent tout simplement la même passion pour la musique que toi.

LVP : Cet album, Somebody’s daughter, nous plonge dans ce qui ressemble à un journal intime dans lequel tu explores différents chapitres de ta vie. Tu y parles de ce que ça représente d’être jeune adulte aujourd’hui, les doutes qui en découlent, les désillusions mais dans lequel tu explores aussi certaines émotions comme le désir et l’acceptation. C’est ce processus d’écriture qui t’a permis de comprendre et d’appréhender toutes ces émotions et ces moments de vie ?

Néomí : C’est clairement ce qui m’a le plus aidée à l’époque, et j’espère vraiment qu’il aidera d’autres personnes qui se voient forcées à traverser ces différentes étapes que sont le deuil, la colère, etc. Dans ce genre d’expériences, tu dois pouvoir accepter tes émotions, les laisser sortir. Accepter que tu puisses être en colère face à une situation, c’est bien. C’est en laissant les choses sortir que le reste va pouvoir se mettre en place aussi, guérir, finalement. Et écrire cet album m’a beaucoup aidée. J’en parlais plus tôt mais à la même période, j’expérimente la thérapie pour la première fois de ma vie. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait avant ! J’étais vraiment au plus bas, je me sentais mal avec moi-même. C’est grâce à mon incroyable thérapeute et à toutes les merveilleuses conversations que l’on a eues que j’ai pu construire cet album. C’est le genre d’expérience qui t’aide à te comprendre un peu mieux, à comprendre ta vie. Tu libères tes émotions et tu comprends que tu peux être en colère, tu peux te sentir super triste, tu peux faire des erreurs, ce n’est pas grave.

LVP : Tu dirais que ces processus de lâcher prise et d’acceptation, que l’on retrouve à travers chaque histoire finalement, sont un peu la colonne vertébrale de l’album ?

Néomí : Sans aucun doute ! La raison pour laquelle j’avais toute cette colère en moi découlait de mon besoin de lâcher prise, de laisser partir toutes ces émotions bien profondes. Sauf que je n’y arrivais pas. Je n’étais plus vraiment moi-même à l’époque en réalité, et j’ai eu cette ancienne version de moi qui est comme venue me secouer. J’avais besoin de changer. Ça peut sûrement paraître triste dit comme ça, mais c’est vrai. Je devais repartir de zéro, reprogrammer mon cerveau et laisser dernière moi toutes ces choses qui faisaient de moi cette personne emplie de colère. Je ne dis pas que c’est un processus facile, au contraire. Je pense que c’est pour ça que c’est une notion qui navigue un peu à travers tout l’album et occupe cette place de “colonne vertébrale”, comme tu dis.

LVP : Mais toujours en y mettant une dose d’espoir, finalement.

Néomí : Le chaos n’existe pas sans espoir. Ce sont deux choses, deux émotions en totale complémentarité, selon moi. Tout est une question d’équilibre.

LVP : C’est d’ailleurs ce dont il est question dans ton morceau Somebody’s daughter. C’était important pour toi de débuter l’album avec celui-là ?

Néomí : Oui, parce que c’est un peu l’élément déclencheur du reste, si tu veux. C’est un peu le morceau qui m’a fait réaliser le changement d’état d’esprit, comme un appel à l’aide. Je me suis dis : « woaw, mais qui est cette nouvelle Néomí » (rires). C’est le morceau dans lequel il y a le plus de cette colère dont on parlait plus tôt. C’était une évidence de commencer par ce morceau en particulier. Puis, c’est à partir de ce moment-là que tu réalises ce qui est en train de se passer intérieurement aussi. C’est d’ailleurs pour ça que le morceau a pris ce titre-là, au même titre que l’album finalement. À un certain point où j’étais vraiment au plus bas, j’ai eu cette conversation avec ma meilleure amie qui en vient à me dire que peu importe ce qu’il se passe, peu importe ce que tu fais, ce que tu dis, tu seras toujours la fille de quelqu’un·e. C’est quelque chose qui m’est resté en tête à chaque moment où ça n’allait pas justement, et qui le restera. Personne ne naît avec de mauvaises intentions, on est toustes humain·es.

LVP : Chaque morceau aborde ainsi un chapitre, un moment de ta vie. Et plus qu’un moment, une émotion bien précise. C’était donc tout autant une évidence de finir l’album sur la démo très brute de All you do is leave.

Néomí : C’est un morceau que l’on a enregistré il y a pas mal de temps, au début du processus. L’émotion qu’il y a sur ce morceau, sur cette démo, c’est celle que l’on voulait avoir. En fait, on ne pouvait pas faire mieux parce que c’est probablement le morceau le plus douloureux aussi. L’émotion de cette prise-là, elle résume l’album. Finir sur ce morceau c’était boucler la boucle, on va dire. C’était la dernière étape du deuil.

LVP : Tu parlais plus tôt du fait que cet album, et ta musique en générale, sont emplies de tristesse. D’une certaine manière, on peut aussi dire qu’elle est assez mélancolique. Pour pas mal de monde justement, la mélancolie fait référence à quelque chose de triste, de négatif. Pour d’autres, elle représente cet endroit où la vulnérabilité est le maître-mot. Tu la vois comment toi, ta mélancolie ?

Néomí : Je pense qu’au final, la mélancolie peut revêtir ces deux facettes. Elle est à la fois douloureuse mais en même temps, qu’est-ce qu’elle fait du bien. Par exemple, le fait de grandir loin de tout, dans un endroit où tu as l’impression de ne pas pouvoir être la personne que tu es à l’intérieur, sans jamais pouvoir l’exprimer, tout en ayant cette connexion très forte, me procure autant de tristesse que de bonheur. C’est un sentiment dur à expliquer hein ! Mais c’est comme ça que j’appréhende la mélancolie : comme quelque chose de doux-amer. Quand j’entends ce mot, c’est ce qui me vient en tête directement, parce que c’est un peu comme ça que je la conçois : quelque chose de dur à vivre mais qui au final, nous fait du bien. Dans le sens où c’est dur de grandir dans un minuscule village où c’est compliqué d’être différente, de penser différemment. Mais d’un autre côté, ça reste la maison, la famille. Quand on y est, on ne pense qu’à partir, puis quand on part, ça nous manque.

LVP : Est-ce que l’on peut s’attendre à une tournée en tête d’affiche prochainement ?

Néomí : J’espère ! On le fait là, aux Pays-Bas dans quelques petites salles, mais oui j’aimerais bien. Après mon syndrome de l’imposteur·ice me rattrape toujours un peu dès que je dois me lancer dans ce genre de choses (rires). Mais je vois sur Spotify que ma musique traverse les frontières et touche du monde un peu partout en Europe, donc pourquoi pas !


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