Le groupe de rap hardcore électro américain, Death Grips, a de nouveau déchaîné les passions et les corps lors du concert du jeudi 29 juin au Bataclan. Une performance très attendue devant une salle au complet remplie d’individus très mobiles qui ont enflammé la zone de crash pit.
Vont-ils rester, vont-ils partir ? Après cinq ans d’absence en terre des droits de l’être humain, ils sont revenus piétiner les jauges de décibel. Cependant, voilà qu’après un premier morceau joué, qui a échauffé la salle, Death Grips marque un temps. Deux, trois minutes passent. Le rappeur Mc Ride, le batteur Zach Hill et le producteur Andy Morin échangent quelques mots. Le trio de hip-hop-électro-punk a-t-il décidé de refaire le coup du concert absentéiste et de se barrer de là ? Le groupe avait déjà fait parler de lui voilà dix ans maintenant pour une farce similaire. En faisant poireauter leurs fans devant une scène vide sans n’être jamais venus jouer ni prévenir qui que ce soit et c’était ça le concept. Il y en a qui trouvent ça génial, d’autres moins ! En tout cas, ce n’était pas dans leur programme ce jeudi 29 juin.
Une boîte de pop-corn brûlante dans un micro-ondes fou
Énergique, le public du Bataclan est aussi visiblement bien achalandé en slogans contestataires ce soir. Il scande d’emblée de jeu, et en chœur, des « Macron démission ». Le fond de l’air est rouge, et noir, à l’instar de la scénographie et à l’image du groupe de Sacramento, accusé d’être d’obédience anarco-nihiliste. Mais c’est plus du hip-hop tonitruant anti-système qu’un projet musical avec une ligne politique cohérente. Le groupe est subséquemment devenu un étendard contre l’autoritarisme. Des hackers thaïlandais avaient placé le clip de Guillotine en guise de page d’accueil du site de la Cour constitutionnelle de leur pays, après que trois militants pour les droits démocratiques en Thaïlande étaient poursuivis pour des faits de lèse-majesté.
Le concert du Bataclan a en tout cas duré plus longtemps que le temps de disponibilité de la page hackée en question. Pendant une heure et trente minutes, les morceaux s’enchaînent, mis bout à bout grâce aux breaks techniques de Zach, musicien à l’énergie monstre. Death Grips ne laisse que très peu de répit aux fans. Du fameux Guillotine, issu de leur première mixtape Exmilitary (2011) en passant par l’excellent Hustle Bones issu de The Money Store (2012), Death Grips a créé un courant électrique continu. Les vestes et les pulls pendant ce temps-là virevoltent dans toute la salle croisant parfois dans les airs des gobelets vides. L’ambiance est folle, le rappeur Ride à la voix hurlante fait détonner ses paroles accompagnées par une base électro glitchy finement préparée par l’agité Andy Morin installé derrière sa tour de contrôle.
C’est après le très punk et déstructuré Giving Bad People Good Ideas de l’abum Bottomless Pitt (2016), que le concert a pris une autre tournure, la chaleur de la salle se rapprochant de celle du centre de la terre. Une heure et trente minutes de sueur en tout et pour tout, pour un déploiement non exhaustif de six albums concoctés, dont le dernier, Year of the Snitch, remonte à 2018. Année où le groupe californien était d’ailleurs aussi passé à Paris à l’Elysée Montmartre. Le public les attend prochainement et cette fois-ci au palais de l’Élysée pour aller amuser la galerie du roi. Mais certain que Mc Ride, Zach Hill et Andy Morin s’absenteront au dernier moment.
La musique te traîne loin. Salutaire sur terre!