UTO ensorcèle le Point Éphémère
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Auteur·ice : Paul Mougeot
09/04/2019

UTO ensorcèle le Point Éphémère

Dans la foulée de la sortie de son nouveau disque, UTO a investi le Point Éphémère jeudi dernier pour sa toute première date en tant que tête d’affiche d’une salle parisienne. Pour l’occasion, le duo a littéralement envoûté son public. On y était, on vous raconte.

Il y a un mois, on s’est égaré dans l’univers fantastique et mystérieux de The Night’s Due, le nouveau disque d’UTO. Niché quotidiennement au creux de nos oreilles, on l’a laissé transformer les couloirs du métro en dédales boisés et menaçants, les trains en serpents métalliques, le jour en nuit et la nuit en un théâtre de rêves habités par des créatures étranges. Pendant un mois, on a attendu avec impatience la première prestation du duo en tant que tête d’affiche, en nous demandant comment Neysa et Émile, les deux têtes d’UTO, parviendraient à restituer en live le luxe de détails qui donne vie à leur musique. Éléments de réponse ci-dessous.

Ce jeudi, la scène du Point Éphémère avait des allures de la Black Lodge de Twin Peaks, cet espace hors du temps, perdu dans une réalité parallèle seulement matérialisée par de lourdes tentures rouges. Aux murs, donc, d’amples rideaux couleur sang, seulement illuminés par quelques ampoules nues, tombées du ciel çà et là comme de petites étoiles en fin de parcours. Le temps d’une soirée, cet élégant écrin carmin s’est changé en une inquiétante boîte à musique, vibrant au rythme des ombres découpées sur ses parois.

En son centre, Émile, Neysa, et leur batteur, Aloïs, ont livré une performance intense et virevoltante, mêlant tout à la fois mélodie, poésie, passion et violence. Aussi complexe qu’elle puisse paraître, la musique d’UTO n’a pourtant eu aucun mal à toucher sa cible. Car derrière chaque morceau se cache une légende, une histoire fantastique que les deux amants se sont plu à partager comme on murmurerait avec excitation un conte au coin du feu. On a ainsi appris que Play House est venue à Neysa de l’empathie pour ces personnes qui, à force de passer leur vie à attendre, ont fini par devenir un recoin de leur propre existence, un meuble de leur propre maison. La sublime Strange Song, c’est la Lune elle-même qui l’a soufflée à Émile un soir où il a croqué dans un drôle de fruit trouvé dans la forêt.

En live, chacun de ces titres prend sa pleine mesure, croît et se développe comme une rose vénéneuse dont les effluves et les épines viendraient étourdir celles et ceux qui se risqueraient à la sentir. (The) No Song s’est changée en une impressionnante vague trip-hop portée par le flow de Neysa, par ses cris, ses intonations et sa présence, la magnifique Black s’est trouvée chargée d’une énergie nouvelle, tandis que la jubilatoire Synthesise a tout emporté sur son passage.

 

Peu habitué à jouer ce morceau sur scène, le duo s’est fait même offert une version intimiste de son premier succès The Beast, avant de conclure par la magnifique That Itch. À entendre les hurlements qui ont suivi, on en est certain : les loups solitaires d’UTO se sont trouvé une meute.

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