Vald dévoile son nouveau terrain de Xeu
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Auteur·ice : Charles Gallet
06/02/2018

Vald dévoile son nouveau terrain de Xeu

Que vous le vouliez ou non, vous n’avez pas pu passer à côté de VALD en 2017. Que vous l’aimiez ou non, il s’est infiltré partout, en soirée, en festival, en boite de nuit… Avec Agartha, son premier album, VALD a tapé bien et a tapé fort. Et comme le dit l’adage, autant battre le fer tant qu’il est chaud. Le rappeur d’Aulnay-sous-Bois est donc de retour avec XEU, un album qui détonne et qui étonne. Plus dense, plus sombre et aussi plus sérieux : Xeu, album de la maturité ?

Oui oui, vous avez bien lu “album de la maturité” et oui, il s’agit bien d’une blague. Déjà parce qu’on trouve cette expression profondément stupide, mais surtout parce que VALD reste un sale gosse, il suffit de voir le sticker collé sur son nouvel album où il détourne avec malice les noms des principaux journaux et magazines (notre affection va au génial Flemme Actuelle) pour faire sa publicité. Il avait d’ailleurs bien déblayé le terrain avec une promo toujours aussi iconoclaste et basée sur les réseaux sociaux, en faisant fuiter (même si un doute subsiste quant au fait que ce soit vraiment lui derrière le leak) NQNT 3, un EP rempli d’anciennes compositions et de versions alternatives de Désaccordé et Trophée, présentes toutes les deux sur Xeu.  Une attitude un peu punk, mais surtout, une manière absolument brillante d’annoncer la sortie de ce nouvel album, qui risque de surprendre bien du monde.

Le succès aurait pu monter à la tête du rappeur, mais c’est tout le contraire qui semble s’être passé. Si le succès a eu un effet positif sur VALD, c’est qu’il se prend désormais plus au sérieux, qu’il assume son statut et offre donc un album à la hauteur de celui-ci. L’autre point qui marque directement à la première écoute du disque, c’est sa relative cohérence, comme si chaque chanson répondait à la précédente. Cette sensation de bloc, de ligne directe est sans doute due au fait que l’album est à la quasi-majorité articulé autour des productions de Seezy. Cette association fatale, et presque évidente, tant l’univers des deux artistes semblent se correspondre, permet au rappeur de passer un cap sur le plan de la qualité, mais aussi de l’intensité, des morceaux.

Ce changement au niveau des prods entraine aussi logiquement un changement au niveau du flow, plus carré, plus maîtrisé. VALD ne s’aventure plus sur certains terrains vocaux, sa voix se fait plus dure, plus sûre d’elle pour offrir un véritable album de rap. S’il utilise encore le vocoder sur certains tracks comme Possédés ou Deviens Génial, son utilisation est plus que mineure.

Au niveau des thèmes, si on reste sur les terrains chéris du rappeur – à savoir l’égo-trip, l’ésotérisme, la drogue notamment sur Dragon (ft. Sofiane) qui semble clairement parler de MDMA, un humour et une ironie toujours aussi présente et grinçante, des paroles virant parfois vers l’absurde – le fond de l’album est sombre, très sombre, parfois proche de la sinistrose.

Et ça commence dès Primitifs et sa prod brutale, VALD parle du monde, mais pas du monde en général, de celui qu’il connait, celui dont il a envie de parler.  S’il n’est pas encore proche de ce qu’on pourrait appeler du “rap conscient“, il s’autorise quand même quelques allusions à la réalité et à une histoire qui l’a marquée, celle de Théo, qui avait choqué beaucoup de monde il y a un an. Cette histoire est citée à deux reprises, par VALD sur Gris (“Y’a plein d’trucs dans ton cul qui n’devrait pas y être comme matraque de CRS”) et par Suikon Blaz AD sur Offshore. (“La cocaïne dans l’cul, aucune chance que les forces de l’ordre ne les attrapent. À mon avis, Jean-Luc Delastreet n’avait pas idée d’la portée de ces matraques”).

Heureusement, tout au long de ces 17 titres, il dissémine des morceaux qui peuvent agir comme des respirations au milieu d’une ambiance globalement pesante. On pense notamment à Possédée, l’excellente Rocking Chair à la production impeccable et enfin l’incroyable Deviens Génial, où l’on ne sait pas bien si le bonhomme est ironique ou absolument positif quand il pousse à devenir génial. Cette chanson agit comme une sorte de comptine qu’il pourrait raconter à son fils afin de le prévenir de la saloperie que le monde peut être et de lui expliquer la meilleure manière de se protéger de tout ça.

Plus sérieux, plus ambitieux, plus adulte, Xeu est l’instantané de l’esprit de Vald sur une période donnée. Si le bonhomme maintient toujours avec plaisir punchline non-sensique et ironie décampante, il les met au service d’un rap plus recentré, plus direct et efficace. Un vrai gros album de rap comme on aimerait en écouter plus souvent. Ouais ouais ouais.

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