Videoclub : “devenir un adulte, c’est commander du poisson au restaurant”
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Auteur·ice : Lisa Margaux Omri
29/01/2021

Videoclub : “devenir un adulte, c’est commander du poisson au restaurant”

Rien de plus euphorisant que l’amour, l’adolescence ou qu’une arrivée fracassante de succès dans le monde impitoyable de la musique. Euphories, au pluriel donc, c’est le titre qu’ont choisi Adèle Castillon et Matthieu Reynaud pour la sortie de leur premier album ce vendredi 29 janvier 2021. Pour notre plus grand bonheur et après deux ans d’attente interminable,  Videoclub nous dévoile 13 morceaux, dont 7 inédits, plus flamboyants les uns que les autres. Entre mélancolie et espoir. Entre nostalgie et lendemains qui brillent, Videoclub réussit le pari audacieux de nous transporter dans un univers façonné à leur image, intime et coloré. Un album plein de doute, d’humilité, de questions mais aussi d’authenticité. On remercie le destin d’avoir fait se rencontrer ces deux personnages à la fois touchants et inspirants, que j’ai eu le plaisir d’interviewer.

La Vague Parallèle : Comment allez-vous en cette année 2021 ? Est-ce que vous êtes heureux ?

Adèle Castillon : Ah non ça va pas du tout en ce moment (rires) ! Non je rigole, ça va très bien ! On est un peu stressés mais en même temps très excités pour la sortie de l’album ! C’est un gros projet et avec toute cette période Covid on ne sait pas trop comment ça va se passer. C’est un peu le mystère, premier album… Mais on est très enthousiastes et on est très heureux !

LVP : Comment vous résumeriez ces deux dernières années ?

AC : Avec le contexte du Covid c’est un peu désastreux, ça c’est sûr, il y a un côté un peu triste. En même temps ça a été aussi deux années qui ont été très positives pour nous d’un point de vue opportunités professionnelles.

Matthieu Reynaud : Très remplies aussi. On a eu plein d’opportunités et on a pu faire des belles dates, nos premiers concerts, nos premières expériences sur scène.

AC : On a signé nos premiers contrats ! Donc c’est assez contradictoire parce qu’à la fois on a eu de superbes opportunités, des très belles rencontres, c’était génial… Et en même temps il y a ce contexte « virus » qui nous plombe un peu ! Malgré tout on a pu faire de belles dates dont les deux dates à la Maroquinerie qui étaient les meilleures de nos vies !

LVP : Parlons plus en détail de votre nouvel et premier album Euphories ! Pourquoi ce titre ? Est-ce qu’il est à l’image des deux dernières années que vous avez passées ?

MR : Non bien sûr ! Tu as vu dans le mille ! Non c’est vrai qu’on a vécu plein d’euphories avec cette arrivée dans le monde de la musique qui est assez dingue comme expérience ! Moi j’ai arrêté le lycée pour ça, donc oui c’était l’euphorie d’un nouveau monde qui s’ouvre à nous !

AC : Il y a eu plusieurs euphories c’est pour ça qu’on a mis le titre de l’album au pluriel d’ailleurs. C’est parce qu’on a vécu beaucoup de moments très riches dans notre vie d’un point de vue professionnel mais pas uniquement. Notamment notre rencontre, nos amitiés qui nous ont beaucoup nourri. On a vécu des espèces de montagnes russes entre la mélancolie de ces moments passés et la peur de ne jamais pouvoir les revivre et en même temps il y avait ces sensations tellement fortes qu’on a vécues, d’amour, d’amitié, de concerts … C’est ce qu’on a voulu raconter dans cet album !

LVP : C’est votre tout premier album, est-ce que je peux en savoir plus sur votre processus de création ? 

AC : On est très complémentaires tous les deux. On a fait notre première chanson et notre premier clip avec un ami, Esteban, mais on ne s’est jamais posés en se disant qu’on allait créer ce groupe. D’ailleurs on ne s’était même pas encore vraiment trouvés artistiquement qu’on était déjà sur scène ou à signer des contrats avec des grosses maisons de disque. C’était un gros challenge pour nous et en même temps un peu angoissant mais on ne s’est jamais vraiment posés de question. Ce qu’il se passe généralement dans le processus de création c’est que Matthieu va composer quand il a envie de composer, c’est à dire 23h sur 24 parce qu’il est tout le temps en train de faire de la musique ! Généralement ça part d’émotions qu’il ressent, il ne se force pas à composer.

MR : Je compose principalement la nuit et dès que je peux je suis sur mon ordi à tester des trucs, faire de la musique. Et sinon dans le processus de création j’arrive souvent avec l’instrumentale et avec Adèle on écrit ensemble, on en discute et en général on a les mêmes goûts, les mêmes attentes… C’est ce qui a fait que ça a fonctionné dans notre musique.

AC : Oui, en écoutant une compo de Matthieu je peux deviner ce qu’il attend ou ce qu’il ressentait en faisant le morceau. Ou alors je lui propose des idées et souvent on est d’accord. Parfois il arrive aussi avec une base de texte, parfois il écrit des chansons en entier, parfois c’est moi, on est vachement complémentaires en fait.

MR : On se fait confiance et on connaît les attentes de l’autre.

LVP : Adèle, tu as dit dans une interview : « sur l’album, j’aimerais réellement qu’on ressente une évolution au fil des titres qui refléterait celle de notre duo ». Comment définiriez-vous cette évolution aujourd’hui ?

AC : Je pense que c’est une évolution par rapport à notre maturité mais surtout de l’évolution artistique. Au tout début on ne s’était pas encore vraiment trouvés alors que plein de gens attendaient beaucoup de nous !  Et je pense qu’on ressent dans l’album, surtout en termes de production et de qualité, que Matthieu s’est énormément amélioré. On a aussi changé notre manière de travailler. On avait tendance à beaucoup travailler chez Matthieu et un jour on a tous les deux eu envie de sortir et d’aller vers des gens et on a rencontré Valentin Marceau qui est incroyable. C’est un excellent musicien qui a mixé la plupart de nos titres et qui nous a aidé aussi à les réaliser. Il a rajouté un peu la dentelle aux morceaux… Et donc ça se ressent. Quand tu passes d’un morceau comme Amour Plastique à Petit Monde ou Trois Jours, tu sens que niveau production il y a un step up. Parallèlement, par rapport à notre façon de penser ou à notre manière de ressentir les choses, c’est plus dur de se rendre compte mais à ce qu’on m’a dit je pense qu’on a changé. Forcément quand on a 16 ans on fait pas les mêmes choses qu’à 19.

MR : Oui mais ça reste quand même très cohérent avec ce qu’on a fait avant !

 

LVP : Les sensations adolescentes et le fait de grandir sont des thèmes que l’on retrouve sur plusieurs morceaux tels que  Polaroid, Mai ou encore enfance 80. Est-ce que devenir des adultes vous effraie ?

MR : Moi je n’ai vraiment pas envie, en tous cas pour le moment, de me mettre dans une case ou de me considérer comme un adulte et l’album parle aussi de ça. C’est la nostalgie face au fait qu’on grandi tous les deux et qu’on devra un jour ou l’autre devenir adulte et l’album parle de cette envie de rester ado et de rester dans ses souvenirs de jeunesse toute sa vie.

AC : Je crois que j’accepte plus mon âge maintenant mais c’est vrai que quand on a fait cet album on avait un groupe d’amis avec qui on vivait des sensations qui nous faisaient du bien et en même temps on savait que ce n’était pas vraiment en adéquation avec le fait qu’il faille grandir. Ces euphories c’est aussi ça. Après avoir fait cet album j’ai une vraie volonté de grandir et de mûrir même artistiquement. Il faut accepter de grandir tout en sachant rester enfant dans sa tête. Mon père en est l’exemple vivant, il a 66 ans et c’est toujours un enfant dans sa tête.

LVP : Comment vous définiriez le fait de devenir un adulte ? 

MR : C’est quelqu’un qui mange du poisson au restaurant ! (rires)

AC : Ce qui me faisait peur avec le fait d’être adulte c’était de ne plus être insouciante. Quand on vit ces moments d’insouciance on est hyper heureux et on se dit qu’on va peut-être plus jamais les vivre. Au final je me rends compte que si je garde cet état d’esprit-là, j’arriverai toujours à vivre des moments d’insouciance.

MR : Finalement vivre dans le passé c’est pas mieux, c’est douloureux. C’est aussi ce dont l’album parle.

LVP : Vous parlez beaucoup du côté sombre de l’amour alors que vous êtes au début d’une belle romance. Je pense à Suricate, Trois jours ou encore votre reprise de What are you so Afraid of. C’est un sujet qui vous tient à coeur ?

AC : Je pense qu’avec Matthieu on est passés dans une phase avec Amour Plastique ou avec Roi où on a fait des chansons qui enjolivaient vraiment l’amour et qui parlaient vraiment de ce qu’on ressentait au tout début.

MR : Le début d’une relation c’est source d’euphorie encore une fois !

AC : Après comme n’importe quel couple on est passés par des phases un peu plus sombres. Bien qu’on ait l’image d’un couple super heureux, créatif et tout… Il y a quand même aussi des moments de down et donc on s’est inspiré aussi de ces moments-là.

MR : Les moments où ça ne va pas généralement c’est les moments où on est le plus créatifs !

AC : Oui du coup on provoque des disputes comme ça après on fait des belles chansons !  Matthieu je te quitte ! (rires)

LVP : Il y a un an, vous aviez évoqué qu’il pourrait y avoir sur l’album « un morceau composé seulement de chœurs ou une simple instru un peu atmosphérique ». On va donc parler de 808. Je suis très curieuse de savoir ce qu’il se cache derrière ce morceau et derrière son titre !   

MR : C’est un vieux morceau qui existait bien avant Videoclub ! Je l’ai composé en 2017 quand j’étais en seconde. C’était la période avant que je rencontre Adèle et son groupe d’amis et moi je n’avais pas trop d’amis… Enfin si je venais de me disputer avec mon meilleur ami. Et pour moi ce morceau s’écoute de deux manières différentes. Il a un côté hyper triste, hyper mélancolique et en même temps il est plein d’espoir. C’était important pour moi qu’il y ait un morceau dans l’album qui soit sans parole.

AC : J’ai un peu forcé pour qu’il y soit parce que j’ai beaucoup d’amour pour ce morceau. Et toi Matthieu tu hésitais un peu, ce que je comprends aussi, parce que c’était un morceau très personnel. Et puis finalement il a accepté. J’avais vraiment envie que ce morceau il bénéficie de l’écoute de nos auditeurs. Après en studio on l’a mixé et je voyais bien des choeurs très légers par-dessus. Je ne voulais pas en faire trop. Donc on a juste rajouté des petits choeurs à la fin…

MR : Et 808 c’est parce que la batterie a été faite avec une boîte à rythmes qui s’appelle la 808. Pour la petite histoire, j’ai gardé le nom du fichier original.

 

LVP : SMS, c’est la vraie histoire d’Adèle et Matthieu ?

En choeur : OUI !

MR : C’est même des vrais SMS qu’on entend dans la chanson. Il y a vraiment très peu de retouches dans le texte. On a peut-être bougé des trucs pour faire rimer des choses mais je ne suis même pas sûr ! C’est très authentique.

AC : Le premier message que j’ai envoyé à Matthieu c’est bel et bien « intégration de Matthieu à la soirée de Maya ».

MR : C’était un groupe Facebook pour la soirée du nouvel an où j’ai vomi à partir de 22h.

AC : J’ai rencontré Matthieu et il n’avait pas de soirée pour le nouvel an donc j’ai décidé de l’incruster !

LVP : Votre public, dont je fais désormais partie, a hâte de vous retrouver au Trianon le 24 mars ! Comment ressentez-vous ce retour sur scène après l’année qu’on a passée ? Est-ce qu’on aura le droit à des surprises ?

MR : Déjà par rapport à la première tournée qu’on avait commencée, on était que tous les deux sur scène avec Adèle. Pour cette prochaine tournée on a intégré un nouveau musicien qui s’appelle Rémi, qui vient vraiment ajouter une dimension live aux chansons et donc une autre manière de les écouter. Ça laisse plus de place à la créativité sur scène, par exemple des rallongements de morceaux, des moments où on peut faire des solos ou laisser place à l’improvisation. On a vraiment hâte.

AC : C’est un peu flou mais on a vraiment trop envie de remonter sur scène !

LVP : Enfin, si vous aviez une recommandation musicale à faire ce serait… ? 

AC : En ce moment j’écoute Dinos. C’est un rappeur très fort que j’aime beaucoup.

MR : Moi c’est Cage the Elephant. C’est connu mais moi je ne connaissais pas. Si tu ne connais pas tu vas kiffer.

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