Villette Sonique : retour sur le concert d’ouverture d’une édition pas comme les autres
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Auteur·ice : Marion Fouré
15/06/2021

Villette Sonique : retour sur le concert d’ouverture d’une édition pas comme les autres

| Photo : Mab

C’était fin mai et pourtant nous avons encore des étoiles dans les yeux. Montée en un temps record, l’édition 2021 de Villette Sonique – l’un des rendez-vous incontournables de la scène indé depuis 15 ans – est arrivée à point nommé après une longue traversée du désert pour l’ensemble du monde culturel. L’événement a non seulement inauguré la saison des festivals avec brio mais surtout rappelé, plus que jamais, l’importance de la musique live pour le commun des mortels. On vous raconte ! 

Il y a encore quelques semaines, la reprise des concerts semblait encore lointaine, opaque. On se mettait à en rêver, même à fantasmer cette réalité pourtant si banale dans le monde d’avant. Vivante et interactive, la musique est quelque chose de sacré. Sans cet échange intime entre artistes et public, elle finit par perdre une partie de sa nature originelle : être jouée et écoutée en un même lieu. Heureusement, au lendemain des annonces sur le déconfinement progressif, des initiatives artistiques ont commencé à fleurir, çà et là, laissant entrevoir les prémices d’un retour aux concerts en présentiel. C’est alors que début mai, Villette Sonique a annoncé une édition surprise avec une programmation digne de ce nom ; de quoi ravir nos petits cœurs et surtout nos oreilles de mélomanes avertis. Même si le festival était gratuit cette année, les places étaient chères car peu nombreuses pour respecter les jauges imposées par le contexte sanitaire. Pour obtenir une place, il ne fallait pas manquer de ténacité. Il nous aura fallu plusieurs heures d’acharnement sur une capricieuse plateforme en ligne pour décrocher le précieux sésame et pouvoir compter parmi les quelques milliers de chanceux.ses qui allaient pouvoir assister à ce premier festival du monde d’après.


Bucolique et intimiste 

© Photo : Sébastien Jédor

Après des semaines sous la grisaille, le dernier week-end de mai marqua un interlude ensoleillé redonnant à la Villette un dynamisme et une effervescence que nous n’avions pas connu depuis longtemps. Installée sur une pelouse du parc, non loin de la Géode, le Jardin des îles, l’une des deux scènes éphémères du festival, trônait victorieuse et calme dans l’attente du public. Ici, pas de chaises ni de transats. Des dizaines de cercles blancs tracés sur la pelouse ombragée occupaient l’espace pour accueillir chacun jusqu’à 6 spectateur.rice.s. Dans cette atmosphère si particulière, où le pique-nique était de mise, l’allégresse se lisait sur les visages impatients des quidams. Pour la première fois depuis des mois, des artistes allaient jouer pour nous, en live, autrement que par écrans interposés. Un vrai luxe dont il fallait se délecter sans modération !

 

En orbite avec Grand Veymont

Côté Jardin des îles, le duo krautrock originaire de la Drôme a ouvert le bal à 14h avec sa musique hypnotique et contemplative chargée de sons analogiques. Pendant près de quarante minutes, la durée de leur dernier album Persistance et Changement (Objet Disque), composé d’ailleurs d’un seul morceau, Béatrice Morel Journel et Josselin Varengo ont littéralement envoûté l’auditoire en manipulant successivement orgues vintages, batterie, boîte à rythme et flûte tout en faisant résonner leurs voix. Un moment hors du temps.

© Photo : Mab

Le halo pop mystique de Lisa Li-Lund

Après la vague immersive de Grand Veymont, l’artiste franco-suédoise accompagnée de ses musicien.ne.s nous a séduit avec son peps naturel en nous livrant une version live de son dernier album Glass of Blood (Pan European), un disque spécial ayant marqué son grand retour à la musique après plusieurs années d’absence. Sur des sonorités pop-folk indés avec un soupçon d’électro, Lisa Li-Lund nous a parlé de fantômes, d’os, de sang, de chevaux mais aussi d’introspection sans jamais tomber dans le lugubre ; ses démons la hantent mais ils ont façonné la femme qu’elle est aujourd’hui. Une belle déclaration intime !

© Photo : Mab

Le jeu en valait la chandelle ! Cette édition de Villette Sonique restera gravée longtemps dans nos esprits car elle a ouvert la voie à un nouveau monde où gestes barrières et musique live peuvent cohabiter. Maintenant que la machine des festivals et des lives est lancée, profitons-en sans limite tant que nous le pouvons. Vive la musique et surtout vive la liberté ! 

 

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